Influence de l’auto-efficacité sur la réussite scolaire d’un élève
L’énergie et la volonté consenties par un élève, de même que sa réussite et son parcours scolaire, vont dépendre à la fois :
De ses aptitudes
De son auto-efficacité.
Bien que la motivation scolaire soit activée par la nature de l’activité et les buts que se donne un élève, c’est son auto-efficacité qui se révèle être le facteur le plus déterminant pour sa motivation.
La motivation, les états émotifs et les actions d’une personne peuvent reposer davantage sur sa représentation de soi, sur son auto-efficacité, plutôt que sur ce qu’elle peut réellement réaliser ou sur ses capacités.
Les élèves qui réussissent ont un bon sentiment d'efficacité personnelle. Ils pensent qu’ils ont les compétences pour réaliser le type de tâche visé, ils ont confiance dans leurs compétences.
Les élèves qui se sentent capables de conduire leurs apprentissages vont davantage mettre en œuvre des stratégies d’étude adaptées. Ils prennent du plaisir dans certaines tâches qui peuvent être plus exigeantes, mais qui présentent un certain niveau de défi.
Les élèves qui se sentent compétents dans le domaine concerné font preuve de plus de persistance dans les tâches et ils cherchent davantage des solutions alternatives aux situations de problèmes étudiés et se posent davantage de questions.
Les tests imposés, leur évaluation et les erreurs rencontrées sont perçus par ces élèves comme des étapes du processus d’apprentissage et non comme une sanction.
Un élève motivé a une bonne auto-efficacité, qui l’amène à choisir de bonnes stratégies. Il persiste dans la difficulté et se pose des questions et ressent une satisfaction à travers sa progression.
Les effets de l’auto-efficacité sont diamétralement opposés suivant qu’elle est faible ou élevée pour un individu particulier dans un domaine donné.
Cas de l’auto-efficacité élevée
Lorsqu’une personne se sent efficace dans un domaine, elle présente une auto-efficacité élevée pour celui-ci. Ainsi, si un élève se pense doué pour un cours, il aura pour celui-ci une auto-efficacité élevée.
Une auto-efficacité élevée est liée aux caractéristiques suivantes :
a. Des choix et des objectifs plus ambitieux et plus exigeants pour ce cours. Ces objectifs personnels paraissent plus naturellement accessibles. Ils sont stimulants et entretiennent l’implication. Ils représentent des défis répétés qui donnent l’occasion à l’élève de développer des habiletés de niveau plus élevé que lorsqu’il s’engage dans des tâches plus faciles et moins productives dont la maîtrise est assurée.
b. Une meilleure autorégulation des efforts et des comportements. L’élève sera plus impliqué, plus attentif et plus motivé.
c. Une plus grande persistance et une résilience plus importante vis-à-vis des difficultés et des imprévus. Elles l’incitent à redoubler ses efforts. L’élève reste centré sur la tâche et il raisonne stratégiquement. Il s’est forgé la certitude qu’il peut y arriver, que la résolution est à sa portée et qu’elle va lui permettre de progresser.
d. Une récupération rapide après un échec ou une baisse de performance. Ces dernières sont attribuées à un effort insuffisant ou à des circonstances externes, temporaires et indépendantes de lui-même. Ces attributions favorisent sa marche vers le succès. Échecs et erreurs sont naturellement interprétés comme des occasions d’apprendre et de progresser.
e. Une réflexion naturelle sur les méthodes choisies, une prise en compte des conseils et de la rétroaction reçue. Elle incite à une mise en place d’un cadre permettant de construire des compétences et d’acquérir de meilleures stratégies cognitives par le biais de démarches réflexives et métacognitives.
f. Une meilleure gestion du stress et de l’anxiété. L’élève conserve la confiance et la conviction qu’il peut exercer un certain contrôle sur son stress et son anxiété. Cela tend à améliorer ses performances, à réduire son stress et à diminuer sa vulnérabilité à des sentiments de dépression.
g. Une association négative avec la tricherie et positive avec la demande d’aide en cas de difficulté. L’élève va devenir moins enclin à tricher. Il posera spontanément plus de questions en retour vers l’enseignant en cas de difficultés. Ces démarches peuvent aider à débloquer certaines difficultés et à outrepasser des obstacles en rendant plus explicites les clés de l’apprentissage.
h. De meilleures performances, indépendamment pour une part des capacités propres de l’élève.
Cas de l’auto-efficacité faible
Lorsque nous nous sentons inefficaces dans un domaine, nous présentons une auto-efficacité faible pour celui-ci. Lorsqu’un élève se pense faible dans un cours, il présentera pour celui-ci une auto-efficacité faible.
Une auto-efficacité faible est liée aux caractéristiques suivantes :
a. L’élève a tendance à se désinvestir, à ne pas vraiment toujours essayer. Les aptitudes personnelles peuvent être facilement limitées voire annulées. L’élève peut se sentir impuissant.
b. Des stratégies d’évitement et de fuite sont développées. Nous avons tendance à ignorer les situations dans lesquelles nous ne nous sentons pas à la hauteur, où nous doutons de nos capacités, car elles révéleraient une incompétence supposée.
c. La procrastination est favorisée et un sous-investissement dans le cours concerné tend à progressivement accumuler et accentuer les difficultés.
d. Une faible persévérance se manifeste en cas de difficultés dues à des difficultés à se motiver. Elle entraîne une diminution des efforts consentis et un abandon plus rapide face à des obstacles.
e. Les aspirations sont réduites et l’implication est faible vis-à-vis des objectifs.
f. Face aux difficultés, l’accent est mis sur ses propres insuffisances et sur les conséquences problématiques de l’échec à venir. Cela a tendance à fortement limiter les efforts et l’attention en amenant de la distraction et en éloignant des conditions optimales de la réalisation des tâches attendues.
g. L’auto-efficacité faible peut s’installer vite et être durable. Quelques échecs répétés suffisent pour que des élèves perdent foi en leurs capacités. Ces élèves retrouvent difficilement leur sentiment d’efficacité à la suite d’un échec ou d’une performance amoindrie. Une performance insuffisante est directement perçue comme le signe d’aptitudes déficientes.
h. Le risque est plus important en ce qui concerne le stress, l’anxiété et la dépression.
En conclusion
Prenons deux élèves différents avec des aptitudes d’un niveau équivalent. Une autre possibilité est de prendre le même élève dans des circonstances différentes (avec un niveau de stress dû à des conséquences externes différentes par exemple). Dans les deux cas, les élèves concernés peuvent à terme atteindre des performances faibles, bonnes ou remarquables, selon le niveau de leur propre auto-efficacité.
L’auto-efficacité constitue un meilleur prédicteur de la performance intellectuelle que les compétences seules.
Les élèves se différencient dans leur manière d’interpréter, de stocker et de se souvenir de leurs succès et échecs. Par conséquent, ils diffèrent aussi à propos de la quantité d’auto-efficacité qu’ils engrangent de résultats similaires.
Un individu ayant de solides compétences dans un domaine particulier peut ne pas être efficace dans les actions qu’il entreprend si ses compétences interagissent avec une auto-efficacité déficiente. Un manque de confiance en ses capacités pourrait augmenter sa vulnérabilité face à un contexte stressant.
L’auto-efficacité est un élément déterminant et utile à prendre en compte dans l’analyse des trajectoires suivies et des stratégies privilégiées par des élèves.