L’importance du regard posé par l’enseignant sur l’apprentissage de l’élève
« L’apprentissage nécessite une motivation, mais la motivation ne conduit pas nécessairement à l’apprentissage » (Graham Nuthall, 2007).
« La motivation ne mène pas toujours à la réussite, mais la réussite mène souvent à la motivation » (Kirschner et Hendricx, 2020).
Miser sur les apprentissages pour motiver
Il existe une dimension psychologique, personnelle et subjective, évidente face aux apprentissages :
Si un élève pense qu’il ne peut pas apprendre la matière que nous lui enseignons parce qu’il n’en a pas les capacités, pourquoi s’en donnerait-il la peine ?
Si par contre, un élève perçoit qu’avec des efforts et en suivant les conseils stratégiques de son enseignant, il peut apprendre la matière enseignée, pourquoi ne s’en donnerait-il pas la peine ?
Cette divergence d’attitude cache une idée cruciale concernant l’intelligence. Cette dernière peut être améliorée grâce :
Aux efforts consentis
À la mobilisation des stratégies d’apprentissage adéquates.
À l’adoption de défis ou d’objectifs d’apprentissage dans une perspective d’autorégulation et de responsabilisation. La mise en œuvre de cette idée par les élèves est un levier fondamental dont l’enseignant doit se saisir :
Elle lui permet d’avoir un impact sur les apprentissages des élèves.
Elle contribue indirectement à leur motivation.
Miser sur la maîtrise plus que sur la performance
Un point essentiel pour l’enseignant est :
De mettre l’accent sur la maîtrise et sur les progrès personnels.
De minoriser l’accent sur la performance et sur toute comparaison normative ou entre élèves.
Imaginons que nous voulons que nos élèves deviennent compétents dans un domaine de connaissances spécifique donné. Dès lors, décrire le résultat souhaité en matière de note associée à un résultat d’examen pourrait en fait être un mauvais moyen d’atteindre la maîtrise dans ce domaine. Devoir atteindre une note donnée pour réussir focalise l’esprit sur la performance à atteindre et peut générer de l’anxiété.
À l’opposé, tout ce qui contribue à l’adoption d’une théorie incrémentale de l’intelligence par les élèves sera positivement corrélé à l’appropriation des objectifs d’apprentissage. Celle-ci est à soutenir par l’identification d’exemple de réussite qui peuvent servir de guide et de modèles pour la réflexion et l’apprentissage des élèves.
Dès lors, c’est à niveau contextuel et spécifique de l’apprentissage de leur matière que les enseignants peuvent avoir un impact important et positif sur leurs élèves.
Une manière de le faire est de communiquer régulièrement sur les objectifs d’apprentissage, de soutenir les élèves dans leur appropriation et de montrer des exemples de réussite :
Cela permet de réorienter l’état d’esprit des élèves vers la maîtrise de ces objectifs d’apprentissage plutôt que vers la performance à une évaluation sommative ultérieure. L’objectif de maîtrise amène plutôt à se focaliser sur les efforts et les stratégies nécessaires à l’apprentissage.
Cela permet d’éviter que les élèves se fixent des objectifs de performance sous forme de résultats chiffrés, car cette dimension pose invariablement la question de savoir si les capacités de l’élève seront suffisantes.
Pour y arriver, l’enseignant peut définir la réussite en matière d’objectifs spécifiques concrets basés sur les connaissances, sur la compréhension, sur le sens et la qualité de la réflexion.
Par conséquent, l’usage de l’évaluation formative qui est axée sur la maîtrise est complètement pertinent face à une évaluation sommative basée sur la performance.
Si les pratiques de l’enseignant peuvent influencer l’état d’esprit des élèves, les propres conceptions de l’enseignant peuvent avoir une influence sur ses élèves.
Prendre en compte l’état d’esprit de l’enseignant
Si les enseignants penchent en faveur d’une théorie fixe de l’intelligence, ils auront tendance à considérer que les performances d’apprentissage de leurs élèves peuvent être mesurées et jugées :
En se basant sur des résultats de tests ou quelques erreurs manifestes, ils pourraient juger les élèves et les classer selon des niveaux donnés de qualité sur la base de facteurs isolés et de preuves limitées.
Ils prendraient moins en compte des facteurs contextuels ou la perspective de l’élève concerné. Ils pourraient juger le fait qu’un élève commette une erreur comme intrinsèque à sa propre personne.
Il y a intérêt à ce que les enseignants penchent en faveur d’une théorie incrémentale de l’intelligence :
Ils auront tendance à considérer que les preuves d’apprentissages qu’ils récoltent auprès de leurs élèves sont malléables ou contrôlables et susceptibles de faire l’objet d’une rétroaction utile ou d’une adaptation de l’enseignement.
Les erreurs commises par leurs élèves sont considérées comme un tremplin nécessaire vers l’apprentissage et la maîtrise.
Motiver les élèves par des interventions déconnectées de l’apprentissage spécifique n’est pas forcément la meilleure façon de les motiver. Tout se joue au niveau granulaire des objectifs d’apprentissage et du soutien fourni aux élèves dans leur maîtrise. C’est l’acquisition de leur maîtrise qui est le plus sûr chemin vers la motivation.