Comprendre l’enjeu d’apprendre à étudier et ses implications
Au cours de leur scolarité, la plupart des élèves reçoivent assez peu d’informations sur le fonctionnement de leur cerveau ou sur la meilleure façon d’étudier en fonction de la matière concernée.
Les élèves mobilisent souvent trop régulièrement des stratégies sous-optimales comme recopier, relire ou surligner un texte. Ils ne savent pas qu’il existe de bien meilleures façons d’étudier et ils sous-utilisent ou négligent complètement certaines stratégies correspondantes. Ils pensent, souvent à tort, qu’ils font ce qu’ils peuvent.
L’étude ou l’apprentissage autonome peuvent être définis pour un élève comme la tentative consciente et délibérée d’apprendre des connaissances et des compétences scolaires, généralement en dehors des murs de l’école et des heures de cours.
Pour de nombreux élèves, étudier de manière autonome représente un réel défi.
Étudier efficacement et avec succès est un enjeu important d’épanouissement et de réussite personnelle.
Si l’autonomie parait une finalité, elle n’est que partielle, soumise à des influences et pour une part autodéterminée. Lorsque nous parlons d’apprentissage autonome ou autorégulé, de nombreuses dimensions viennent se compléter et s’influencer : cognitives, métacognitives, motivationnelles, sociales, émotionnelles ou comportementales.
Ces dimensions se résument à une seule et même histoire à l’échelle d’un individu. Au cours de sa scolarité, un élève s’inscrit dans un processus auquel il participe activement avec plus ou moins d’engagement. Il développe peu à peu des compétences personnelles et prend des responsabilités. L’enjeu à terme est d’être capable d’apprendre de manière autonome, de poser des choix appropriés quant à ses engagements et à ses ressources, envies et possibilités, et de concrétiser ses projets.
Il est important de poser un constat :
Les élèves n’apprennent pas optimalement l’apprentissage autorégulé simplement en l’expérimentant en autonomie. Le supposer constitue un problème de justice sociale :
Si les élèves doivent découvrir par eux-mêmes comment étudier, nous pouvons supposer que cela ne se passera pas d’une manière efficace, sauf pour certains élèves qui pourraient disposer d’un accompagnement informé dans leur sphère familiale.
Dès lors, laisser les élèves découvrir la manière d’étudier risque d’étendre les inégalités. Il est probable que cela se traduise pour bon nombre d’élèves par une perte d’apprentissage et par une baisse progressive de leur sentiment d’efficacité personnelle face aux attentes de l’école.
Ce constat à des implications sur la manière dont nous pouvons concevoir le soutien à apporter aux élèves en ce qui concerne le développement de leurs compétences en apprentissage autonome.
C’est d’autant plus le cas que la psychologie cognitive et plus particulièrement la science de l’apprentissage ont bien documenté les stratégies et les connaissances utiles à acquérir pour soutenir un apprentissage autonome.
Dans cette perspective, trois dimensions de l’apprentissage autonome sont étroitement liées et s’influencent mutuellement :
Un apprentissage de l’apprentissage autonome :
Être capable d’apprendre de manière autonome suppose pour l’élève l’apprentissage et la consolidation d’un corpus de connaissances et de compétences liées à la mémorisation et aux stratégies (cognitives, métacognitive ou organisationnelles) qui la soutiennent.
Une littératie de l’apprentissage autonome :
La littératie désigne tous les apprentissages de base qui sont enseignés aux élèves, afin de leur donner les fondamentaux qui leur permettront d’évoluer dans la société.
Il existe une littératie de l’apprentissage autonome développée dans le cadre de la science de l’apprentissage. Les connaissances et stratégies de base liées à l’apprentissage autonome sont fonction de l’âge de l’élève et de la matière concernée. Il est donc nécessaire que la formation à l’apprentissage autonome soit adaptée aux besoins des élèves et directement mobilisable par ces derniers.
Un enseignement explicite de l’apprentissage autonome :
La nécessité d’un apprentissage autonome étant établie, de même que ces contenus, un enseignement efficace de ces derniers s’impose.
Un enseignant peut former ses élèves aux connaissances et compétences liées à l’apprentissage autonome qui leur permettront d’apprendre efficacement par le biais d’un enseignement explicite.