Rôle des enseignants dans les interventions face aux perturbations
Dans un contexte scolaire, nous avons tendance à attendre de tous les élèves qu’ils aient au moins un certain respect pour l’autorité des adultes. Nous souhaitons qu’ils puissent se conformer à des directives simples lorsqu’on leur demande de le faire.
La démarche est légitime, car c’est une condition nécessaire pour pouvoir remplir nos missions d’enseignement.
Toutefois, cette situation n’est pas obtenue d’emblée. C’est pour cette raison qu’ont été développées un ensemble de démarches proactives et préventives pour installer et maintenir un cadre d’engagement dans les apprentissages, et de coopération.
Toutefois, des élèves, pour différentes raisons, vont malgré tout ne pas complètement rentrer dans le cadre et être à l’origine de perturbations mineures ou majeures.
Comme pour les dimensions préventives et proactives, la gestion des interventions face aux perturbations du comportement d’élèves nécessite l’acquisition de modèles et de pratiques de la part des enseignants.
Le développement des compétences associées en gestion de classe est à ce titre utile, car toutes les réactions spontanées de l’enseignant inexpérimenté ne sont pas opportunes :
Le risque lié à une réaction virulente directe :
L’indiscipline exprimée avec désinvolture par un élève, avec un sentiment d’impunité, peut naturellement susciter un sentiment de colère, l’envie de réagir de manière forte pour un enseignant. Il se sent mis en difficulté face au reste de la classe.
Le problème sera que de manière générale, ce type d’élève ne va pas réagir favorablement à des instructions plus fortes, à des postures menaçantes ou à une approche plus musclée. Au contraire, il peut rechercher la confrontation.
Le risque d’un usage direct de sanctions :
Il peut y avoir une tendance naturelle pour un usage direct de sanctions qui feraient regretter directement à l’élève son comportement et auraient une haute valeur dissuasive.
Dans un sens, ces démarches sont préférables à la résignation et à l’impuissance apprise pour l’enseignant. Tolérer, ignorer et laisser passer n’est pas une solution à long terme, car c’est un appel à la normalisation des comportements perturbateurs.
En réalité, il y a rarement des solutions rapides et simples qui se révèlent efficaces dans chacun des contextes. Donner une sanction ou une punition n’apprend pas nécessairement à l’élève quel est le comportement attendu et n’alimente pas non plus forcément une remise en question. Elles risquent d’être en outre contreproductives et de rendre l’enseignant et le contexte de la classe encore plus aversifs pour les élèves concernés.
Le risque du chacun pour soi :
Certains enseignants peuvent faire le pari d’une autorité naturelle, d’un non verbal qui dissuade les élèves. D’autres enseignants peuvent en arriver à tolérer un certain niveau de perturbation en classe comme une forme de compromis. Dans ce type de contexte, la cohérence et la cohésion ne sont pas de mise. Certains enseignants et plus spécifiquement les novices vont rencontrer des difficultés dans ce type de contexte.
Les réponses aux perturbations sont plus efficaces lorsqu’elles sont pensées de manière globale et sont envisagées à l’échelle d’une école. Elles doivent tenir compte de l’environnement, des relations, de l’instruction, des conséquences, des valeurs communes et de la patience. S’ils étaient faciles à résoudre, nous ne serions pas confrontés à autant de ces problèmes. Un meilleur succès vient de la cohésion et de la cohérence face aux attentes comportementales exprimées par l’ensemble de l’équipe pédagogique.
Il est tout à fait improbable de pouvoir éviter complètement les mauvais comportements des élèves. Cependant, le développement d’une approche globale de la gestion des classes avec un enseignement explicite des comportements offre la plus grande probabilité de s’en approcher avec succès.
L’enseignement ne se limite pas à la transmission d’un contenu pédagogique ou à l’établissement de conséquences en cas d’infraction au niveau du comportement :
Il est plus large que l’établissement de règles de classe et leur application.
Il est plus large que la manière dont nous répondons aux élèves ayant les comportements les plus difficiles ou que le développement de relations positives avec les élèves.
Un enseignement efficace est tout cela, mais il est encore plus important parce qu’il implique l’utilisation réfléchie d’un système commun et cohérent qui intègre tout le monde. Nous avons un rôle d’éducateur à jouer.
Le verbe enseigner fait référence à ce que font les enseignants pour maximiser la probabilité de réussite des élèves. Il y a une différence entre énoncer quelque chose comme une règle aux élèves et à la leur enseigner. Le simple fait de dire à un élève ce qu’il doit faire n’offre pas une probabilité aussi élevée que l’enseignement. La réussite est plus probable lorsque l’enseignement est explicite et que l’enseignant veille à la qualité de la relation.