Garder la parfaite maîtrise de soi en gestion de classe
Garder la pleine maîtrise de soi en classe peut sembler évident dans l’absolu. Cependant dans l’immédiateté, sous le feu de la tension ou l’inattendu du quotidien, nous pouvons la laisser nous échapper. C’est une source d’erreur courante en gestion de classe, qui peut être utile en cas de danger, mais qui est contreproductive la plupart du temps.
Nous pouvons ne pas obtenir le comportement dont nous avons besoin pour enseigner malgré des demandes répétées. Nous pouvons nous sentir personnellement blessés ou visés, il peut être tentant de hausser le ton, de s’énerver, voire de crier. C’est pourtant une ligne rouge à ne pas traverser, car nous tombons alors dans le piège du cycle de coercition ou dans une tentative de contrôle, qui sont des situations qui évoluent souvent de manière défavorable.
Nous devons en tout temps conserver un ton de voix calme et approprié, et éviter d’exprimer des émotions négatives. Nous visons à garder notre calme et à conserver un ton respectueux qui vise à mener à l’apaisement :
L’enseignant est l’adulte de référence. Il doit rester responsable à chaque instant, déjà de lui-même. S’adresser toujours aux élèves avec dignité permet d’attendre de leur part qu’ils traitent les autres — y compris leurs enseignants — de la même manière.
Si l’enseignant sort de ses gonds, il devient alors facile pour les élèves de s’en amuser et de s’en moquer. L’effet escompté n’est pas atteint. C’est un aveu de faiblesse et cela entame la crédibilité de l’enseignant. Les élèves peuvent apprendre la manière de reproduire la situation à l’avenir.
Nous ne devons pas élever la voix ou ne le faire que peu. Nous ne montrons nos émotions qu’avec parcimonie même si nous sommes en ébullition à l’intérieur. Nous nous employons à adopter un ton impassible, un peu comme lorsque nous formulons une demande précise à un guichet dans une atmosphère désordonnée. Notre principal enjeu est que le message exact passe précisément. Se concentrer sur les faits, les comportements observables et leurs conséquences établies, permet de réduire la charge émotionnelle.
S’énerver est une réaction totalement disproportionnée, et jamais la meilleure, face à la plupart des comportements en classe. Nous devons toujours rester maîtres de nous-mêmes, conserver notre calme et imposer l’apaisement. Nous devons reconnaitre l’état d’énervement éventuel de l’élève. En tant qu’adolescent, il possède moins de contrôle sur ses émotions. Nous devons avoir des paroles apaisantes et lui énoncer calmement la communication sur conséquences de son acte en fonction de la règle enfreinte et des responsabilités. S’il conteste, il suffit de répéter l’opération autant de fois que nécessaire.
Nous devons conserver la situation sous contrôle pour tous les élèves de la classe. Nous leur parlons avec respect, mais fermement comme si nous leur disons quelque chose de raisonnable et naturel.
L’enseignant qui s’énerve laisse entrevoir une faille émotionnelle personnelle. Une petite blessure là où ça a fait mouche quand il y est heurté. Certains élèves tels des piranhas seront par la suite où cibler leurs escarmouches. Quel point sensible titiller pour déstabiliser l’enseignant et le faire vaciller ?
De plus si à travers l’énervement de l’enseignant, l’élève dénote un manque de respect ou une agression à son égard. Automatiquement, il va se mettre en retrait et sur la défensive. Il deviendra moins prompt et moins susceptible de s’engager scolairement. La communication risque d’être rompue et la relation est endommagée.
L’autre extrême, tout aussi dommageable, est également à proscrire. C’est la situation où l’enseignant peut émettre des suppliques, demander aux élèves de se calmer sans plus intervenir. Les élèves penseront alors que l’enseignant fait un aveu de faiblesse et n’arrive pas seul à avoir la situation sous contrôle.
Nos comportements sont sous l’influence de nos émotions et de nos sentiments. La confiance, l’estime de soi, les relations avec les pairs, l’acceptation dans un groupe, l’empathie, l’appartenance, la résilience, l’attention jouent des rôles entremêlés.
La colère et les sarcasmes n’apportent jamais de solution durable. C’est vrai à la fois pour l’enseignant et pour les élèves. De tels comportements ajoutent au problème. Il faudra de toute façon les dépasser pour aboutir à une résolution. De plus, ils peuvent laisser des traces, de la peur, de l’humiliation et un a priori négatifs aux élèves face à l’enseignant.
Malgré tout, certaines situations peuvent être difficiles. Nous restons humains et susceptibles de comportements réflexes. Des dérapages restent possibles. Toutefois, nous devons avoir conscience que par la suite, il nous faudra réparer la relation. Nous devrons être capables de reconnaitre et d’analyser nos émotions.
Parfois, l’astuce consiste à prendre l’élève le plus difficile à part, à l’écart d’un cours. Il s’agit de profiter de l’occasion pour établir un rapport personnel, une relation avec lui, afin de se considérer réciproquement en tant qu’êtres humains. Cela peut permettre dans un second temps de passer au-delà, parce que nous devons nous soucier de notre bien-être et du bien-être général de nos élèves.
Dans tous les cas de figure, il nous faut rapidement pouvoir retrouver le comportement que nous souhaitons exprimer toujours, le calme, la mesure, le tout en exprimant de la chaleur humaine, de l’encouragement et de l’empathie.