Atténuer et mobiliser l’oubli comme facteur d’apprentissage
L’oubli est inhérent au processus d’apprentissage. Il peut faciliter l’établissement d’apprentissages durables comme il peut interférer dans leur développement. Il est utile de bien comprendre les paramètres de l’oubli pour bien le mobiliser comme facteur d’apprentissage.
L’oubli peut intervenir à deux niveaux :
Dans la constitution d’un nouvel apprentissage grâce à l’encodage.
Dans la consolidation des apprentissages en mémoire à long terme.
Quatre facteurs sont importants à prendre en compte lors de l’encodage :
Premièrement, tout apprentissage imprécis va favoriser l’oubli et est même susceptible de déstabiliser les connaissances existantes, car il alimente la confusion :
Il y a une importance primordiale à privilégier la clarté de l’enseignement. Celle-ci favorise une compréhension profonde des nouveaux apprentissages, préalable à leur mémorisation.
Nous avons donc toutes les raisons de privilégier un enseignement explicite qui place cet aspect au centre de ses préoccupations.
Deuxièmement, l’apprentissage de nouvelles informations, voisines de celles déjà consolidées, risque de les mettre en danger (oubli induit par la récupération et la consolidation) :
C’est pour cela qu’il ne faut pas perdre de vue qu’il est important chaque fois de vérifier et réactiver les prérequis avant un nouvel apprentissage et d’effectuer des révisions régulières.
À la fois, nous permettons de maintenir les informations déjà consolidées et nous facilitons l’intégration des nouvelles, de la façon la plus adéquate possible aux schémas cognitifs existants.
Troisièmement, le double codage peut venir faciliter l’apprentissage :
C’est l’idée d’associer des connaissances verbales à des représentations visuelles.
Il s’agit de mobiliser des schémas, des diagrammes, des infographies, des cartes conceptuelles ou des organisateurs graphiques comme supports d’apprentissage.
Faire le lien entre la représentation imagée et les explications écrites est un fort stimulant de la mémorisation.
Quatrièmement, c’est l’usage d’exemples concrets pour favoriser l’apprentissage de concepts abstraits :
Associer des exemples concrets à des idées abstraites permet de mieux les retenir à long terme. En effet, les concepts abstraits ne bénéficient en mémoire que d’un simple codage, sous forme verbale.
Les concepts concrets peuvent participer également à un double codage, à la fois verbal et imagé (non-verbal), qui est plus résistant à l’oubli.
Cette démarche présente le double avantage de fournir des indices de récupérations supplémentaires.
Quatre facteurs peuvent venir soutenir la consolidation. Nous ne pouvons oublier que si nous avons déjà mémorisé l’information dans la mémoire à long terme, au sein de schémas cognitifs. Il faut ensuite la maintenir, voici quelques pistes pour cette action spécifique :
Premièrement, c’est l’effet de test, répondre à des questions soutient l’apprentissage :
La seule manière de contrer l’oubli est de récupérer les informations de la mémoire à long terme vers la mémoire de travail.
Relire est inefficace. S’entrainer à récupérer certaines informations aide à les renforcer, à les consolider.
Deuxièmement, c’est l’effet d’espacement :
Découper le temps de travail et le planifier permet de renforcer la consolidation et de s’assurer qu’un processus d’oubli n’est pas en cours et que la mémorisation sera durable.
Troisièmement, c’est l’entremêlement :
Nous mélangeons et changeons l’ordre des informations à récupérer en les combinant avec d’autres informations voisines. De cette manière, nous nous entrainons à discriminer les conditions d’application.
Savoir selon quels critères telle ou telle information est pertinente permet d’orienter les processus d’inhibition dans la bonne direction, cela dans le but d’éviter des confusions futures.
Une application classique est d’utiliser des flashcards et d’en intervertir l’ordre régulièrement.
Quatrièmement, c’est l’élaboration :
C’est se réexpliquer la matière en lui donnant une certaine structure, plutôt que de simplement la réciter.
S’engager dans l’élaboration se traduit un niveau de traitement de l’information plus approfondi qui va permettre de renforcer et de créer des liens entre les concepts et d’augmenter le nombre d’indices de récupération.