Faiblesses des mécanismes d'apprentissage liés au bachotage
Le bachotage rend les connaissances plus accessibles à court terme sans qu’elles soient réellement mieux apprises ou durables. L’oubli va agir très vite par la suite. La performance est appelée à s’étioler rapidement si ces connaissances ne sont plus mobilisées régulièrement.
À l’opposé, des connaissances acquises lors d’une pratique de récupération distribuée vont se révéler nettement plus durables et moins sensibles à l’oubli. Le fait de les rencontrer à nouveau épisodiquement suffira à leur entretien en mémoire.
Le bachotage est lié à une mauvaise planification et généralement à une mauvaise gestion du temps. Travailler sur la gestion du temps, la détermination d’objectifs et la planification sont indispensables pour sortir de cette logique d’apprentissage autonome.
Un effet secondaire négatif du bachotage est qu’il s’accompagne de stress. Le stress en constitue le moteur. Ce stress peut avoir des conséquences physiologiques ou amplifier la fatigue ou l’anxiété qui diminuent encore la qualité de l’apprentissage.
De plus, le manque de temps va favoriser chez l’apprenant des stratégies d’étude rapides et superficielles : relecture, apprentissage par cœur ou astuces mnémotechniques. En effet en dernière minute, l’usage de la pratique de récupération comme de la plupart des stratégies efficaces ne permet pas d’avoir un bon rendement à court terme. Elles sont surtout efficientes à moyen et long terme. Un élève qui privilégie le bachotage risque de surtout maitriser des techniques d’apprentissage à court terme. Il peut ne pas maitriser des techniques d’apprentissage efficaces à moyen et à long terme pour lesquelles il bénéficiera d’une formation et d’un accompagnement.
Une question à se poser concerne les buts d’accomplissement adopté par un élève. Un élève engagé dans une logique de bachotage risque surtout de viser des objectifs de performance et de néglige la maitrise des connaissances. Or c’est la maitrise des connaissances par ses élèves que souhaite l’enseignant, que celles-ci soient stockées en toute sécurité dans la mémoire à long terme dans élève et restent accessibles plus tard.
De fait lorsque l’élève fait du bachotage pour des raisons de performance, l’accent sera plutôt mis sur les sonorités et les formulations des éléments, plutôt que sur leur signification. Le sens et la profondeur sont les grands perdants.
De ce fait, peu de liens sont créés avec des connaissances préalables et les schémas cognitifs qui en résultent sont pauvres et disposent de peu d’indices de récupération. Cela favorise également l’oubli ultérieur.
Le bachotage va agir spécifiquement sur la force de récupération et peu sur la force de stockage des connaissances liées à la mémorisation, ce qui explique son fonctionnement à court terme. La force de récupération diminue rapidement tandis que la force de stockage est durable.
Ce sont les mêmes mécanismes que nous utilisons lorsque nous rencontrons de nouvelles personnes lors d’une soirée, ou lorsque nous regardons un film. Nous allons nous souvenir de leurs noms ou prénoms durant quelques heures, puis la plupart d’entre eux vont nous échapper par la suite.
En bachotant, nous activons en quelque sorte la même forme de mémoire que nous utilisons lorsque nous regardons un film ou que nous lisons un livre. Il est nécessaire de mémoriser temporairement les noms des personnages ou des lieux pour suivre et de retenir ce qui se passe. Nous pourrons les oublier ensuite assez rapidement sans soucis. C’est plus problématique lorsqu’il s’agit d’une matière scolaire essentielle.