L’importance d’une pratique guidée optimisée en enseignement explicite
Une pratique guidée améliorée peut rendre les élèves plus outillés pour réussir les tâches demandées. Grâce à elle, les élèves ont l’occasion de faire leurs premières expériences dans l’apprentissage d’un contenu nouveau en pouvant compter sur la supervision directe et étroite de l’enseignant à chaque étape.
L’idée clé dans le cadre de la pratique guidée est que tous les élèves font la même tâche au même moment :
L’enseignant guide ainsi une étape (ou un exercice) puis s’arrête.
Il s’assure qu’elle est bien exécutée et comprise par une vérification de la compréhension auprès de plusieurs élèves, avant de passer à la suivante.
Il amène progressivement ses élèves à en faire plus par eux-mêmes, en diminuant l’étayage.
Il faut imaginer une classe comme un ensemble d’élèves occupés à construire en mémoire à long terme des schémas cognitifs. Chacun d’eux suit un fil de pensée qui peut différer de ses voisins.
Chacun d’entre eux va traiter l’information de manière différente, en fonction :
De ce qu’il connait déjà
Du degré d’attention qu’il donne aux nouvelles connaissances
Des capacités de sa mémoire de travail
De sa faculté à réguler et à organiser l’information efficacement.
Cet état de fait impose que la pratique guidée soit hautement interactive. Utilisant de façon soutenue la vérification de la compréhension, l’enseignant évalue l’apprentissage de ses élèves et anticipe l’adaptation de ses pratiques d’enseignements et des contenus en fonction de la rétroaction qu’il obtient.
L’apprentissage étant invisible, ce n’est qu’en posant des questions de manière aléatoire à ses élèves ou systématiquement à tous que l’enseignant en mesure la progression.
Une compétence clé de l’enseignant est de savoir quand arrêter la pratique guidée. Il faut déterminer à quel rythme alléger l’étayage. Il s’agit de ne pas aller trop vite pour éviter que les élèves ne décrochent et pas trop tard pour éviter qu’ils ne développent une dépendance aux explications qui pourrait freiner l’établissement de l’autonomie. Ce rythme est basé sur l’évolution de la performance des élèves.
La pratique guidée est la clé pour générer un haut niveau de succès, qui à son tour alimente la motivation et l’engagement durant la pratique autonome qui suivra.
Au plus les élèves ont un faible sentiment d’efficacité et au moins ils possèdent de connaissances préalables, au plus la pratique guidée devient importante. Lorsque les élèves se sentent plus efficaces et possèdent plus de connaissances, elle peut être écourtée ou recouvrir un plus grand nombre d’éléments de matière. Les élèves peuvent ainsi apprendre plus rapidement.
Dans ses écrits, Barak Rosenshine s’est référé à des études qui montrent que les enseignants les plus efficaces posent des questions et fournissent des tâches jusqu’à atteindre un haut niveau de succès autour de 80 %. Il suggère que 70 % sont trop peu pour arrêter la pratique guidée.
Le raisonnement est qu’il faut éviter que les élèves s’entrainent en pratique autonome sur des erreurs. Le principe de passer à la pratique autonome quand on atteint 80 % est aussi que les élèves doivent conserver un challenge, une marge d’apprentissage pour rester engagés.
Le 80 % de réussite ne peut pas non plus être atteint pour tous les élèves. L’idée est que tous aient compris les grandes lignes et aient des modèles de référence qui vont leur permettre de combler les derniers manques et s’avancer vers une pratique autonome.
Sentir le moment opportun pour passer à la pratique autonome dépend de l’expertise de l’enseignant. Celui-ci connait sa matière, sait comment la découper pour la rassembler, sait comment les élèves abordent l’apprentissage en cours et connait sa classe.