Comprendre comment mieux apprendre, un enjeu pour les enseignants
La recherche cognitive a clairement démontré et délimité la supériorité de certaines stratégies d’apprentissage face à d’autres, avec différents profils d’élèves et une large gamme de contenus. À ce titre, nous disposons d’une base de connaissances scientifiques signifiante sur la manière de mieux apprendre en autonomie.
Toutefois, spontanément, intuitivement et en suivant des conseils courants, habituels et génériques, les élèves vont se retrouver à surutiliser et à privilégier des stratégies sous-optimales ou mal planifiées lorsqu’ils étudient et s’engagent dans un apprentissage autonome à domicile.
Les élèves choisissent souvent la méthode d’étude la plus facile à mettre en œuvre et qui rassure. Souvent, priment dès lors, le fait de relire, de souligner, de recopier, de bachoter ou de réaliser une synthèse d’un cours. Les élèves tendent à se concentrer sur la quantité et la durée d’étude en mobilisant spécifiquement tout le temps directement disponible avant une échéance. Ils pensent assez peu à la qualité de l’étude, à son pilotage et à une répartition stratégique dans le temps. Ils n’utilisent pas les bonnes stratégies cognitives en temps et en heure et ne les régulent pas optimalement avec des stratégies métacognitives efficaces.
Nous pouvons postuler que s’ils étaient formés selon le principe d’un enseignement explicite de l’apprentissage autonome, tous les élèves pourraient devenir plus performants et plus responsables. Leurs enseignants sont les mieux à même de soutenir cet objectif.
Dès lors, il apparait utile que les enseignants et les élèves développent et partagent une compréhension précise et commune sur la façon dont nous apprenons. Cela suppose l’existence de modèles adaptés, de connaissances et d’un vocabulaire accessible en commun.
C’est d’autant plus fondamental que la recherche montre qu’à la fois les élèves et les enseignants ont souvent des croyances erronées qui nuisent à la pleine efficacité des apprentissages. Des études révèlent que les enseignants ne comprennent souvent pas les stratégies d’apprentissage efficaces et que la croyance en des mythes et à des conceptions erronées sur l’apprentissage est monnaie courante.
Les enseignants manquent souvent de connaissances pour enseigner aux élèves comment apprendre efficacement. Or, les élèves peuvent bénéficier de l’enseignement explicite de compétences d’étude soutenues empiriquement.
Par conséquent, former les enseignants sur ces questions est prioritaire pour qu’ils puissent à leur tour former leurs élèves efficacement. Dès lors, les enseignants ne devraient pas seulement enseigner la matière d’un cours. Ils devraient également mobiliser et enseigner les stratégies d’apprentissage les plus efficaces pour apprendre ces contenus.
Un autre obstacle courant est que même lorsque les élèves connaissent des stratégies d’étude efficaces, ils peuvent ne pas les utiliser pour diverses raisons. Elles sont contre-intuitives, demandent des efforts, de la concentration. De plus, les bénéfices ne sont pas ressentis à court terme, mais seulement à moyen et long terme.
Dès lors, les enseignants gagnent à travailler collectivement ces questions en partageant les mêmes modèles de l’apprentissage, du fonctionnement de la mémoire et en utilisant le même vocabulaire pour les concepts et les stratégies abordées.
Les enseignants peuvent par exemple aider en modélisant et en mobilisant régulièrement l’utilisation de techniques d’apprentissage efficaces. Ces techniques sont par exemple la pratique de récupération espacée ou l’utilisation efficace du retour d’information et l’auto-évaluation, dans le cadre de l’enseignement. Pour être efficace, le processus ne peut pas être ponctuel, mais inscrit dans un temps long.