La neuroéducation
Les enseignants sont confrontés à des termes divers comme la neuropédagogie, la ludopédagogie, la technopédagogie. Ce sont des néologismes qui tendent à restreindre le champ de la pédagogie à une vision donnée, plus qu’à l’intégrer dans toute sa complexité.
La neuroéducation peut être considérée comme synonyme de neuropédagogie. Elle symbolise la rencontre entre les neurosciences et l’éducation.
Le terme apparait souvent imprécis :
Premièrement, la neuroéducation peut être considérée dans un sens large et flou. Elle serait une discipline scientifique émergente, à la croisée des neurosciences, des sciences cognitives et de celles du développement, et de celles de l’éducation. Dans cette perspective, elle semble avant tout viser les enseignants.
Deuxièmement, la neuroéducation peut être considérée dans un sens plus restreint et précis. Elle serait présentée comme un domaine de recherche qui étudie les problématiques éducatives selon une approche qui cherche à intégrer les apports des neurosciences à ceux d’autres disciplines. Dans cette perspective qui concerne plutôt la recherche :
Elle vise à comprendre et à décrire les processus psychologiques et les mécanismes cérébraux qui sous-tendent les apprentissages scolaires fondamentaux.
Elle compare avant et après, les modifications cérébrales et comportementales engendrées par différents types d’apprentissage ou de pédagogies.
La deuxième définition enferme moins. Elle est plus scientifique, elle vise des contributions à la pédagogie et à la science de l’apprentissage plutôt que d’enfermer dans une vision biaisée. La première définition implique une coloration neuroscientifique à la pédagogie, la seconde apporte potentiellement un éclairage à certaines pratiques.
Pour les enseignants, la première définition peut être accrocheuse, mais elle est susceptible d’effet de mode où l’efficacité est au second plan. La deuxième définition leur est moins directement utile, car elle est moins appliquée et peut être complexe à intégrer à la pratique enseignante.
Dans l’optique de la première définition, le terme neuropédagogue n’aurait plus plus de sens que celui de technopédagogue ou ludopédagogue. Plus que des spécialités, il s’agit surtout d’appauvrissements du sens de pédagogue.
La pédagogie est plutôt à considérer dans une perspective globale. Le cerveau n’est jamais isolable du corps et du contexte. Les neurosciences n’expliquent pas ce qui se passe dans une classe.
La neuroéducation, dans sa deuxième définition, peut se donner deux objectifs légitimes à partir du moment où ceux-ci sont pris dans un sens restreint et obligatoirement complémentaire d’autres approches :
Transférer et appliquer certains résultats de recherche issus des neurosciences dans des pratiques d’enseignement et des stratégies d’apprentissage autonome. Cette proposition entraine deux contraintes :
Évaluer ces pratiques et stratégies dans le cas de recherches en sciences de l’éducation et en sciences cognitives plus classiques.
Transmettre aux enseignants des connaissances utiles et pratiques en neurosciences, sur le fonctionnement du cerveau, qui sont cohérentes avec une base de connaissances scientifique en éducation.
Évaluer si certaines pratiques pédagogiques établies correspondent ou non à l’état actuel des connaissances en neurosciences ou pourraient être optimisées. De nouveau, cela impose de passer par l’intermédiaire de recherches en éducation plus classiques.