Associer la note à la rétroaction dans le cadre de l’évaluation formative
Une évaluation purement formative ne nécessite pas de notes et peut se suffire d’une rétroaction précise. Dans tous les cas, la note n’a qu’une valeur informative pour situer à un moment donné l’élève et indiquer ce qu’il maîtrise et les directions dans lesquelles il doit s’investir.
Une difficulté est que les élèves sont souvent habitués à recevoir des notes et peuvent être frustrés lorsque celles-ci n’accompagnent pas le retour d’information. La note fournit une information quantitative directe sur la probabilité et le niveau de succès, qui peut être légitime.
Cependant, l’intention avec une évaluation formative est surtout de fournir une information qualitative. L’idée est qu’il reste possible après traitement de l’information qualitative d’en déduire une information quantitative équivalente à une note. Dans un certain sens, ne pas donner de note amène l’élève à traiter l’information qualitative fournie par la rétroaction à partir d’un retour formatif. Dans le cas contraire, si l’élève se satisfait de l’information quantitative de la note, il peut négliger le traitement qualitatif de l’information qui est pourtant nécessaire pour progresser. En ce sens, pour certains élèves, la présence d’une note chiffrée peut amoindrir la qualité d’information de la rétroaction.
Le problème avec les notes, c’est que les élèves vont surtout s’intéresser aux chiffres (ou aux lettres). S’ils s’en contentent, ils peuvent très bien ignorer les commentaires de l’enseignant. Si leur score les satisfait, ils peuvent simplement s’efforcer de faire la même chose la prochaine fois.
Dans les deux cas, des points à améliorer spécifiés dans les commentaires seront très probablement laissés de côté et la rétroaction n’aura aucun impact.
De plus, si l’élève a une mauvaise note, il peut se sentir démoralisé, démotivé et déçu. Il peut se dire à quoi bon et laisser également les commentaires de côté.
Le fait de présenter à la fois une note et des commentaires a souvent comme issue que ces derniers vont être ignorés. L’élève ne s’engage pas et n’agit pas sur la base du retour d’information qui lui est fourni.
Face à cette situation, plusieurs pistes sont possibles.
1) Il est possible au niveau formatif de ne pas donner de notes, ce qui oblige les élèves à s’intéresser aux commentaires et aux détails de leur production ou de leur évaluation formative. Il n’est souvent pas facile d’introduire cette méthode, car de nombreux élèves n’aiment pas les commentaires.
En l’absence de note, l’élève n’a pas d’autre possibilité que de décoder le retour d’information, ce qui augmente la probabilité qu’il en tienne compte par la suite.
2) Il est également possible de différer la note. L’élève reçoit en retour sa production ou son évaluation formative avec des commentaires. Il ne recevra par exemple sa note que lors du cours suivant.
3) Dans d’autres situations, la note peut être recommandée dans la mesure où elle est à haute valeur informative. C’est par exemple le cas dans le modèle de la note constructive de Pasquini (2021). Le retour d’information se fonde alors sur une grille critériée rassemblant objectifs d’apprentissage et critères de réussite en rapport avec la production de l’élève. Dans ce cas, quand l’élève consulte ses résultats, il est informé de ses forces, de ses faiblesses et des pistes d’amélioration qui lui sont ouvertes.
Dans certains cas, les notes sont également plus appropriées pour activer la technique du détective :
Par exemple, si un élève a fait dix exercices. On peut lui dire que 6 exercices sur 10 sont corrects et lui demander de repérer les 4 qui présentent des erreurs et les corriger. Si l’enseignant apporte une rétroaction corrective, l’élève n’est pas obligé de faire le traitement lui-même. Dans ce type de situation, la note a une valeur ajoutée par rapport à un commentaire correctif.
Un autre cas typique est celui des QCM ou des quiz. Une note est plus intéressante qu’une correction écrite par l’enseignant ou orale en classe, car dans cette situation les élèves peuvent être passifs et ne rien apprendre. Par contre si l’élève doit faire l’effort de retrouver et de corriger lui-même ses erreurs au départ d’une source de référence, alors il ne peut ignorer les lacunes dans ses connaissances. Il ne peut que s’engager dans un traitement de l’information qui améliorera son apprentissage.
Pour en revenir à la question de la note qui accompagne une évaluation ou une production formative, elle est avant tout secondaire. La question principale est de s’assurer de prévoir un temps de réflexion significatif pour toute forme de retour d’information. Il s’agit d’établir un cadre qui amène l’élève à traiter la rétroaction de manière productive pour son propre apprentissage.