Ce qu'est l'évaluation formative et ce qu'elle n'est pas
Ce que n’est pas l’évaluation formative
Il est utile d’en tracer les limites et préciser ce que l’évaluation formative n’est pas :
L’évaluation formative est une microstratégie parce que c’est une des composantes pédagogiques des activités d’apprentissage et d’enseignement. C’est avant tout une approche qui permet de dynamiser ces deux types d’activités.
L’évaluation formative ne fonctionne pas seule et doit être intégrée à une macrostratégie, une pédagogie, afin d’évaluer la progression des apprentissages. Elle peut être en être un élément clé d’une pédagogie, mais elle ne s’y substitue pas. Elle participe à d’autres conceptions, elle s’y intègre. Dans l’enseignement explicite, elle recouvre les dimensions de la vérification de la compréhension.
L’évaluation formative ne possède aucune valeur certificative. Elle n’est pas intégrée aux notations chiffrées dans le bulletin. Elle ne nécessite pas obligatoirement d’échelle de notation standardisée. Elle bénéficiera d’être en rapport avec une grille critériée, mais surtout d’être alignée sur les objectifs d’apprentissage. Elle facilite le pilotage de la planification de l’enseignement. Elle prend la forme d’un soutien explicite aux apprentissages plutôt que celle d’une sanction.
L’évaluation formative n’est pas une évaluation sommative. Elle ne peut être un outil de suivi et de contrôle strict, mais doit être un outil de diagnostic à faible risque. Il s’agit plus d’une évaluation pour l’apprentissage et non d’une évaluation de l’apprentissage. En règle générale, une évaluation formative ne génère pas de note chiffrée. Toutefois, une évaluation sommative peut parfois être utilisée à des fins formatives et recouvrir les deux fonctions, dans ce cas on parle généralement de note constructive.
L’évaluation formative ne se limite pas à une correction détaillée d’une production d’élève. Il génère un retour d’information et non une simple correction.
Les enseignants peuvent consacrer une quantité extraordinaire d’énergie à la correction et sans que les élèves n’en fassent réellement quelque chose.
Une production corrigée par l’enseignant dans le détail n’est pas un substitut efficace pour un bon enseignement.
Certes, les élèves ont besoin de savoir où ils se trompent ou font des erreurs, mais l’utilité première est de permettre aux enseignants d’établir un diagnostic. Celui-ci est utile pour savoir ce qu’ils vont enseigner ensuite et dans quelles activités ils vont engager leurs élèves.
L’évaluation formative ne correspond pas à une rédaction personnalisée et détaillée de longs commentaires par l’enseignant.
Les commentaires écrits à la fin d’une production sont souvent à la fois les plus longs et les plus inefficaces.
Les élèves n’ont pas besoin de commentaires post-mortem sur leur travail, mais de pistes d’action claires et intelligibles.
Il est souvent plus judicieux de leur faire corriger et vérifier leurs travaux eux-mêmes, de leur laisser découvrir la nature de leurs erreurs.
Les élèves ont surtout besoin de voir des modèles de succès pour les comparer à leurs productions. Il sera très difficile d’être excellent si nous ne savons pas à quoi ressemble l’excellence.
Des commentaires comme « manque de profondeur », « structure mieux tes réponses », « utilise un vocabulaire plus précis », n’indique pas exactement à l’élève ce qu’il doit faire. Ces commentaires vont rester flous pour lui.
Ce qu’est l’évaluation formative
Il est également utile de tracer les caractéristiques essentielles d’une évaluation formative :
Le concept d’évaluation formative a été développé à l’origine en opposition à l’évaluation sommative. Il est parti du constat selon lequel les pratiques d’évaluation traditionnelles d’évaluation-sanction peuvent avoir des conséquences négatives sur le processus de scolarisation des élèves et sur leur sentiment d’efficacité personnelle.
L’évaluation formative est une alternative à une différenciation des activités d’enseignement en classe.
Elle améliore le niveau des élèves et aide les enseignants à répondre aux besoins de populations d’élèves de plus en plus diversifiées.
Ces évaluations variées permettent de recueillir des informations sur l’aptitude des élèves à transférer les acquis à de nouvelles situations et sur la manière dont on pourra corriger ou approfondir l’acquis de l’élève.
Conjuguée à un enseignement explicite, elle peut ainsi contribuer à réduire les inégalités en favorisant l’autorégulation, en activant le tutorat par les pairs et en individualisant une forme de suivi (processus de rétroaction à la classe entière).
Ce faisant, elle réduit drastiquement la pertinence et le besoin de différencier en classe les activités d’apprentissage en fonction du niveau des élèves.
