Concevoir une rétroaction actionnable
Un commentaire ne doit pas décrire la valeur de la performance de l’élève. Il ne doit pas contenir des réponses génériques. Celles-ci sont du style : « tu dois travailler plus », « tu dois étudier plus en profondeur », « attention au soin/à la structure/à l’orthographe/à ne pas tout mélanger/à être complet », « relis-toi », « respecte les consignes », etc.
Le problème de ces commentaires est qu’ils sont flous et nébuleux et n’ont pas d’interprétation pratique ou aisée pour les élèves. Ils pourraient les rédiger eux-mêmes. L’élève ne voyant pas comment agir directement et pratiquement a toutes les chances de ne pas en tenir compte, car le manque de spécificité n’incite pas à une action directe.
Un commentaire efficace précise en référence aux objectifs d’apprentissage et aux critères de réussite :
Ce qui est actuellement maîtrisé dans la performance analysée.
Ce qui n’est actuellement pas maîtrisé dans la performance analysée et pourquoi.
Des tâches et des démarches concrètes et spécifiques à suivre pour combler l’écart actuel, consolider et approfondir les connaissances.
Une rétroaction efficace donnée aux élèves à la suite d’une évaluation formative :
Est circonstanciée et propre aux moyens de franchir une étape ou surmonter un obstacle, le comment faire
Est attachée à des critères explicites relatifs aux objectifs d’apprentissage
Rend les processus plus transparents en lien avec l’alignement curriculaire
Guide vers l’usage de stratégies d’apprentissage adéquates
Comprend des conseils concrets et spécifiques sur les moyens de s’améliorer.
Plutôt que de chercher à toucher l’élève, les enseignants doivent se concentrer stratégiquement sur l’attribution de tâches qui apportent une réponse aux difficultés spécifiques qu’ils ont repérées dans leurs productions.
Les commentaires de la rétroaction doivent être positifs, constructifs, spécifiques et liés aux résultats d’apprentissage. Ils transmettent des attentes élevées sur la réussite de l’élève et des pistes de soutien pour y arriver.
Mise en activité de l’élève
Un rétroaction stratégique et efficace pour un enseignant est un commentaire (oral ou verbal) que l’élève traduit immédiatement par une action qui améliorera l’apprentissage :
Celle-ci doit être :
Précise : l’élève identifie directement le point de matière ou la compétence est mobilisée
Concrète : il n’y a pas d’incertitude sur ce qui est attendu
Délimitée : le temps nécessaire ne doit pas être trop élevé
Spécifique : cible une difficulté précise
Vérifiable : l’élève peut facilement montrer qu’il l’a fait et l’enseignant peut facilement le vérifier.
On parle de rétroaction actionnable. Il est intéressant de passer en revue ce que peuvent être ces activités de mise en œuvre de la rétroaction.
Formes de mise en activité
1) Refaire !
Refais cet exercice en corrigeant tes calculs, réécris ce paragraphe avec un langage correct…, réponds à nouveau en tenant compte des consignes exactes, en incluant les éléments manquants…
2) Réentrainer !
Certains savoir-faire demandent de la pratique pour être automatisés et certaines capacités de discrimination pour choisir la bonne méthode. Celles-ci ne peuvent passer que par une pratique extensive.
Il s’agit de pointer alors l’élève vers une série d’exercices qui recouvrent ce niveau de difficulté. Par exemple, on lui dit « Fais l’exercice 5 et 6 p 65 du livre dans ton cahier ».
Cela fonctionne très bien dans des cours qui demandent de faire appel à une dimension logico-mathématique ou scientifique ou dans un cours de langues pour exercer telle ou telle règle grammaticale ou structure de phrase.
Il est important d’être précis sur le nombre d’exercices et la consigne à respecter sans cela l’élève manquera de repères. Il faut poser le bon niveau de difficulté et le bon nombre d’exercices diversifiés/répétés en fonction de leur niveau pour s’assurer que l’objectif sera rempli. Un corrigé des exercices peut être consultable par l’élève.
3) Résumer et réexaminer
Quand certains objectifs ne semblent pas complètement assimilés ou confus, on peut demander aux élèves de rédiger une synthèse de la partie du cours que recouvrait en partie cette question ou d’en faire des flashcards.
Une alternative est de leur demander de répondre dans un premier temps sans cours à une série de réponses qui portent sur les mêmes objectifs. Par la suite, ils vérifient leur réponse à cours ouvert.
Dans les deux cas, la production peut être supervisée par l’enseignant. Un corrigé des questions peut être consultable par l’élève ultérieurement.
4) Étudier et se tester à nouveau
Quand le résultat de l’évaluation est catastrophique et que cela est envisageable, on peut demander à l’élève de reprendre la matière, de la retravailler, de l’étudier à nouveau et de le réévaluer. L’enseignant fournit la nouvelle évaluation et donne accès à un correctif. Il ne doit pas forcément la corriger lui-même.
5) Approfondir la question
Quand une tâche complexe est bâclée, on peut demander à l’élève de la reprendre en réfléchissant à sa stratégie. Nous pouvons lui fournir un modèle de résolution en guise d’étayage. Nous lui demandons alors de s’exercer sur une tâche similaire en se servant de cette référence. Dans ce cas, un corrigé peut également être accessible à terme.
Ces approches ont comme avantage d’instrumentaliser le commentaire et de lui donner une utilité pratique et corrective basée sur l’expertise de l’enseignant en ce qui concerne les objectifs d’apprentissage.
Quelle rétroaction pour les tests à choix multiples ?
Un des soucis souvent évoqués en ce qui concerne les tests à choix multiples est que les élèves pourraient sélectionner une mauvaise réponse. Ils vont penser qu’elle est vraie et à partir de ce moment-là la mémoriser comme étant la bonne réponse.
C’est un danger bien réel, mais qui peut être aisément contourné en fournissant une rétroaction de correction spécifique pour ce type de questionnaire. Cela suffit généralement à combattre ces risques. Il suffit de s’assurer que les élèves reçoivent les informations concernant les raisons pour lesquelles certaines options de réponse sont erronées.