Adopter une attitude assertive en gestion de classe
Faiblesses liées à une posture hésitante ou contrôlante de l’enseignant
En tant qu’enseignant, face à nos élèves, nous ne pouvons être indécis ou passifs. Nous ne pouvons espérer que nos élèves respectent les règles sans n’avoir jamais à insister et les mettre en avant comme importantes pour nous.
Nous ne pouvons paraître timorés et hésitants lorsque nous devions agir avec sûreté et assurance. Nous n’avons pas à supplier pour que nos élèves se taisent. Nous ne pouvons nous plaindre et maugréer quand il faut assumer le cadre et assurer la maîtrise de la classe : « Est-ce que ce je peux obtenir le silence pour reprendre les explications ? ».
L’attitude opposée n’est pas non plus souhaitable, c’est l’enseignant autoritariste, hostile, autocratique ou coercitif. Celui-ci utilise un rapport de force pour exiger la conformité sans aucune marge de manœuvre. Il fait usage de chantage : « Taisez-vous ou je vous donne une punition corsée à tous ! ».
L’enjeu n’est pas de trouver simplement le juste milieu. Il est plutôt de privilégier également une autre forme de communication. L’enseignant responsable de sa classe va faire preuve d’assertivité.
La discipline assertive est un système mis au point par Lee et Marlene Canter dans les années 1970. La discipline assertive est très structurée et systématique. Son principal objectif est d’aider les enseignants à gérer une classe en en prenant la responsabilité.
Principe et axiome de la discipline assertive
La discipline assertive adopte un modèle de gestion positive du comportement qui met l’accent sur la coopération, plutôt que sur des méthodes de contrôle pour obtenir un comportement positif en classe.
La discipline assertive part du principe que l’enseignant est responsable et a par conséquent le droit de décider ce qui est le mieux pour ses élèves. Les enseignants doivent déterminer ce qui est le mieux pour tous les élèves et s’attendre ensuite à ce qu’ils s’y conforment. L’axiome principal qui découle de ce principe est qu’aucun élève ne doit empêcher un enseignant d’enseigner ou empêcher un autre élève d’apprendre.
Afin de respecter ce principe et cet axiome, les enseignants doivent se comporter avec assurance, et non de manière agressive ou passive. Ils doivent constamment affirmer leurs souhaits et le comportement qu’ils attendent en classe.
L’enseignant donne des instructions claires et fermes :
Si elles sont suivies, il donne un renforcement positif.
Si elles ne sont pas suivies, le comportement indésirable a des conséquences négatives.
Interactions avec les élèves
Les élèves ne sont pas considérés comme des ennemis et ne sont pas traités avec une attitude hostile ou sarcastique. Ils sont plutôt considérés comme des alliés dont on attend qu’ils coopèrent pour le bien de tous. La capacité à s’affirmer est la clé de cette méthode.
L’enseignant est en position de responsabilité de la classe et ne fait jamais usage de l’intimidation, aux menaces, au sarcasme ou à l’autoritarisme pour obtenir des résultats.
L’enseignant traite ses élèves comme des alliés, dans le but de réaliser des apprentissages dans un cadre positif et coopératif pour tous. La discipline assertive tient compte des différences de personnalité et des liens positifs. Elle ne laisse aucune place aux comportements perturbateurs, aux brimades au favoritisme ou à la mise à l’écart des autres élèves. Il doit y avoir un respect mutuel et égal pour tous les élèves de la classe.
Cette méthode exige de l’enseignant qu’il adopte une attitude de coopération et qu’il prenne les choses en main pour obtenir cette coopération de la part des élèves. La cohérence, l’équité et le suivi sont essentiels.
Posture de l’enseignant assertif
L’enseignant assertif s’attend à être respecté, naturellement. Il refuse d’avoir à s’appuyer sur pouvoir extérieur ou sur un rôle qu’on lui attribue pour obtenir coûte que coûte le respect. Il incarne et revêt le rôle et la posture de l’enseignant.
Dès lors, les enseignants assertifs peuvent adopter un ton plus neutre et plus factuel, tout en restant chaleureux et amicaux. Ils disent « J’attends le silence avant de commencer » ou ils se taisent et regardent leurs élèves qui retrouvent bien vite leur état concentration et les écoutent.
