Le rôle de la mémoire à long terme dans le modèle modal
La mémoire à long terme est un concept introduit initialement dans le modèle modal de la mémoire proposé en 1968 par Richard Atkinson et Richard Shiffrin.
Quel élève n’a jamais envié la capacité de rétention parfaite et immédiate d’un ordinateur ou d’un smartphone ? Il peut passer des heures et fournit des efforts conséquents pour apprendre des contenus et le résultat est rarement aussi parfait qu’espéré, souvent incertain et sensible à l’oubli.
Il est assez évident que notre cerveau est radicalement différent dans son principe de fonctionnement de celui d’un ordinateur en ce qui concerne la conservation de traces d’apprentissage.
La plupart des approches modernes de l’architecture cognitive humaine sont héritières du modèle modal de l’apprentissage et continuent à faire référence à ses trois étages :
La mémoire sensorielle
La mémoire de travail
La mémoire à long terme.
Ces trois étages travaillent de concert pour traiter l’information. Ils transforment une partie de l’expérience sensorielle en un code qui est traité en mémoire de travail et peut être stocké en mémoire à long terme. Une fois stockées en mémoire à long terme, les connaissances peuvent être récupérées et mobilisées par la mémoire de travail tout en échappant à ses limites.
Nos connaissances vont nous aider à guider notre attention et à interpréter les informations récoltées par notre mémoire sensoriel dans l’environnement.
Dès lors, tout ce que nous voyons, entendons, connaissons et pensons sera influencé par les contenus activés de notre mémoire à long terme. La mémoire à long terme est dès lors incontournable à double titre dès que nous prêtons attention à l’apprentissage. Elle guide notre cognition et constitue notre base de connaissances.
Comme Richard Clark, Paul Kirschner et John Sweller (2012) l’ont écrit : « Si rien n’a été ajouté à la mémoire à long terme, rien n’a été appris ». Dès lors, dans cette logique, nous pouvons postuler que lorsqu’un enseignement ne se traduit pas par un changement dans la mémoire à long terme des élèves, il n’y a pas eu d’apprentissage. De même, s’il n’y a pas eu d’apprentissage, il n’y a pas eu réellement d’enseignement.
À la différence d’un ordinateur qui peut stocker les informations en vrac, le traitement humain des connaissances se base énormément sur le sens à travers le lien avec des connaissances préalables. Il se conçoit avant tout sur une organisation évolutive des connaissances et des liens entre elles, tandis que l’ordinateur enregistre plutôt les informations telles quelles et de manière figée.
Notre mémoire à long terme, quand elle est utilisée à bon escient, n’a rien d’un dépôt passif de fragments discrets et isolés d’informations qui nous permettrait d’ânonner à l’identique ce que nous avons appris. Les informations doivent être traitées, organisées, reliées dans des réseaux sémantiques complexes (schémas). Elles doivent être ensuite réutilisées, récupérées et enrichies au fil du temps pour devenir durables et échapper à l’oubli.
Ces caractéristiques de la mémoire à long terme lui permettent d’avoir une influence déterminante sur des processus cognitifs complexes comme l’esprit critique ou la résolution de problèmes. À tous points de vue, la mémoire à long terme joue le rôle d’une structure centrale et dominante pour la cognition humaine.