L’acquisition initiale de connaissances sous une forme inflexible
L’apprentissage par cœur est plus rare qu’il ne le semble. Une grande partie de ce qui est communément considéré comme un apprentissage par cœur ne l’est probablement pas, mais cache une autre dimension.
Dans la majorité des cas, les connaissances des élèves ne sont généralement pas totalement dénuées du sens recherché au point d’être correctement classé dans la catégorie du par cœur.
Une autre manière de percevoir le phénomène est qu’une mémorisation d’une définition, d’une règle, d’un terme, d’une procédure ou d’un principe, permet de créer un élément de connaissance inflexible.
Le concept de connaissances inflexible peut apporter plus de sens à l’apprentissage que celui d’une simple étude par cœur. Toutefois à ce stade, pour l’élève comme pour l’enseignant qui la constate, cette connaissance inflexible n’est pas une preuve de performance et maitrise complète comme elles peuvent être envisagées. Elle n’offre aucune garantie de capacité de transfert, c’est-à-dire de flexibilité.
Les sciences cognitives montrent que lorsque de nouvelles connaissances sont apprises initialement, l’esprit a tendance à se souvenir préférentiellement de leurs aspects concrets, contextuels et parfois superficiels. La mémoire associée à de nouvelles connaissances est épisodique (liée à son contexte d’apprentissage) avant d’être sémantique (liée à son sens abstrait). Les connaissances sont d’abord liées au contexte de leur apprentissage (relatives à des exemples concrets et spécifiques), avant de devenir abstraites et profondes, c’est-à-dire mobilisables, dans de multiples contextes.
Les connaissances appartiennent au départ à la mémoire épisodique, mais nous voulons qu’elles appartiennent à la mémoire sémantique. L’élève l’apprend dans un contexte particulier, mais nous voulons à terme qu’il soit capable de la mobiliser dans de multiples contextes.
Lorsqu’ils sont mémorisés, les savoirs et les savoir-faire restent des connaissances de surface qui ne s’appliquent que dans le contexte où ils ont été vus et étudiés, voire à des contextes très voisins. La difficulté liée à cette mémorisation initiale est qu’elle est difficile à appliquer à de nouvelles situations. C’est la raison pour laquelle nous parlons de connaissances inflexibles.
Si la connaissance inflexible peut déjà être significative, son sens est étroit, car lié à la structure de surface du concept. La structure profonde du concept n’est pas facilement ni très directement accessible.
La structure profonde fait référence à un principe qui transcende un ensemble d’exemples spécifiques et variés.
La structure de surface fait référence aux particularités superficielles d’un exemple unique destiné à illustrer une structure profonde.
Ce passage par des connaissances inflexibles est une voie obligée et un fondement à considérer dans l’apprentissage des élèves. Elles sont l’élément indispensable qui permet dans un second temps la maitrise des connaissances à un niveau plus profond et abstrait qui en permet la maitrise et le transfert dans une variété plus large de contextes.
Rôle des indices de récupération
La capacité à récupérer une information initialement mémorisée dépend fortement du contexte dans lequel l’apprentissage a eu lieu.
Nous relions ce que nous connaissons à des sujets, des moments, des lieux, des personnes et des sentiments en lien avec ceux-ci. Ces liens contextuels fournissent des indices qui nous aident à récupérer ce dont nous avons besoin quand nous en avons besoin.
Lorsque nous apprenons une information dans un contexte, nous encodons en même temps des indices environnementaux pour nous en souvenir.
Lorsque nous changeons le contexte, l’absence de ces indices peut nous empêcher de récupérer une information. Celle-ci aurait pu être facilement récupérable en présence de ces indices liés à son contexte d’apprentissage initial.
La mémorisation est au départ dépendante de son contexte
Le transfert d’un contexte à un autre est affecté par la variation du contexte de l’apprentissage original. Dès lors, les élèves peuvent apprendre dans tel ou tel contexte et se remémorer la connaissance, mais en être incapables dans d’autres par manque d’indices contextuels de récupération.
C’est le fonctionnement propre de la mémoire qui fait que dans un premier temps les connaissances encodées ont une nature inflexible. L’enseignant doit agir pour atténuer ce paramètre et aider ses élèves à dépasser cette première étape en les amenant à mobiliser la connaissance dans une large variété de contextes différents et authentiques.