Former ses élèves à l'apprentissage autonome
L’impasse d’une découverte personnelle par les élèves
Par défaut, les élèves acquièrent des connaissances et des compétences en apprentissage autonome grâce aux interactions qu’ils développent avec leurs parents, leurs pairs et leurs enseignants. Ces interactions vont alimenter leur processus de réflexion.
Le problème est que ce mode d’apprentissage par essai/erreur et par observation est inégalitaire. Tous les élèves ne vont pas avoir le même tutorat, le même cadre familial, la même motivation, la même capacité d’attention ou la même facilité d’apprentissage.
Le résultat est que les compétences des élèves en matière de stratégies cognitives et métacognitives des élèves peuvent être incorrectes, incomplètes et sous-optimales.
Les élèves ne sont souvent pas conscients des avantages que leur procurent les stratégies efficaces, telles que l’auto-évaluation, l’espacement, l’entremêlement ou l’élaboration. Ces approches sont souvent rejetées, car elles imposent des difficultés pourtant désirables. Elles ne paraissent que peu efficaces à court terme, leur bénéfice ne se révélant qu’à long terme.
Comme certaines techniques efficaces sont naturellement contre-intuitives, il est probable qu’ils ne les découvriront jamais seuls et ne profiteront pas de leur bénéfice s’ils n’y sont pas formés explicitement.
L’importance d’une formation dans un cadre scolaire
Nous pouvons postuler que les élèves ne peuvent pas apprendre à apprendre efficacement de manière autonome. Il est imprudent de les mettre en situation d’apprentissage, en projet, en les laissant travailler de manière totalement indépendante, dans l’espoir qu’ils découvrent ce qui marche ou ce qui ne marche pas.
Les enseignants peuvent apporter une contribution déterminante à l’acquisition et à l’amélioration des compétences cognitives et métacognitives de leurs élèves. En d’autres mots, ils peuvent leur enseigner et leur faire apprendre comment mieux travailler chez eux de manière autonome.
L’enjeu est bien réel. Il est largement prouvé que les compétences métacognitives contribuent de manière distincte à l’apprentissage, au-delà de l’impact des capacités intellectuelles.
Un apprentissage efficace de stratégies d’apprentissage autonome par un enseignement explicite est essentiellement un processus dans lequel nous modélisons les processus et les concepts, tout en guidant les élèves étape par étape dans un premier temps. Par la suite, nous pouvons réduire l’étayage peu à peu, tandis qu’ils ont des occasions de pratique que nous leur fournissons.
Comme tout enseignement, celui de l’apprentissage autonome comporte deux dimensions :
Il comprend des savoirs et des concepts théoriques généraux à comprendre et assimiler.
Il comprend également un savoir-faire et des procédures à pratiquer et à automatiser dans des contextes spécifiques.
Par conséquent, il est possible et utile d’enseigner certains aspects de la métacognition, comme l’apprentissage de la planification ou le fonctionnement de la mémoire, de manière générale.
L’enseignement explicite de l’utilisation des stratégies est essentiel pour tous les élèves et en particulier pour ceux qui n’ont peut-être pas entendu parler ou appris ces stratégies ailleurs. Les élèves ont besoin de soutien pour devenir des apprenants efficaces et autorégulés, et c’est là que l’enseignant intervient. Cet enseignement doit être distribué dans le temps pour que les élèves puissent développer de bonnes habitudes d’apprentissage.
Essentiellement, nous leur enseignons des concepts, des principes ou des modèles généraux. À ce stade, cela ne signifie pas qu’ils ont la compétence pour exécuter les étapes ou la stratégie visée avec succès, mais ils ont une compréhension des mécanismes sous-jacents.
Toutefois, les stratégies d’apprentissage autonome, qu’elles soient cognitives et métacognitives, gagnent à être enseignées de manière générale au départ. Les élèves doivent pouvoir en maîtriser les principes de base avant de les mettre en œuvre dans des situations d’apprentissage plus complexes et contextualisées. Le but est à terme qu’ils puissent mobiliser les stratégies lors de l’apprentissage autonome.
Cependant, une fois enseignées de manière générale, ces différentes stratégies doivent ensuite être appliquées à la matière enseignée dans le cadre des différentes matières. Au départ, l’enseignant guide fortement ses élèves. Il assure un modelage des stratégies appliquées à son cours et propose une pratique guidée à ses élèves.
Au fur et à mesure qu’ils deviennent plus compétents dans la stratégie d’apprentissage, l’enseignant réduit son soutien. Les élèves peuvent en faire un usage autonome. L’enseignant assure alors une rétroaction sur la mobilisation que ses élèves en font, il les encourage, pose un contexte favorable à leur utilisation dans le cadre de son cours. Il les aide et les soutient dans la régulation de leurs apprentissages.
Pour arriver pleinement à former nos élèves à l’apprentissage autonome, les enseignants ont besoin de soutien, de formation et surtout de temps pour pratiquer et mettre en œuvre des stratégies visant à soutenir la métacognition de leurs élèves.