Différentes perspectives sur les fonctions de l’évaluation
Allal (1991, 2007) distingue trois fonctions d’évaluation qui envisagent des formes de régulation et conduisent à des décisions différentes :
L’évaluation formative :
Intervient pendant une période de formation, à la suite d’une unité d’enseignement ou d’apprentissage portant sur un ensemble restreint d’objectifs.
Favorise la maîtrise des objectifs d’apprentissage par le plus grand nombre d’élèves.
Inclut une visée diagnostique en vue d’identifier les erreurs et les lacunes des élèves, ce qui mène à une fonction de régulation associée (rétroaction).
L’évaluation formative s’accompagne naturellement d’un rôle de régulation (Crahay et coll., 2019). La régulation consiste à s’assurer que l’enseignement et les tâches d’apprentissage correspondent aux caractéristiques des élèves. Cela peut nécessiter de prendre des décisions en matière d’adaptation des activités d’enseignement et d’apprentissage :
La régulation de l’enseignement désigne le processus par lequel l’enseignant décide d’adapter et de différencier son enseignement à partir des résultats produits par l’évaluation formative (dans des modalités formelles et informelles).
La régulation des apprentissages concerne l’élève qui, étant activement impliqué dans des évaluations formatives, développe des capacités d’autorégulation favorables à son apprentissage.
Cette catégorisation de l’évaluation ne fait pas consensus. Merle (2018) ajoute deux distinctions à l’évaluation formative :
L’évaluation formative est un processus d’évaluation continue qui a pour objet d’assurer la progression de chaque individu dans une démarche d’apprentissage qui est centrée sur l’activité de l’enseignant.
L’évaluation diagnostique a pour objet de connaître le niveau des élèves en début d’année scolaire ou au début d’une nouvelle séquence d’apprentissage.
L’évaluation formatrice est centrée sur l’activité de l’élève. Elle a pour objet principal de favoriser des processus d’autoévaluation.
Merle (2018) distingue les évaluations sommatives et certificatives qui visent toutes deux à faire un bilan des connaissances et compétences acquises par les élèves. L’évaluation certificative a cela de spécifique d’être réalisée dans le cadre d’un examen officiel.
Les évaluations sommatives et certificatives correspondent à une autre forme de régulation qui consiste à s’assurer que les caractéristiques des élèves correspondent aux exigences du système scolaire. Il s’agit cette fois d’amener à la prise de décisions administratives qui vont avoir un impact sur le cursus scolaire des élèves (Crahay et coll., 2019).
Allal (2007) de son côté distingue la fonction sommative de la fonction pronostique :
L’évaluation sommative :
Intervient au terme d’une période de formation, par exemple à la fin d’une unité d’enseignement ou d’apprentissage.
Permet à l’enseignant de dresser un bilan des acquis des élèves.
Conduit généralement à attribuer une note à la performance observée.
Présente deux caractéristiques institutionnelles importantes qui la distinguent de l’évaluation formative :
Elle sera enregistrée dans un document officiel ayant un caractère public et permanent (un carnet, livret ou bulletin scolaire).
Elle sera communiquée à des interlocuteurs en dehors de la relation pédagogique qui lie l’enseignant à l’élève, par exemple aux parents de l’élève ou aux instances de formations ultérieures.
Ne poursuit plus aucun dessein pédagogique.
Concerne la régulation de l’action de certification assurée par l’école face aux attentes de la société.
L’évaluation certificative est donc une forme d’évaluation sommative qui vise la délivrance d’un diplôme ou d’un certificat.
Des évaluations sommatives réalisées en cours d’année par un enseignant dans sa classe constituent des étapes intermédiaires à cette certification.
L’évaluation pronostique :
Intervient quant à elle lorsqu’il s’agit d’admettre les élèves dans un cursus de formation ou de les orienter vers un nouveau cursus
Estime leurs chances de réussite dans la formation à venir.
Correspond :
Aux examens d’entrée
Aux prises de décision concernant la promotion ou le redoublement
Au passage du secteur ordinaire dans une classe ou institution spécialisée
À l’orientation vers des filières de l’école secondaire
À l’accès à des dispositifs de formation ayant des exigences particulières.
Porte sur l’avenir, mais se base pour une bonne part, au sein de la scolarité obligatoire, sur les résultats d’évaluations sommatives antérieures.
Souvent gérée de manière collégiale par les enseignants, lors des conseils de classe notamment.
Communiquée, tout comme pour les évaluations sommatives, dans des documents officiels accessibles à divers destinataires.