La discipline est planifiée et internalisée par l’enseignant. Les comportements attendus sont enseignés explicitement, la prévention, la vigilance et le renforcement sont assurés.
Le problème le plus fréquent des enseignants qui font preuve de faiblesses en gestion de classe est qu’ils ne s’affirment pas assez. Le plus difficile, c’est ce manque d’assurance qui tend à se combler avec l’expérience, mais que l’enseignant peut travailler délibérément. C’est une clé essentielle qu’un enseignant doit développer pour devenir efficace en gestion de classe.
L’enseignant assertif agit de manière claire et ferme, avec respect pour ses élèves et lui-même, en gardant clairement à l’esprit les objectifs de la discipline.
La dimension de la sanction dans le cadre de la discipline assertive
La discipline assertive entend dépersonnaliser l’acte de sanctionner et le professionnaliser. Nous agissons en tant qu’enseignants et non en fonction d’un ressenti personnel dépendant de notre sensibilité propre et de notre vécu. L’idée d’une démarche assertive correspond à adopter un ton positif et neutre plutôt qu’émotif afin de mener à l’apaisement des élèves.
L’expression discipline assertive découle d’un contraste avec une réaction passive ou hostile. C’est l’idée de n’être ni agressif ni passif face à la perturbation, mais d’intervenir calmement et sereinement. Nous sommes certains de notre bon droit et de notre responsabilité d’enseignant. Nous conservons une attitude positive et nous indiquons les instructions de manière neutre et formelle plutôt que de laisser libre cours à des émotions difficilement contrôlées.
Le rappel à la règle et aux valeurs qui la soutiennent permet de conserver une neutralité bienveillante et formelle. Dans ce cadre, nous envisageons la sanction, non plus comme d’une punition, mais comme réparatrice, à la manière d’une réintégration de l’élève dans le contexte scolaire exemplaire que nous promouvons.
Une approche assertive de la discipline se traduit en un système de conséquences échelonnées en fonction des comportements inadéquats. Elle correspond à une gradation des conséquences. Nous commençons par un avertissement, puis augmentons la réponse en cas de récidive selon un continuum préétabli.
Dans la même logique, il convient de sermonner aussi confidentiellement que possible. Nous postposons à la fin du cours, quand les autres élèves sont partis, une discussion avec l’élève source de perturbation, jamais en public. Les élèves sont moins susceptibles de reconnaitre leurs torts face à leurs camarades que seuls devant l’enseignant. Ils ne veulent pas perdre la face devant le groupe et nous devons en tenir compte pour ne pas les blesser inutilement.
L’évitement de la confrontation
Une étape importante dans le cadre du continuum de la discipline assertive est d’éviter la confrontation directe tout en donnant un choix à l’élève. Le choix suit le rappel de la règle et est suivi de l’établissement de la sanction en cas de besoin. L’élève peut :
Soit rester silencieux pendant le cours et choisir de discuter avec l’enseignant au moment de la pause.
Soit s’affronter à des conséquences immédiates bien plus déplaisantes.
Donner un choix, une option à l’élève va lui sembler plus facile, plus acceptable. Nous maîtrisons la situation plus simplement. Cela nous permet de temporiser, de calmer l’ambiance et de prendre du recul plutôt que d’intervenir de suite.
De la même manière, si l’élève proteste et conteste notre demande, nous pouvons utiliser la technique du disque rayé qui se traduit par la répétition monocorde des instructions face à la protestation. La plupart des élèves se conformeront une fois que l’enseignant aura utilisé quelques répétitions.
Opter pour l’assertivité, c’est refuser tout rapport frontal. C’est considérer que la relation avec les élèves est un aspect d’un ensemble. Elle intègre un ensemble plus important de responsabilités qu’il importe de remplir : assurer le meilleur apprentissage de chacun d’entre eux par l’intermédiaire de nos pratiques d’enseignement.
Les élèves sont des adolescents et par conséquent ils disposent d’un moins bon contrôle émotionnel que nous adultes. Ils sont susceptibles de dire des choses blessantes qu’ils ne pensent pas vraiment. Ils réagissent face au statut de l’enseignant et non à nous en tant qu’individus. Nous avons une mission d’éducation pour leur permettre de poursuivre le chemin vers une maturité émotionnelle et une socialisation épanouie.