Les enseignants qui recourent à ces méthodes d’évaluation formative accompagnent les élèves dans le développement de leurs compétences personnelles en matière de stratégies cognitives et métacognitives. Fournir des efforts dans un cadre scolaire peut être insuffisant si des stratégies adéquates ne sont pas acquises et enseignées en parallèle. L’évaluation formative porte non seulement sur les performances des élèves, mais aussi sur le développement des compétences requises pour « savoir apprendre ».
L’évaluation formative correspond à une large diversité de pratiques. On peut avoir recours à des méthodes diversifiées pour évaluer les acquis des élèves dans le cadre de l’évaluation formative. Celles-ci correspondent dans le sens large à toute démarche de récupération, de pratique autonome ou de vérification de la compréhension. Il s’agit par exemple :
Des évaluations ponctuelles à partir de situations prises sur le vif
Des interrogations orales ou écrites, prévues ou non prévues
Des devoirs, préparations ou quiz
Des séances de résolution d’exercices en autonomie où l’enseignant effectue un contrôle de l’avancée.
L’évaluation formative participe à la construction d’apprentissages en profondeur et durables :
Il y a lieu d’éviter une évaluation formative purement locale qui ne porte que sur les savoirs et les acquis, plutôt que sur les démarches de réflexion de l’élève.
L’évaluation de purs savoirs et savoir-faire n’a qu’un pauvre potentiel formatif. Elle ne permet pas de soutenir les apprentissages dans la mesure où les difficultés mises en évidence ne seront que signe de manque de travail et d’étude de la part des étudiants.
Il est plus intéressant que l’évaluation formative vérifie la compréhension, l’application et un traitement cognitif des contenus.
Il est intéressant de contextualiser autant que possible, des questions d’intégration variées et de leur donner une part d’élaboration :
Mettre en jeu des problèmes proches de situations naturelles qui seront évaluées et auxquelles l’élève est, ou sera plus tard, confronté.
Correspondre parfaitement à l’attendu des questions certificatives
Éviter de tester l’acquisition de savoirs et savoir-faire saucissonnés, « juxtaposés ou acquis antérieurement », mais plutôt chercher à amener à de nouvelles combinaisons de savoirs et savoir-faire.
Agissant comme une répétition de l’évaluation certificative, elle permet de l’informer clairement sur les attendus de celle-ci, évitant tout décalage ou sous-estimation de la part des élèves et en favorisant une mémorisation durable.
L’intérêt de l’évaluation formative est également qu’elle est une pratique de récupération. Il est dès lors intéressant de différer quelque peu les évaluations formatives pour induire et valoriser chez les élèves l’utilisation et l’exploitation de leur mémoire à long terme.
À travers l’évaluation formative, l’enseignant doit s’assurer que ses élèves réagissent aux commentaires par une tâche directe plutôt que de se contenter de les présenter.
Pour que les élèves s’engagent dans un processus de travail en retour sur la rétroaction, il faut que le commentaire soit exploitable. Il faut que ce soit compréhensible pour eux et directement déclinable dans des actions concrètes.
Une manière d’agir est de fonctionner selon le principe de la rétroaction à la classe entière.
Une autre est de prendre le temps de donner en classe aux élèves l’occasion de réaliser une tâche complète afin de prendre en compte les commentaires et de les guider à ce moment-là. S’il est assez important pour vous de donner des conseils personnalisés aux étudiants, il est assez important de prendre le temps en classe pour y répondre. Par exemple, le fait de donner des questions en retour et surtout de donner des questions à choix multiples en retour peut être intéressant parce que les élèves peuvent s’y engager immédiatement. Il faut se concentrer sur des points précis que les élèves ont mal compris ou sur lesquels ils se sont trompés. Les élèves doivent le comprendre.
Conceptions erronées liées à l’évaluation formative
Pour quelles raisons est-ce que l’évaluation formative reste peu connue et peu courante ?
Le système scolaire est essentiellement basé sur une sélection progressive et une ségrégation par classement et renvoi progressif des élèves les plus faibles vers des filières réputées moins exigeantes en matière d’apprentissage. L’évaluation formative vise l’inverse.
Les conceptions courantes de l’évaluation la voient plus comme normative que basée sur des critères. Elle est vue comme une façon de classer les élèves en fonction de leur niveau selon une perspective figée. À l’opposé, l’évaluation formative n’a d’évaluation que le nom et son objectif de mettre en route une dynamique de progrès.
Une part des enseignants considère que s’il n’y a pas de points alors l’élève ne sera pas motivé à s’investir dans les tâches demandées. Il s’agirait dès lors d’une perte de temps, car l’apprentissage escompté n’aura pas lieu.