La profession d'enseignant
Métier ou profession ?
La différence entre métier et profession est floue.
Classiquement, le métier sous-entend une dominante manuelle et la profession sous-entend une dominante intellectuelle. Par exemple, être avocat ou médecin sont des professions, tandis qu’être boulanger ou plombier serait plutôt un métier.
Actuellement, le terme profession a néanmoins pris un sens beaucoup plus large et il y a un recouvrement avec celui de métier. En un sens, la profession d’une personne représente le métier qu’elle exerce à un moment donné. Dès lors, on peut avoir plusieurs métiers, mais une seule profession à un moment donné.
Au niveau de l’éducation, il semble y avoir une volonté à mettre plus en avant la dimension professionnelle. Une profession se réfère à une base de connaissances scientifiques partagée, nécessite une formation longue et possède un ordre professionnel.
Les deux termes sont en lien avec la pratique qui s’apprend par un apprentissage. Cependant, le rapport à la pratique est différent :
Le métier suppose une capacité de maîtrise de l’objet transformé.
La profession sous-entend plutôt le fait de maîtriser une panoplie de pratiques et de les utiliser.
Dès lors, plutôt qu’un métier, l’enseignement est une profession qui traite avec l’humain, une dimension où l’on n’est jamais maître du résultat, puisque ce sont les élèves eux-mêmes qui apprennent et se développent.
Spécificités de la profession
Dans la profession de médecin, le praticien pose un diagnostic face aux symptômes présentés par un patient :
Entre différentes alternatives, il va opter pour ce qu’il considérera comme le meilleur traitement, à un moment donné entre diverses possibilités. Il se fonde sur diverses observations de symptômes variés, et sur une base de connaissances scientifiques.
Si l’approche A ne fonctionne pas, en tant que professionnel, il connaîtra toujours des options B, C et même souvent D. Le traitement en lui-même respectera un protocole strict que le médecin prescrit.
La différence pour l’enseignant est que celui-ci ne propose pas un traitement, mais une pratique éducative :
Il va l’appliquer avec plus ou moins de fidélité, en raison de la complexité, toujours en partie insaisissable de son contexte.
De plus, l’enseignant ne s’adresse pas à un patient, mais à une classe complète d’élèves et sa capacité à individualiser et à personnaliser les pratiques et les contenus est limitée.
La difficulté dans la profession d’enseignant se trouve également dans le fait qu’il n’y a pas de base de connaissances scientifiques en éducation qui fasse consensus et soit partagée par tous.
Par exemple, la réflexion sur la pratique d’enseignement en lien avec les divers processus cognitifs de l’apprentissage ne semble que rarement être la motivation initiale pour être enseignant. Un enseignant choisit cette carrière plutôt pour les dimensions sociales et de transmission de connaissances de la fonction, de même que pour l’épanouissement et l’émancipation des enfants. Celles-ci ont lieu par le biais d’échanges concrets, d’humains à humains, en situation de classe.
Les défis de l’enseignant au XXIe siècle
Au XXIe siècle, la réponse éducative à la variation des profils d'élèves connait de nombreuses évolutions :
Diversification des origines culturelles et socio-économiques
Prise en compte des dimensions de l'apprentissage socio-émotionnel
Mise en avant de la nécessité d'une éducation inclusive
Plus grande reconnaissance des élèves à besoins spécifiques
Appétence pour une intégration de technologies numériques de plus en plus performantes
Nouveaux besoins en matière de compétences sur le marché du travail et dans la société du 21e siècle.
Ces tendances de fond dans l'éducation imposent l’évolution et l’adaptation vers un système de plus en plus régi par la reddition de comptes et le pilotage par les résultats. De même, le dispositif de formation initiale et continuée des enseignants est appelée à s’orienter vers une plus grande part d’entrainement pratique et de contenu pédagogique.
La professionalisation de l'enseignement parait de plus en plus être un enjeu.