Filtrage et perception de l’information au niveau de la mémoire sensorielle
Le filtrage et la perception de l'information au niveau de la mémoire sensorielle sont des processus fondamentaux dans le traitement initial de l'information capturée dans l’environnement par nos sens.
Le filtrage et la perception de l'information s’inscrivent dans le cadre des modèles de traitement de l’information, notamment celui de la mémoire à court terme et sensorielle proposé par Atkinson et Shiffrin (1968) :
Le filtrage permet de gérer le flux massif d’informations sensorielles en sélectionnant ce qui est pertinent.
La perception prépare ces informations pour un traitement cognitif plus approfondi.
Ces deux processus interagissent pour maximiser l’efficacité du système cognitif face à un environnement sensoriel complexe et en constante évolution. En limitant l’accès à l’information non pertinente, la mémoire sensorielle joue un rôle essentiel dans notre capacité à comprendre notre environnement.
La mémoire sensorielle
La mémoire sensorielle est le premier registre de la mémoire.
Elle est spécifique à chaque modalité sensorielle (iconique pour la vision, échoïque pour l’audition, haptique pour les informations tactiles, etc.)
Elle est responsable de la rétention très temporaire de l’information sensorielle brute (généralement moins d’une seconde pour la mémoire iconique et environ 2 à 4 secondes pour la mémoire échoïque).
Elle agit comme un tampon qui permet au système cognitif de disposer d’un délai pour décider quelles informations seront traitées davantage.
Le filtrage de l’information
Le filtrage vise à réduire l'énorme quantité de stimuli sensoriels bruts à un niveau gérable. Il s'agit d'une nécessité cognitive, car le système de traitement humain ne peut pas traiter simultanément et consciemment toutes les informations disponibles.
Différentes modèles théoriques proposent d’expliquer son fonctionnement.
Selon le modèle du filtrage attentionnel précoce proposé par Broadbent (1958), le filtre agit dès la mémoire sensorielle. Il ne laisse passer que l’information pertinente vers les processus cognitifs supérieurs :
L'information sélectionnée sur la base de ses caractéristiques physiques (par exemple, la tonalité d'une voix, la localisation spatiale d'un son) est autorisée à passer pour un traitement sémantique ultérieur.
Les informations non sélectionnées sont bloquées et ne sont pas traitées pour leur signification.
La théorie de l'atténuation de Treisman (1964) est une adaptation du modèle de Broadbent (1958). Les informations non sélectionnées ne sont pas complètement bloquées. Elles sont simplement réduites en intensité. Cela permet à certaines informations pertinentes mais non attendues de passer le filtre si leur seuil d'activation est suffisamment bas.
La théorie de la sélection tardive de Deutsch & Deutsch (1963) s’oppose aux deux modèles de filtrage précoce :
Toutes les informations sensorielles sont traitées de manière approfondie, jusqu’au niveau sémantique, c’est-à-dire que leur signification est analysée avant que la sélection ne se fasse.
Ce n’est qu’après cette étape de traitement que l’attention agit pour déterminer quelles informations accéderont à la conscience ou à la mémoire à court terme.
Norman (1968) intègre à la théorie de la sélection tardive, la notion de pertinence motivationnelle, c’est-à-dire que la sélection est influencée à la fois par :
L’intensité du stimulus (bottom-up),
L’importance ou la pertinence du stimulus pour le sujet (top-down, influencée par les attentes, les objectifs, les besoins).
La perception de l'information
La perception, au niveau de la mémoire sensorielle, correspond au processus par lequel le cerveau commence à organiser et interpréter les stimuli sensoriels. Le cerveau interprète et donne un sens aux informations sensorielles brutes sélectionnées.
La perception au niveau de la mémoire sensorielle correspond à l’interprétation initiale des stimuli bruts captés par les organes sensoriels. Elle implique l’organisation et la reconnaissance des stimuli avant leur transfert vers la mémoire à court terme. Ce processus dépend de l’attention et des schémas cognitifs préexistants, qui influencent la manière dont les informations sont encodées.
Bien que la mémoire sensorielle ne soit pas consciente, elle contribue à la construction d’une représentation préliminaire du monde environnant. Cela inclut, par exemple, la reconnaissance rapide de formes ou de sons familiers avant même qu’ils soient pleinement analysés. Cette perception initiale est riche, mais de très courte durée. Elle nécessite une sélection rapide pour éviter la perte.
Le filtrage et la perception sont des processus sont interdépendants :
Un filtrage inefficace peut entraîner une surcharge cognitive
Une perception biaisée peut altérer la qualité des informations transmises aux niveaux supérieurs de traitement (mémoire à court terme, mémoire à long terme).
Selon Neisser (1976), la perception est un processus actif et constructif, où les attentes et les expériences antérieures (top-down processing) interagissent avec les données sensorielles brutes (bottom-up processing) pour donner un sens aux stimuli.
La perception est un traitement de l’information sensorielle qui permet, entre autres, de procéder à la reconnaissance des formes. Nous pouvons identifier un élément en nous basant sur les informations emmagasinées en mémoire à long terme. Concrètement, cela consiste, par exemple, à reconnaître un visage connu parmi une foule de personnes.
La construction perceptive, pilotée par l’administrateur central (dans le modèle de Baddeley et Hitch de la mémoire de travail) va consister à opérer des traitements afin d’extraire le sens des informations qui parviennent au sujet. La perception est complexe dans le sens où elle est une construction en soi et peut se révéler erronée.