Concevoir un changement de paradigme en lien avec l’évaluation formative
L’évaluation formative, dans la perspective d’une évaluation soutien d’apprentissage, vise à soutenir chaque élève dans ses apprentissages. Elle vise à amener un maximum d’élèves à la réussite plutôt que de sélectionner les meilleurs ou de trier et d’orienter les élèves vers des parcours différenciés.
Le passage d’une évaluation des apprentissages à une évaluation qui vise le soutien des apprentissages représente un changement de paradigme pour les enseignants.
L’évaluation formative fait face à un système éducatif qui présente des caractéristiques susceptibles d’entrer en tension avec cette conception alternative de l’évaluation. Ces caractéristiques sont à la fois de l’ordre :
Des croyances et des conceptions des enseignants sur l’apprentissage et l’évaluation
De la disponibilité des ressources et de leur utilisation, par les enseignants, le temps étant un facteur limité et crucial.
Les évaluations ne sont pas seulement des méthodes ou des pratiques, mais elles s’insèrent dans un ensemble cohérent de représentations sur les fonctions et les valeurs de justice de l’école.
Le modèle de l’égalité des acquis ou des résultats correspond au cette vision de l’évaluation formative en tant que soutien aux apprentissages. Il est en tension avec les modèles de l’égalité des chances et des traitements.
Autin, Batruch et Butera (2015) ont réalisé une enquête par questionnaire auprès d’étudiants du supérieur. Ils ont mis en évidence que plus les participants percevaient le système éducatif comme ayant un rôle de sélection, plus ils percevaient l’évaluation normative comme une méthode utile et à utiliser.
Amener les enseignants à évoluer vers une évaluation au service de l’apprentissage n’est donc pas un simple changement de pratique ou de méthode. C’est aussi un changement de la conception faite de la justice, de l’égalité, de l’équité et de la capacité des élèves à apprendre.
Néanmoins, ce changement n’est pas un préalable au changement de pratique ou à une modification des conceptions, mais l’accompagne selon une possible progression en parallèle.
Ignorer cette intrication entre pratiques, fonctions de l’évaluation d’une part, modèles de l’égalité, conceptions de la justice et de l’apprentissage d’autre part serait une grave erreur. Dès lors, le renforcement de l’évaluation au service de l’apprentissage doit se concevoir comme un double changement, à la fois sur le champ des pratiques et sur celui de la culture d’un établissement.