Trois formes de mise en œuvre : sur papier, programmatique ou effective
Toute mise en œuvre d’une intervention ou d’une pratique en école ne se solde pas par une réussite. Elle peut avorter, ne pas fournir l’impact escompté, subir des mutations létales ou ne pas se maintenir durablement.
Les causes de l’échec peuvent parfois se comprendre par la forme avérée de mise en œuvre utilisée. Globalement, nous pouvons distinguer trois formes de mise en œuvre :
1) La mise en œuvre sur papier :
Elle correspond à la mise en place de nouvelles politiques et procédures qui se justifient par l’adoption d’une innovation.
La mise en œuvre sur papier peut être particulièrement répandue lorsque le contrôle de la conformité se fait par des acteurs extérieurs.
Une grande partie de la mise en œuvre sur papier porte sur la constitution de traces écrites administratives, de rapports de réunion. Il faut prouver que des personnes se réunissent et réfléchissent aux démarches.
Elle est globalement condamnée à l’échec.
2) La mise en œuvre de processus ou sophisme du changement programmatique
Elle signifie la mise en place de nouvelles procédures, l’organisation de temps des ateliers de formation, le fait d’assurer une supervision et de modifier certaines procédures et pratiques.
Les activités liées à une innovation ont lieu, des événements sont organisés et le vocabulaire lié à l’innovation est adopté.
Des moyens concrets sont alloués. Cependant, une grande partie de ce qui se passe n’est pas nécessairement liée fonctionnellement à la nouvelle pratique :
La formation peut consister en une orientation purement théorique.
La supervision peut ne pas être liée à ce qui a été enseigné lors de la formation ou ne pas en tenir compte.
Les termes utilisés dans le nouveau vocabulaire peuvent être dépourvus de leur signification d’origine et de tout impact opérationnel.
Les apparences de pratiques et de programmes fondés sur des données probantes, ainsi qu’un discours de pure forme, ne sont pas synonymes de mise en pratique. Elles ne se traduisent pas automatiquement en des innovations et des avantages pour les bénéficiaires que sont les élèves si nous prenons en compte un contexte scolaire.
Elle est souvent liée à un manque d’expertise liée à l’intervention.
3) La mise en œuvre performante ou effective :
Elle signifie mettre en place des procédures et des processus de telle sorte que les composantes fonctionnelles identifiées du changement soient utilisées avec un bon effet pour les bénéficiaires.
Une planification précise est définie ainsi qu’un suivi de celle-ci.
Des objectifs de résultat et d’impact sont définis, suivis, évalués et ajustés.
Elle est souvent dépendante de l’accès à une expertise liée à l’intervention ciblée.
Globalement, la mise en œuvre effective est la seule à même d’aboutir à des résultats satisfaisants.