Quatre prémisses de la psychologie évolutionniste de l’éducation
Les hypothèses des travaux de David C. Geary (2008) dans le domaine de la psychologie évolutionniste de l’éducation sont intéressantes.
Elles apportent souvent un éclairage précieux sur la nature de l’apprentissage scolaire, sur l’enseignement et sur l’origine de la motivation des élèves.
La psychologie évolutionniste de l’éducation s’intéresse à l’étude de la relation entre divers biais et nos connaissances secondaires (adaptatives ou scolaires) et primaires (implicites ou intuitives) :
Voici une synthèse des quatre prémisses de la psychologie évolutionniste de l’éducation avancés par David C. Geary (2008) :
(a) Saillance des stimuli
a) L’évolution a rendu particulièrement saillantes pour l’attention certaines ressources :
Présentes dans notre environnement naturel
Critiques en matière de sélection naturelle.
b) Ces ressources se répartissent en trois grandes catégories de connaissances :
Sociales :
liées aux échanges, relations et rapports avec d’autres êtres humains
Biologiques :
liées aux autres êtres vivants (animaux et végétaux) qui représentent des ressources ou des dangers dans notre environnement direct
Physique :
liées aux caractéristiques physiques de notre environnement matériel comme le mouvement, le feu, les objets, outils, etc.
c. Ces trois catégories correspondent aux domaines de la psychologie, de la biologie et de la physique populaires (naïves) :
d) Les caractéristiques de l’esprit et du cerveau humain ont évolué pour attirer spontanément notre attention et faciliter le traitement des informations qui appartiennent à ces domaines populaires. L’acquisition rapide de ces connaissances était favorable à la survie durant la préhistoire et à l’évolution de notre espèce. Il était du point de vue de la sélection naturelle hautement utile d’y être très attentifs.
(b) Ressources mentales
a) Les systèmes attentionnels, perceptuels et cognitifs, y compris les biais attributifs, ont évolué pour traiter l’information dans ces domaines populaires et pour guider les stratégies qui facilitent les accès à ces ressources.
b) Ces systèmes sont en grande partie modulaires en ce sens qu’ils traitent avec aisance des catégories restreintes d’information. Par exemple pour un enfant, il est rapidement aisé de catégoriser des animaux ou des végétaux familiers.
c) Ces capacités primaires sont modifiables, mais seulement dans les limites des contraintes inhérentes à notre environnement. L’être humain ayant une large valence écologique, ses capacités primaires présentent une certaine flexibilité. Un individu sous un climat tropical ne va pas rencontrer le même environnement qu’un individu dans un climat tempéré. Pourtant tous deux vont très vite s’adapter aux caractéristiques biologiques et physiques particulières de leur environnement. Les capacités primaires à connaitre notre environnement s’y adaptent.
(c) Motivation
a) Les enfants sont intrinsèquement motivés à apprendre dans les domaines populaires (naïfs), avec les préjugés attentionnels et comportementaux qui en découlent.
b) Cette motivation aboutit à des expériences qui enrichissent automatiquement et implicitement ces systèmes et les adaptent aux conditions locales.
c) Les enfants sont biologiquement biaisés pour s’engager dans des activités qui recréent les écologies de l’évolution humaine. Celles-ci se manifestent par le jeu social et l’exploration de l’environnement, des objets et des outils. Les enfants aiment les animaux ou jouer avec des matériaux puisés dans leur environnement. De même, ils recherchent naturellement des contextes sociaux (comme le fait de bavarder ensemble).
d) Les expériences qui accompagnent ces activités privilégiées interagissent avec les systèmes populaires. Ils les étoffent et les enrichissent pour qu’ils soient adaptés au groupe social considéré et à l’écologie de l’environnement local.
(d) Raisonnement
a) Les mécanismes cognitifs et attentionnels de soutien à ces apprentissages sont connus sous le nom d’intelligence fluide générale et de raisonnement de base. Il existe des aspects évolués de l’esprit et du cerveau dont la fonction est de permettre aux individus à faire face aux variations des conditions sociales et écologiques.
b) Pour faire face aux variations potentielles de ces conditions sociales et écologiques, ces mécanismes fonctionnent en donnant la capacité aux individus de générer des représentations mentales des conditions futures potentielles. Elles permettent de répéter ensuite les comportements pour faire face aux variations potentielles de ces conditions.