La force de récupération et la force de stockage dans le cadre de l’apprentissage
Bjork & Bjork (1992) introduisent et distinguent les notions de force de récupération et de force de stockage dans le cadre de leur « New Theory of Disuse » pour expliquer comment se forment des apprentissages durables.
1) La force de stockage :
La force de stockage mesure du nombre de fois où des connaissances données ont été accédées de manière significative en mémoire long terme.
La force de stockage est une mesure qui permet de savoir si l’information est profondément et durablement apprise.
La force de stockage reflète le degré d’ancrage ou d’association d’une représentation de la mémoire avec des connaissances et des compétences connexes et proches.
Par hypothèse, la force de stockage ne peut pas diminuer, elle ne fait que croitre au fil des nouvelles utilisations.
Cependant, nous ne stockons pas copie littérale des informations que nous mémorisons, comme le ferait un ordinateur. Nous codons et stockons ces nouvelles informations en les reliant à ce que nous connaissons déjà. Nous mettons les nouvelles informations en correspondance et en lien avec des informations qui existent déjà dans nos mémoires. Les nouvelles informations sont stockées en fonction de la signification que nous leur attribuons. Ce sens se traduit dans leurs relations avec d’autres informations présentes dans notre mémoire à long terme.
Le stockage d’informations, plutôt que de simplement utiliser la capacité de notre mémoire à long terme, crée en réalité des possibilités de stockage supplémentaire. Il étend nos capacités d’apprentissage. Au plus nous avons des connaissances dans un domaine, au plus facilement nous pouvons en acquérir de nouvelles.
Une autre implication importante de cette force est que des connaissances ne disparaissent jamais complètement de notre mémoire à long terme, elles deviennent simplement de moins en moins accessibles. La preuve est qu’il est plus facile d’apprendre quelque chose que nous avons appris par le passé et pensons avoir complètement oublié.
2) La force de récupération :
La force de récupération (ou force de rappel) est une mesure de l’accessibilité immédiate, c’est-à-dire du degré d’activation de certaines connaissances à un moment donné dans notre mémoire à long terme.
Notre capacité d’accéder à une connaissance stockée particulière à un moment donné est entièrement déterminée par sa force de récupération.
La force de récupération est fortement influencée par des facteurs tels que les indices situationnels et le caractère récent de l’étude ou de l’exposition aux connaissances concernées.
Au contraire de la force de stockage qui ne fait qu’augmenter, la force de récupération croit avec l’utilisation et s’estompe avec le temps en cas de non-récupération des connaissances considérées.
Les processus de récupération qui caractérisent la mémoire humaine sont également uniques et diffèrent de celles d’un disque dur. La recherche d’informations est inférentielle et reconstructive plutôt que littérale. Elle est également faillible, en partie parce que ce qui est accessible à partir de la mémoire dépend fortement des indices actuels, notamment des indices environnementaux, interpersonnels, de l’état du corps ou de l’humeur.
Ce qui est fondamental est que l’acte de récupérer des informations est en soi un événement d’apprentissage efficace. Les informations récupérées, plutôt que d’être laissées dans le même état qu’avant leur rappel, en ressortent renforcées. Elles deviennent plus récupérables par la suite qu’elles ne l’auraient été autrement. Les informations concurrentes associées aux mêmes indices peuvent devenir moins récupérables à l’avenir. L’utilisation de nos souvenirs par leur récupération les altère.