Assurer la fluidité des transitions lors des changements d'activité en classe
Dans une perspective écologique de gestion de classe, les transitions entre des activités différentes en classe sont des moments cruciaux pour conserver l'attention des élèves et éviter l'apparition de perturbations mineures.
Les transitions se déploient plus spécifiquement à trois moments :
L'anticipation et la gestion de la fin de l'activité en cours.
La préparation et la transition vers l’activité suivante
Le démarrage de la nouvelle activité.
Ces moments sont d’autant plus propices à l’apparition de comportements indésirables, surtout lorsqu’ils trainent en longueur, que les élèves sont désynchronisés et que l’enseignant semble hésitant ou désorganisé.
La fluidité correspond au concept de smoothness proposé par Jacob S. Kounin (1970) dans son approche de la discipline préventive.
C’est l’habileté à préserver le bon déroulement des activités en classe, en particulier lors des transitions. Les activités en classe doivent avoir lieu sans digression, diversion ou temps mort.
Cette habileté implique l'acquisition par l'enseignant de pratiques routinières comme :
L’envoi de signaux non-verbaux habituels comme celui de s’approcher des élèves non attentifs ou désorganisés
Le fait de poser des questions à ceux qui sont prêts à manifester un comportement indésirable pour les réimpliquer.
Lorsque le flux d’un cours est sans cesse interrompu et comporte des temps morts récurrents, l’attention des élèves se porte sur des éléments extérieurs à la matière. Par conséquent, les élèves ont davantage d’occasions de se désengager du cours et tendent à en prendre l'habitude. Des délais trop longs ou des changements brusques dans la façon de mener les activités en classe sont souvent associés à des comportements perturbateurs plus fréquents.
Tout élément extérieur au déroulement du cours doit être minimisé. Il doit être préparé de manière à ce qu’il se déroule rapidement et sans temps mort, préférentiellement en début ou en fin de cours plutôt qu’entre deux activités propres au cours.
Le matériel et tous les éléments nécessaires au cours doivent être organisés à l’avance, avant le début du cours et à proximité de l’endroit où ils seront utilisés.
De la même manière, la distribution des documents doit être organisée pour qu’elle soit rapide, provoque le moins de mouvements d’élèves et n’accapare pas l’attention de l’enseignant.
Les élèves peuvent par exemple avoir l’habitude de prendre des feuilles sur un tas en entrant. L’enseignant peut répartir le nombre de copies par rangées pour une distribution rapide de l’avant vers l’arrière sans mouvement d’élèves. La remise des copies peut se faire rapidement en divisant la pile par quatre et en mandatant des élèves. Autre alternative, elle peut s’effectuer lorsque les élèves sont engagés sur une tâche telle qu’une évaluation formative ou lors de la pratique autonome.
Derniers éléments, une fois que les élèves font leur travail et sont engagés, nous ne devons plus les distraire. Au contraire, nous devons aider rapidement les élèves qui ont des questions ou des besoins pour qu’ils puissent se réengager rapidement et ne pas distraire leurs camarades.
De même, l’enseignant doit anticiper des tâches pour combler le temps entre différentes activités. En effet, de façon naturelle, certains élèves vont terminer un travail plus rapidement que les autres ou plus rapidement que prévu. De même, les activités prévues pour une heure de cours peuvent se terminer plus tôt que prévu, sans que le temps disponible permette d’entreprendre ou de compléter une autre activité avant la fin. L’enseignant doit toujours disposer d’une banque d’activités et d’options prêtes à être utilisées et proposées rapidement aux élèves pour les maintenir occupés.
Prévoir des activités éducatives pendant ces moments s’avère plus intéressant que d’étirer le temps passé sur une activité presque terminée ou de laisser les élèves s’occuper eux-mêmes.
Trois stratégies sont conseillées afin de gérer les transitions efficacement :
L’enseignant avertit les élèves qu’une transition aura lieu sous peu et précise à quel moment ce sera. Il dit aux élèves ce qu’ils devront faire pendant cette transition et annonce quelle sera la prochaine activité.
L’enseignant accorde toute son attention à la supervision de la transition. Il n’est pas distrait par des questions individuelles ou des détails organisationnels.
L’enseignant établit des procédures stables pour les transitions. Il fait en sorte que les transitions deviennent routinières, ce qui augmente le caractère prévisible de ces moments de flottement.