Comprendre le coût induit par un comportement multitâche
Le concept de période réfractaire
Il n’y a aucune preuve que des gens et a fortiori des élèves puissent traiter plusieurs tâches complexes en même temps plus rapidement que si elles sont traitées l’une après l’autre.
Lorsque deux ou plus de deux tâches indépendantes et non redondantes nécessitent une attention continue, il vaut mieux éviter de compter sur une capacité de traitement parallèle.
Cette chute de performance est due à l’apparition d’une période réfractaire dans un comportement multitâche. Lors de chaque période réfractaire, la réponse à un second stimulus est considérablement ralentie, car un premier stimulus est en cours de traitement et se dernier doit s’interrompre.
Le changement d’une tâche à l’autre lors de l’interruption exige des étapes supplémentaires que recouvre la période réfractaire :
Réinitialiser le contexte mental de la tâche interrompue (Task One)
Recharger le contexte mental de la tâche à effectuer (Task Two)
Un exemple de situation d’apprentissage avec multitâche distractif
Nous. pouvons prendre l’exemple d’un élève occupé à résoudre des exercices de mathématiques chez lui dans le cadre d’un devoir (Task One) :
Son téléphone est posé à proximité de lui sur son bureau.
Soudainement, son téléphone vibre ! L’élève vient de recevoir une notification lui indiquant qu’un message était arrivé.
L’élève abandonne directement l’exercice en cours,
Il se saisit de son téléphone et ouvre l’application concernée.
Il lit alors le message et il lui faut quelques fractions de seconde pour le resituer dans son contexte (qui lui écrit et pourquoi).
Durant tout ce processus, une fraction de temps non négligeable est perdue, c’est la période réfractaire (switching penalty).
Une fois la période réfractaire consommée, l’élève comprend pleinement le sens du message reçu.
Il réfléchit à une réponse. Il la conçoit, la tape et l’envoie à son correspondant (Task Two).
L’élève referme son téléphone. Il dépose sur le bureau et se remet au travail.
Il ne va pas pouvoir être efficace directement. Sa mémoire de travail ayant été vidée par le changement de tâche, il doit se rappeler là où il en était, revenir un peu en arrière, relire pour enfin redémarrer sa réflexion mathématique.
Il y a de nouveau une période réfractaire (switching penalty) durant laquelle il ne pourra pas réaliser un travail effectif.
Ayant retrouvé le fil de ses idées, l’élève reprend alors l’exercice là où il en était (Task One).
Quelques minutes plus tard, le téléphone vibre à nouveau…
Ce cycle peut se répéter un nombre conséquent de fois durant une période de travail.
Chaque élément distractif, chaque passage d’une tâche à l’autre se traduisant par une perte de temps nette (switching penalty ou période réfractaire) et une consommation de ressources cognitives. Ce coût ne fait que s’additionner au fil du temps à chaque changement de tâche. Il se traduit par une perte de temps et de la fatigue mentale.
Le coût de la division de l’attention sur l’efficacité du traitement
Réaliser plusieurs tâches non entièrement automatisées en même temps a un coût qui se traduit par une perte d’efficacité. Une personne déplace d’abord l’objectif et pose une décision de détourner son attention de la tâche à accomplir vers une autre tâche. Cette personne désactive les procédures de la première tâche pour activer celles de la seconde.
Ce changement de tâches implique de diviser l’attention entre les tâches.
Parce que chacune des tâches concourt avec toutes les autres pour un nombre limité de ressources cognitives disponibles, l’exécution de l’une des tâches interfère avec celle des autres. Il existe un goulot d’étranglement de l’attention.
Nous pouvons développer, par la pratique, la possibilité de basculer rapidement entre différentes tâches. Cependant, cela ne veut pas dire que le faire est :
Bénéfique pour la personne.
Bénéfique pour l’apprentissage
Ne nuit pas à la réalisation précise de l’une ou de l’ensemble de ces tâches.
Le multitâche dans un contexte d’apprentissage n’est pas bénéfique à l’élève et nuit à ses apprentissages et à la qualité de son travail.