Associer science de l'apprentissage et pédagogie pour une éducation éclairée par des données probantes
Dirk Van Damme (2019) fait le constat que la recherche en éducation ne parvient pas à aider suffisamment les systèmes éducatifs à mieux soutenir le potentiel humain et social de tous les apprenants.
Parallèlement, la recherche médicale parvient à aider les systèmes de santé publique à accroître la longévité et le bien-être de l’humanité.
Une différence importante entre les secteurs est que la recherche en éducation n’encourage pas les systèmes éducatifs à soutenir l’apprentissage pour développer le potentiel humain et social de tous les apprenants. Elle échoue là où la recherche biomédicale a contribué directement à travers les filtres du système de santé.
La façon fondamentale dont nous envisageons l’apprentissage humain est peut-être en jeu ou déficiente.
Sans doute que le pouvoir de la pédagogie se montre tellement important qu’il peut nous empêcher de poser les bonnes questions.
Selon Black et Wiliam (2018), la pédagogie est à la fois les connaissances que l’on doit avoir et les compétences que l’on doit maitriser pour prendre et justifier les nombreux types de décisions qui constituent l’enseignement. Elle peut être considérée comme l’acte et le discours de l’enseignement.
Selon Paul A. Kirschner & Tim Surma (2020), la pédagogie comprend la pratique de l’enseignement, mais englobe également l’interaction entre les facteurs qui influencent l’enseignement et l’apprentissage. La pratique et la pédagogie fondées sur des données probantes supposent toutes deux que le professionnel de l’éducation a des capacités de jugement basées sur leur expérience du terrain et sur leur expertise professionnelle. Ils peuvent supposer quelles seront les meilleures options pour un enseignement efficace et un apprentissage optimal dans des circonstances qu’ils rencontrent.
Selon Clermont Gauthier et Steve Bissonnette (2023), la pédagogie est l’ensemble des actions que l'enseignant met en œuvre dans le cadre de ses fonctions d’instruction et d'éducation d’un groupe d'élèves dans la classe. Ces comportements de l'enseignant visent à créer et à maintenir un certain ordre pour que l'apprentissage des contenus et l'éducation adviennent. Par ordre, on entend une organisation suffisamment structurée pour qu'un groupe d'élèves puisse être réceptif mentalement et affectivement aux contenus que l'enseignant veut leur faire apprendre et aux valeurs et comportements qu il veut leur inculquer.
La science de l’apprentissage se fonde sur la recherche sur le cerveau, les neurosciences, la psychologie cognitive, la génétique, l’informatique et les sciences de l’information, l’apprentissage autonome et l’intelligence artificielle. Elle est en concurrence avec les plus anciennes sciences pédagogiques et sciences de l’éducation.
Mettre l’apprentissage au premier plan revient à se concentrer sur les éléments constitutifs et les mécanismes fondamentaux de l’apprentissage, et voir quelles interventions favorisent ou entravent l’apprentissage. La science de l’apprentissage utilise des méthodologies de recherche rigoureuses, comparables aux sciences biomédicales et psychologiques.
L’enjeu est de donner la priorité à l’apprentissage. Nous nous concentrons sur les éléments fondamentaux, les mécanismes de l’apprentissage. Nous examinons les interventions, leur fonctionnement, la manière dont elles favorisent ou entravent l’apprentissage, à l’aide de méthodologies de recherche très rigoureuses, comparables aux domaines biomédical et psychologique.
La science de l’apprentissage ne révolutionne pas complètement notre compréhension fondamentale de l’apprentissage, il y a plus de continuité que de discontinuité. Un autre point important est qu’elle induit un changement de paradigme. Elle remplace progressivement le socioconstructivisme social tant que paradigme dominant et s’attaque aux nombreux mythes qui limitent la possibilité de progrès en éducation.
La vraie question est de savoir si nous sommes capables de corriger nos conceptions fondamentales de l’apprentissage, de tirer des conclusions pour le domaine de la recherche en éducation sur la manière d’intervenir dans les systèmes éducatifs.
Pour Tricot (2017), apprendre, c’est modifier une connaissance de façon durable.
Pour Dehaene (2018), apprendre, c’est ajuster les paramètres de nos modèles mentaux ou schémas :
Toutes nos pensées sont le produit de l’activation de nos modèles internes.
Notre cerveau projette en permanence, sur le monde extérieur, des hypothèses et des interprétations. Nous donnons une signification au flux de données qui nous parvient de nos sens.
En l’absence de modèles mentaux internes, ces entrées brutes resteraient impénétrables, en retour leur interprétation permet des ajustements, un apprentissage.