Analyser une situation de déficit de vigilance lors de la pratique guidée en enseignement explicite
La vérification de la compréhension et le dialogue formatif jouent un rôle important lors de la pratique guidée en enseignement explicite. Ils permettent de stimuler l’engagement des élèves et de vérifier leur compréhension en temps réel, ce qui rend l’enseignement adaptatif. L’enseignant adapte le contenu de son cours en fonction du niveau de ses élèves. La démarche permet de partager la responsabilité de l’apprentissage entre l’enseignant et ses élèves.
Mener à bien la vérification de la compréhension et le dialogue formatif est une tâche complexe et exigeante qui demande beaucoup de pratique délibérée et le développement d’une expertise pour être pleinement optimisée et maitrisée.
Un nouvel enseignant qui s’emploie à l’adopter peut rencontrer diverses difficultés. En voici certaines exposées :
Lorsqu’un élève lui pose une question, ou qu’il décide de poser une question à un élève, alors qu’il donne cours à la classe entière, un enseignant tend à se diriger vers celui-ci. Il cherche son regard dans un angle de vision propice. Son corps et sa tête sont tournés vers l’élève qui pose la question, son attention tend à se centrer sur l’élève. Il adapte le volume de sa voix pour être pleinement audible par l’élève en question.
Certains élèves interviennent spontanément pour compléter ce que dit l’élève ou pour donner une réponse. D’autres sont susceptibles de faire des commentaires moqueurs mêmes si discrets sur l’élève en question ou montrent leur désintérêt de manière non verbale.
Parfois, un élève interrogé ne sait pas répondre, l’enseignant l’aide un peu en lui donnant des indices puis patiente. L’élève concerné balbutie, élabore maladroitement ou tend à perdre ses moyens et à verser dans la confusion. L’enseignant centré sur les contenus reprend la main et donne alors l’explication.
Différents débordements mineurs peuvent apparaitre lors de la pratique guidée. Des élèves peuvent chuchoter entre eux ou ne pas prendre note de toutes les explications. Certains élèves peuvent perdre le fil, être inattentifs, puis poser des questions sur des explications déjà données précédemment.
Même si ce nouvel enseignant interroge régulièrement ses élèves et entre en dialogue avec eux, nous sommes loin de la vérification de la compréhension en enseignement explicite et du dialogue formatif.
La culture de l’apprentissage n’est pas optimale. Même si le cours peut se donner normalement, les normes et les attentes que l’enseignant témoigne face à ses élèves sont faibles. Il est probable que la pratique guidée prodiguée ne va pas fournir tous les bénéfices escomptés.
Pour améliorer la situation, il importe que l’enseignant réfléchisse et redéfinisse clairement des routines plus efficientes liées à la gestion de la parole, à la vérification de la compréhension et au dialogue formatif. Il lui faudra ensuite les enseigner explicitement. L’enseignant devrait accompagner l’introduction de ces routines d’une rétroaction régulière sur les comportements attendus, positive et spécifique, ou corrective.
De façon plus nette, l’enseignant manque également de vigilance à l’échelle de la classe tandis qu’il se centre sur une interaction avec un seul élève. Un travail sur la posture s’impose également pour mieux gérer les interactions à l’échelle du groupe. Il s’agit de toujours garder une vue d’ensemble de la classe et plus particulièrement lors des échanges avec un élève en particulier dans le cadre du dialogue formatif. Pour cela, s’éloigner plutôt que s’approcher de l’élève concerné est bénéfique.
En dehors de cet enseignement explicite des routines et des règles et d’une amélioration de la vigilance, un travail de fond sur les principes et techniques liées à la vérification de la compréhension en enseignement explicite sera utile. Par exemple, l’usage d’ardoises effaçables peut aider à canaliser la volonté de participer de certains élèves. Également, le fait d’interroger d’autres élèves aléatoirement ou intentionnellement lorsqu’un élève rencontrer des difficultés puis revenir vers lui pour une reformulation est plus utile que de donner les explications soi-même.
Les erreurs et difficultés d’un élève sont une opportunité d’apprentissage pour l’ensemble de la classe et permettent de mettre les élèves au défi de contribuer positivement aux progrès collectifs dans un climat propice.