Conditions de démarrage de la pratique autonome en enseignement explicite
La pratique autonome ne commence que lorsque les élèves sont pleinement préparés, à l’issue du modelage et de la pratique guidée.
Il est nécessaire pour l’enseignant lors de la pratique guidée, d’avoir réalisé, étape par étape, des problèmes et des exercices types avec toute la classe. Ceux-ci recouvrent l’ensemble du spectre des tâches qui pourront être abordées en pratique autonome. L’enseignant s’assure de recouvrir toute la diversité des situations qu’un élève pourra rencontrer par la suite.
L’enseignant doit avoir entraîné ses élèves et avoir vérifié la bonne compréhension des élèves en ce qui concerne la mobilisation des concepts et l’application des procédures. Une fois cela fait, ils sont à même de s’investir avec succès dans la pratique autonome.
Lors de la pratique autonome, l’élève progresse et se rapproche de l’objectif d’exécuter une tâche complexe dans son entièreté avec succès. Ces tâches vont inclure progressivement le cadre d’un transfert proche en proposant de nouvelles situations. Comme dans la pratique guidée et plus encore, progressivement, l’enseignant diminue les mesures de soutien en pratique autonome. D’une certaine manière, nous passons ainsi naturellement de la pratique guidée à la pratique autonome tandis que parallèlement, les élèves prennent la pleine responsabilité des apprentissages.
La pratique autonome renvoie aux tâches que les élèves réalisent par eux-mêmes, idéalement sans avoir besoin de l’aide systématique ou fréquente de leur enseignant ou de leurs condisciples. S’ils utilisent leurs notes de cours au départ, l’idée est qu’ensuite ils puissent réaliser les mêmes tâches sans ce soutien.
Au stade de la pratique autonome, l’enseignant n’a plus à guider parce que les élèves sont censés comprendre ou savoir faire la tâche par eux-mêmes avec un taux de succès suffisant. L’enseignant vérifie et offre une rétroaction ciblée en cas d’erreurs détectées par lui-même ou signalées par un élève. L’enseignant circule dans la classe durant la pratique autonome et vérifie l’engagement et le travail de ses élèves, leur offrant un soutien ponctuel en cas de besoin.
Un élément auquel il importe d’être attentif dans le démarrage de la pratique autonome est qu’il faut veiller à ne pas avancer trop vite dans le processus de l’enseignement explicite. L’enseignant ne doit commencer l’étape de la pratique autonome que s’il a la preuve que les élèves savent faire ou qu’ils comprennent suffisamment. Le passage à la pratique autonome peut être présenté sous forme d’un défi au terme de la pratique guidée lorsque cette dernière atteint les 80 % de réussite. Au moins 80 % des élèves réussissent au moins 80 % des tâches classiques d’une matière donnée.
Au terme de la pratique autonome, l’objectif est d’atteindre les 95 % de réussite. Cela signifie qu’un apprentissage notable va encore avoir lieu durant la pratique autonome qui offre des occasions d’augmenter l’homogénéité de la classe et de développer des automatismes. La pratique autonome joue par conséquent un rôle similaire à la différenciation, sans pour autant devoir développer des supports d’apprentissage différents en fonction du niveau des élèves.