Adopter un point de vue réaliste et non utopiste sur la métacognition
La métacognition consiste à « penser à ses propres pensées » ou à « apprendre à apprendre ». C’est observer ses propres forces et ses faiblesses. En ce sens, son exercice est un moteur essentiel au développement de l’autonomie.
Le fait que l’on s’intéresse à elle marque le fait qu’elle est faillible et imparfaite. Elle bénéficie de l’utilisation de stratégies, auxquelles nous gagnons de former explicitement nos élèves. Tout cela importe également de poser un regard juste, réaliste et non utopiste sur le concept de métacognition.
Un point de vue utopiste
Former un élève à la métacognition lui donnerait la capacité de prendre en charge l’optimisation. Il pourrait adapter et améliorer ses propres processus d’apprentissage et de résolution face à des situations nouvelles, à des difficultés et à des problèmes.
Lorsqu’il investit la métacognition, l’élève bascule de l’action vers la réflexion sur cette même action. Il y a une prise de conscience de ses propres processus cognitifs, de leur mise en œuvre et de la qualité de celle-ci.
Nous nous attendons à ce que l’élève puisse devenir capable de déterminer ce qu’il connait déjà et ce qu’il a encore à apprendre, résoudre ou comprendre. Il serait alors apte à développer des démarches heuristiques fonctionnelles et générales pour la résolution de problèmes ou l’optimisation de son apprentissage.
À travers le soutien de sa métacognition, l’enjeu serait d’améliorer chez l’élève, de manière générale, sa capacité à acquérir de nouvelles connaissances. Il pourrait apprendre à apprendre, développer son esprit critique et sa capacité de résolution de problèmes.
En réalité, on ne sait pas comment obtenir de tels résultats.
Un point de vue plus réaliste
La métacognition est un terme souvent galvaudé sous le paravent duquel se retrouvent des interventions qui peuvent avoir peu d’éléments en commun entre elles et parfois ne démontrer que peu de preuves de leur efficacité.
À l’opposé de cette vision, nous gagnons à cerner et à délimiter une meilleure compréhension de la métacognition et de son potentiel réel, fondée sur des données probantes.
Aborder le concept de métacognition comporte deux problèmes :
À la base, le concept est redondant et non réellement pertinent, car nous avons également le terme cognition qui recouvre la même réalité. La cognition peut être définie comme l’action mentale ou le processus d’acquisition de connaissances et de compréhension par la pensée, l’expérience et les sens.
La nature récursive de la définition, penser sur sa propre pensée nous amène à une boucle infinie qui peut se révéler être une impasse. Le fait de s’observer ne dit rien de la qualité de l’observation. Dans une perspective en cycle fermé, il est difficile de voir en quoi la métacognition peut naturellement apporter des améliorations nettes.
La métacognition pose l’hypothèse qu’un élève pourrait clairement identifier les difficultés qu’il rencontre, les incompréhensions qu’il rencontre, ses manquements et ses faiblesses. Or, ce sont spécifiquement sur ces éléments qu’il va manquer de perspicacité. Il est complexe de savoir ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas. Paradoxalement, pour y arriver réellement, nous devons tester notre cognition.
Il peut devenir aisé de pratiquer la métacognition dans des domaines que nous maîtrisons largement, pour lesquels nous avons développé une expertise certaine. Cela devient nettement plus délicat de la pratiquer lorsque ces domaines présentent des difficultés pour nous. Paradoxalement, les élèves sont chaque fois novices pour ce que nous leur enseignons. Dès lors, toute démarche liée à la métacognition doit être spécifique et intimement liée aux processus qui établissent, développent et évaluent les apprentissages à travers la cognition.