Combiner la force de récupération et la force de stockage pour renforcer l’apprentissage
La performance à un moment donné est entièrement fonction de la force de récupération actuelle. Or, ce qui nous intéresse n’est pas tant la performance à un moment donné, mais l’apprentissage durable.
Nous n’avons pas d’accès direct à la forme de stockage, mais elle est essentielle pour un apprentissage durable et nous pouvons la mettre en évidence :
La force de stockage ne peut pas être mesurée directement, mais elle peut être déduite indirectement de la facilité avec laquelle une information peut être réapprise si elle est oubliée.
Quand nous réétudions quelque chose que nous avons déjà étudié puis oublié, cela devient plus facile. C’est une preuve de l’existence rémanente d’une force de stockage même si la récupération n’est plus possible.
L’enjeu de l’apprentissage est d’augmenter la force de stockage :
Ce qui permet un apprentissage durable, c’est l’obtention d’une force de stockage élevée.
Nous voulons que nos élèves développent des compétences et des connaissances qui puissent être facilement mobilisées à l’avenir, dans toute situation où elles seront nécessaires.
La force de stockage agit pour retarder l’inaccessibilité (l’oubli) et augmenter le gain (réapprentissage) de la force de récupération.
Dans une perspective d’enseignement, l’objectif est de créer des conditions qui favorisent le stockage et améliorent la récupération ultérieure des connaissances par nos élèves, non seulement à retardement, mais aussi dans de multiples contextes. Nous voulons créer un accès durable et flexible aux informations et procédures à apprendre.
La relation entre la force de récupération et la force de stockage est particulière :
Lorsque nous nous rappelons correctement d’une information, la force de récupération et la force de stockage augmentent.
Après avoir étudié cette information, plus la force de stockage est élevée, plus la perte de force de récupération sera lente (l’oubli se ralentit).
Lors de la nouvelle étude des informations, l’augmentation de la force de stockage est inversement proportionnelle à la force de récupération actuelle :
Plus la force de récupération est faible à ce moment-là (plus il est difficile de se souvenir, mais nous y arrivons tout de même), plus la force de stockage augmente (c.-à-d. l’apprentissage).
Plus la force de récupération est forte à ce moment-là (plus il est facile de se souvenir sans effort), moins la force de stockage augmente (c.-à-d. l’apprentissage).
Les conditions qui augmentent le plus rapidement la force de récupération diffèrent des conditions qui maximisent le gain de la force de stockage. En d’autres termes, si les élèves interprètent la force de récupération actuelle comme une force de stockage, ils sont susceptibles de privilégier de moins bonnes conditions d’apprentissage à de meilleures conditions d’apprentissage.
En conclusion : les difficultés qui altèrent la performance immédiate de rétention peuvent améliorer l’apprentissage à long terme des mêmes informations. Les contextes qui rendent la récupération d’informations plus difficile induisent des difficultés désirables. Ce sont par exemple, le fait de se tester, d’espacer l’apprentissage, d’entremêler, d’élaborer ou de s’expliquer des contenus. Ces démarches augmentent plus la force de stockage que le faire de relire, souligner ou recopier son cours.
Implications pour l’apprentissage et l’enseignement
En conclusion, l’amélioration de la capacité de stockage (ou l’apprentissage) n’est donc pas seulement une simple question de temps passé à étudier.
Lorsque la force de récupération est élevée, il est facile de se rappeler et de mobiliser des informations. Se tester n’a alors qu’un effet limité sur l’augmentation de la force de stockage et la mémorisation à long terme.
Ce qui explique que lorsque nous étudions durant une longue période continue une matière donnée, lorsqu’il devient facile de récupérer l’information, au-delà du surapprentissage, il n’y a plus d’enjeux à continuer à étudier. Nous ne parvenons plus à augmenter la force de stockage, c’est-à-dire à rendre les connaissances plus durables.
Par contre, lorsque la force de récupération devient plus faible, cela va nous demander plus d’efforts pour récupérer les informations. Par conséquent, la récupération augmente de manière beaucoup plus nette la force de stockage. Cela rend les connaissances beaucoup plus durables, ce qui est l’effet désiré.
L’apprentissage se révèle particulièrement efficace lorsqu’il concerne des informations qui ont à la fois une force de stockage et de récupération qui sont toutes les deux faibles.
Ce sont les conditions d’une étude espacée qui maximisent cet effet et sont les plus susceptibles de produire un apprentissage durable. Elles augmentent à la fois la force de stockage et la force de récupération. Dans le cas d’un bachotage, la force de récupération est améliorée, cependant, la force de stockage n’évolue que peu ce qui entrainer un oubli ultérieur rapide.
Nous avons par conséquent tout intérêt à étudier de façon espacée !
De même en classe, lorsque les élèves ont vingt exercices du même type à réaliser, dès qu’ils commencent à les réaliser sans difficultés, la force de récupération est élevée et la force de stockage n’augmente plus. Il vaut mieux arrêter. Il vaut mieux reprendre la suite des exercices quelques jours plus tard. À ce moment-là, il sera plus difficile pour les élèves de récupérer les informations. Cependant, cette démarche leur permettra d’augmenter la force de stockage ce qui se traduit par des gains en ce qui concerne la durabilité des apprentissages.
En conclusion, pour maintenir la force de récupération, il est crucial de revenir à intervalles réguliers sur les informations contenues en mémoire. Celles-ci ont été apprises précédemment. L’enjeu est d’augmenter leur force de stockage ce qui permet de rendre plus durable leur force de récupération.