Enjeux du pilotage du travail collaboratif en matière d’efficacité
La collaboration des enseignants peut être efficace, mais elle n’est pas en soi automatiquement un facteur favorable. L’élément à prendre en compte est l’objectif que le travail collaboratif veut remplir.
Dans la recherche sur l’apprentissage, il existe une distinction parfois floue et imprécise entre l’apprentissage coopératif et l’apprentissage collaboratif.
En général :
L’apprentissage collaboratif est utilisé pour décrire l’apprentissage que les individus réalisent lorsqu’ils définissent leurs objectifs communs.
L’apprentissage coopératif est décrit comme un processus par lequel un objectif précis est fixé et les individus travaillent en coopération pour l’atteindre.
Dans les deux cas, l’objectif est l’apprentissage des membres individuels du groupe.
Dans le monde de l’entreprise par exemple, la raison pour laquelle la collaboration est valorisée est qu’elle contribue à l’établissement d’une meilleure solution. L’idée est qu’un groupe de personnes peut être capable de trouver une meilleure idée que celle que chacun d’entre eux pourrait trouver individuellement ou que celle qui leur serait imposée.
Ainsi, le travail collaboratif peut être utilisé pour deux perspectives distinctes :
Aboutir à un apprentissage professionnel des individus concernés
Générer un résultat intéressant
Il est important d’être clair sur l’objectif. Dans certains cas de figure, l’apprentissage coopératif ou collaboratif peut être un désastre en matière de rendement. C’est d’autant plus le cas, quand une seule personne va fournir au sein du groupe le travail utile pour le projet :
Le fait de s’accorder sur les objectifs du processus et convenir de l’investissement de chacun est profitable.
Est-ce que le résultat obtenu pour la collectivité concernée vaut l’investissement en ressources ?
Est-ce que l’apprentissage généré pour tous sera significatif et important en matière d’impact ?
En matière d’investissement en temps, lorsque c’est l’apprentissage professionnel qui est visé, l’apprentissage collaboratif ou coopératif implique une augmentation massive du temps qui y est consacré par le personnel. L’inscription dans une démarche de pratique délibérée s’impose alors.
Dans les deux cas, la question est de savoir si l’investissement en vaudra la peine.
Dylan William relate une forme de travail collaboratif mobilisable dont il a pu dans ses propres recherches démontrer la valeur ajoutée. Il s’agit de l’élaboration de bonnes questions pour une évaluation formative. Dans les expérimentations menées, ils ont montré que :
Lorsque deux enseignants travaillent ensemble sur un thème enseigné, les questions qu’ils créent sont meilleures que celles élaborées par deux enseignants qui travaillent de manière séparée.
Par contre, il n’y a pas de preuve que laisser quatre enseignants travailler sur le même sujet va donner un rendement meilleur.
Par conséquent, s’il y a quatre enseignants, il serait peut-être préférable qu’ils travaillent en binôme et qu’ils posent les questions séparément. Nous obtiendrions alors deux fois plus de questions pertinentes.
L’usage du temps dans le cadre du travail collaboratif doit tenir compte du coût d’opportunité de la démarche.
Une grande partie de ce qui passe pour de la collaboration ou de la coopération entre enseignants dans le cadre du travail collaboratif ou des communautés d’apprentissage professionnelles risque d’être incroyablement inefficace si elle n’est pas correctement gérée.
Pas plus que dans le travail collaboratif, il n’y a rien de naturellement intrinsèquement positif ou efficace aux communautés d’apprentissage professionnelles. La raison principale est que souvent, cela ne permet pas d’obtenir plus que ce qui pourrait être obtenu par des personnes travaillant seules ou en binômes.