La réévaluation cognitive
La notion de réévaluation cognitive
La réévaluation cognitive est l’une des stratégies de régulation des émotions les plus efficaces (Webb et coll., 2012).
Elle est centrée sur les antécédents et consiste à changer la façon de percevoir la situation afin de modifier sa signification émotionnelle et de prévenir ainsi des émotions indésirables.
La réévaluation cognitive désigne le processus cognitif par lequel l’évaluation d’une situation permet d’en atténuer ou d’en accroître le caractère émotionnel. La réévaluation cognitive consiste à changer la signification d’événements liés à des émotions de manière à modifier l’expérience émotionnelle (Gross & John, 2003).
Il s’agit clairement d’une stratégie centrée sur les antécédents de la réponse émotionnelle. Elle apparaît et intervient avant que les tendances de réponses aient été générées. En ciblant les éléments des émotions qui interviennent tôt dans le processus de génération des émotions, la réévaluation cognitive peut se révéler particulièrement efficace (Gross & Thompson, 2007).
Nous allons réinterpréter le sens ou la pertinence personnelle d’une situation qui suscite une émotion afin de modifier sa signification émotionnelle potentielle avant que l’émotion ne soit pleinement développée (Gross et Thompson, 2007). La réévaluation cognitive est plus efficace si elle a lieu avant une réaction émotionnelle complète.
Nos pensées influencent nos émotions. Nos émotions influencent nos actions. Réévaluer en modifiant nos pensées, nous agissons sur nos émotions et nous pouvons avoir une influence sur notre comportement.
La réévaluation cognitive est peu coûteuse cognitivement parce qu’elle ne requiert pas un monitorage de soi continuel. Par conséquent, une fois que la situation est réinterprétée de façon non émotionnelle, la régulation est terminée, laissant les ressources cognitives et attentionnelles intactes (Richards & Gross, 1999).
Par exemple, nous pouvons considérer un mauvais résultat d’examen comme le reflet des progrès en cours de développement. Nous en réinterprétons le sens. L’idée est par là de transformer une situation générant de l’anxiété comme un échec en une opportunité d’apprentissage ou de progrès.
La réévaluation cognitive peut nous permettre de faire face à des défis que nous aurions tendance à éviter autrement. Si la réévaluation cognitive peut s’apprendre, il s’agit également d’une capacité dispositionnelle.
Deux tactiques courantes de réévaluation cognitive
Les tactiques de réévaluation cognitive les plus courantes sont la réinterprétation et la distanciation.
La réinterprétation consiste à interpréter un autre résultat ou une autre signification pour une situation en cherchant à prendre en compte les aspects positifs ou les leçons tirées de l’événement. Dans la revue de Webb et de ses collègues (2012), la réinterprétation des émotions a été interprétée comme une forme de réévaluation, qui, avec la distanciation, figurait parmi les stratégies les plus efficaces. Les personnes qui déclarent utiliser fréquemment la réinterprétation présentent une meilleure santé psychologique. De même, les participants en laboratoire à qui l’on a demandé d’utiliser la réinterprétation lors d’une expérience négative font état de moins d’émotions négatives et d’un niveau d’excitation autonome plus faible (John et Gross, 2004).
La distanciation, ou « prise de perspective » consiste à interpréter une perspective qui accroît la distance psychologique (par exemple, évaluer la situation comme si elle était arrivée à quelqu’un d’autre) (Powers et LaBar, 2019). Les méta-analyses de l’efficacité de diverses stratégies de régulation des émotions identifient la réévaluation cognitive, en particulier la distanciation, comme l’une des plus efficaces (Augustine et Hemenover, 2009 ; Webb et coll., 2012).
La nature cyclique du processus de réévaluation cognitive
Les résultats des efforts d’adaptation, accompagnés de nouvelles informations provenant de l’environnement, donnent lieu à un processus de réévaluation cognitive.
La situation est réévaluée pour déterminer si les efforts d’adaptation ont été fructueux ou si la nature de la situation est passée de stressante à non pertinente ou positive.
Si un effet positif peut se produire à la suite d’une adaptation réussie, une adaptation infructueuse peut déclencher de nouvelles stratégies d’adaptation. De même, un échec continu accentue les effets négatifs et les troubles physiologiques.
Le processus du stress est un cycle continu de transactions entre l’individu et l’environnement, il peut être perçu comme une perturbation de l’équilibre qui nécessite l’adoption de stratégies d’adaptation pour résoudre ce déséquilibre.