Comprendre les notions de valence et de satiété en gestion de classe
Dans ses recherches, Jacob S. Kounin (1970) a constaté que les enseignants efficaces en gestion de classe élaborent des leçons plus intéressantes et plus variées que ceux qui le sont moins. Pour mieux spécifier cette constatation, il a introduit deux concepts, ceux de valence et de satiété :
La valence fait référence au caractère agréable ou désagréable d’un stimulus émotionnel. Tous les événements et expériences en classe, tels que les tâches d’apprentissages, les interactions ou les explications de l’enseignant, peuvent être classés selon cette dimension comme étant plus ou moins positifs ou négatifs. La valence est considérée comme positive dans le cas d’enseignants qui font preuve d’enthousiasme et utilisent une variété d’activités lorsqu’ils enseignent aux élèves, de sorte que ces derniers réagissent positivement à la leçon.
La satiété peut être définie comme le sentiment qu’éprouvent les élèves lorsqu’ils sont trop rassasiés. Ils peuvent être tellement rassasiés et gavés d’enseignement qu’ils perdent l’intérêt ou le désir d’apprendre ou de continuer à s’investir. Les enseignants doivent donc éviter la satiété en essayant de rendre l’apprentissage intéressant et de faire en sorte que les élèves réussissent plutôt que de s’ennuyer ou d’être frustrés.
Au niveau de la valence, des cours bien planifiés, intéressants et comportant une variété d’activités permettent d’attirer et de maintenir l’attention des élèves. De telles pratiques se traduisent par un plus grand engagement dans le travail attendu et moins de comportements problématiques.
Inversement, la satiété se manifeste lorsque les enseignants offrent des cours moins intéressants durant lesquels les élèves accomplissent des tâches répétitives et ont tendance à perdre leur attention. Jacob S. Kounin a observé qu’une plus grande satiété conduit à une diminution de la qualité du travail des élèves et à une augmentation des comportements hors tâches ou problématiques.
La satiété intervient lorsque l’élève arrive à un certain niveau de satisfaction en rapport avec les apprentissages à un moment donné en classe ou qu’il estime en savoir assez. Dès lors, il éprouve de l’ennui. La satiété décrit cette perte progressive d’intérêt des élèves à l’égard des tâches que nous pouvons leur donner. Il n’y a plus de défi pour continuer à s’investir à ce moment-là dans le cours.
Des conséquences négatives possibles de ces phénomènes si nous n’y prenons pas garde peuvent être que :
Les élèves s’investissent dans les tâches demandées sans y réfléchir longuement, tendent à les expédier ou à les réaliser superficiellement.
Les élèves sont tentés de tromper leur ennui en discutant ou plaisantant avec leurs voisins ce qui mène à des écarts de conduite.
Pour réduire la satiété, les démarches suivantes peuvent être recommandées :
L’enseignant définit et présente des objectifs d’apprentissage sous forme de défis.
L’enseignant met ses élèves au défi tout au long du cours, par différentes techniques de vérification de la compréhension et se montre enthousiaste lui-même.
L’enseignant encourage les élèves en leur fournissant de l’information sur leurs progrès personnels sous forme de renforcement positif ou d’une rétroaction spécifique indiquant comment s’améliorer,
L’enseignant tente d’éveiller la curiosité de ses élèves en suscitant leur intérêt pour les amener à s’impliquer et à être plus enthousiastes.
L’enseignant offre des cours bien planifiés et bien adaptés et utilise une variété de styles de présentation (combinant le verbal et le visuel), en faisant un usage opportun de la technologie.
L’enseignant permet à ses élèves de démontrer et de récupérer de diverses façons leurs connaissances avec un bon taux de succès sans que cela soit trop facile pour autant.
L’enseignant alterne des temps d’enseignement frontal et des temps où les élèves travaillent individuellement ou avec leurs pairs. Il encourage et soutient la pratique coopérative, le tutorat par les pairs et les démarches d’évaluation formative.
Comme on le voit, nombre de ces conseils sont en phase avec ce que propose un enseignement explicite qui prend pleinement en compte l’engagement de l’élève dans ses apprentissages et maximise le bon usage du temps en classe.