Anticiper la procrastination des élèves en classe durant la pratique autonome
Durant la pratique autonome, les élèves travaillent seuls et parfois en coopération sur un ensemble de tâches qui ont bénéficié précédemment d'un enseignement explicite (modelage et pratique guidée). Certains élèves peuvent être lents à se mettre au travail et retarder la mise en route, ce qui peut se révéler exaspérant pour l’enseignant. L’enjeu va être pour l’enseignant de masquer et contenir cet agacement, mais de garder des attentes élevées et d’agir stratégiquement et préventivement pour favoriser la mise au travail des élèves.
Différentes pistes et stratégies existent :
Plutôt que de répéter la consigne, d’insister sur la mise au travail, de hausser le ton ou de s’agacer, l’enseignant peut prendre une optique inverse. Il peut directement fournir une aide au démarrage quand un ou plusieurs élèves ont du mal à démarrer dans une activité. Les aider à démarrer sera souvent plus efficace, car une fois en mouvement les élèves peuvent plus facilement poursuivre. L’idée est que les élèves ne restent pas à rien faire et n’en prennent pas l’habitude.
Après avoir donné la consigne initiale, l’enseignant peut démarrer l’activité voulue autonome avec ses élèves, en leur posant des questions, étape par étape. Celles-ci vont permettre d’amorcer la mise en activité. Il agit de cette façon pour les premiers exercices ou pour les premiers pas introductifs d’une tâche plus complexe. Une fois que les élèves ont commencé à prendre des notes en rapport, il peut les laisser travailler en autonomie tout en circulant dans la classe pour les observer.
C’est une pratique qui peut se révéler particulièrement intéressante lorsque tous les élèves doivent effectuer les mêmes tâches. L’enseignant accompagne une transition vers le travail individuel en commençant le travail avec la classe. Cela lui permet de s’assurer que tous les élèves se mettent au travail.
Lorsque les premières tâches semblent insurmontables, l’enseignant peut aider les élèves à les décomposer en étapes plus réduites, facilement atteignables et en leur donnant des conseils et des indices.
Une fois les élèves mis au travail, tout en circulant, l’enseignant peut vérifier l’avancement de ses élèves le long d’une liste de tâches. À chaque passage, il coche d’une certaine couleur sur les feuilles de ses élèves en valident et vérifiant leurs réponses, ce qui permet de marquer leur avancement. Ce type d’action donne envie aux élèves de continuer pour les accumuler, car ils sont des marqueurs symboliques de progrès et de travail accompli. De plus d’un passage à l’autre, cela permet à l’enseignant de vérifier que ses élèves avancent au rythme escompté.
L’idée est que les élèves peuvent avoir la motivation dans les talons pour n’importe quelle raison, certaines indépendantes du cours. Ils savent bien qu’ils doivent commencer la tâche, mais rechignent. L’objectif de l’enseignant n’est pas tellement de savoir pourquoi les élèves trainent, mais de leur faire prendre la bonne habitude de se mettre au travail de suite. En agissant rapidement nous éliminons les risques de voir s’installer des habitudes de procrastination en classe qui ont toutes les chances de se reproduire à domicile pour le travail autonome des mêmes contenus. Parfois, il s’agit également d’une incompréhension de la part de certains élèves, en démarrant le travail avec eux par un questionnement nous la diagnostiquerons de suite.
Ces différentes démarches fonctionnent, car elles apportent des réponses aux difficultés des élèves, qui sont à la source de leur procrastination, qu’elles soient scolaires, motivationnelles ou distractives.
En agissant proactivement, la probabilité qu’ils se mettent à bavarder ou à s’engager dans d’autres comportements contreproductifs est dès lors fortement atténuée. La probabilité qu’ils se mettent au travail, apprennent et développent de bonnes habitudes s’en retrouve accrue. Il s’agit dans tous les cas de fournir un étayage temporaire dans le but de responsabiliser les élèves peu à peu face aux attentes élevées que nous exprimons pour eux.