La pertinence des objectifs d’une évaluation sommative
Les évaluations sommatives qui seront utilisées pour générer des informations sur lesquelles des décisions sont prises concernant l’apprentissage des élèves doivent fournir des informations de haute qualité. Elles doivent répondre à des exigences de pertinence, de validité et de fiabilité.
Lorsque nous nous intéressons aux objectifs d’une évaluation, nous sommes dans l’ordre de la pertinence. Les informations qui seront issues de l’évaluation sommative doivent être adaptées aux objectifs que nous poursuivons.
Le type d’évaluation idéal, sa forme, son contenu et son timing, sera différent en fonction de l’objectif poursuivi.
Il existe un risque de perdre de vue la fonction sommative de l’évaluation ou de la laisser parasiter par d’autres facteurs. L’enseignant et ses élèves doivent pleinement en comprendre ses enjeux. Elle a un but de certification selon des modalités précisées :
Elle ne doit pas être un objet de contrôle du comportement des élèves par l’enseignant, mais elle doit mesurer les apprentissages attendus de manière précise.
Elle ne doit pas avoir une dimension périphérique aux enjeux de l’apprentissage pour les élèves, mais représenter pour eux une mesure de leur maitrise des objectifs d’apprentissage à un moment donné.
Lorsque l’évaluation sommative se détache de son objectif dans une mesure plus ou moins importante, les conséquences peuvent être importantes pour la qualité de l’enseignement et des apprentissages qui en découlent.
L’évaluation sommative a une double dimension contextuelle et universelle :
Elle est contextuelle, car l’enseignant connait ses élèves. Il sait ce qu’il leur a enseigné. Il a pu suivre la progression de leurs apprentissages dans le cadre d’un processus formatif. À ce titre, il est le mieux placé pour poser un jugement nuancé sur leurs apprentissages.
Elle est également susceptible de devenir un outil universel. Les informations recueillies dans un but précis sont également susceptibles d’être utilisées pour mesurer quelque chose de totalement différent. Par exemple, une évaluation extérieure utilisée dans un but certificatif pour les élèves peut également être utilisée pour comparer les résultats d’un établissement scolaire à ceux de sa catégorie. Elle peut également être utilisée pour comparer les progressions de plusieurs classes différentes de même niveau au sein d’un établissement.
La pertinence de l’évaluation sommative est fonction :
Des objectifs d’apprentissage poursuivi.
Des conceptions et modèles que les enseignants possèdent sur l’apprentissage, notamment concernant la différence entre performance et apprentissage durable
Des contraintes en matière d’organisation scolaire et de temps disponible.
Elle peut dans certains cas rencontrer des difficultés :
L’échelonnement de l’évaluation qui demande plusieurs prises de mesure pour assurer un apprentissage :
Considérons une évaluation de fin d’année conçue pour mesurer le niveau en mathématiques, mais qui ne teste que certaines composantes des mathématiques :
Par exemple, elle ne contient des questions que sur trois des cinq unités de matière du cours.
Il en ressort qu’elle ne peut pas être utilisée pour tirer des conclusions sur le niveau en mathématiques en général (l’objectif), mais seulement sur les composantes qu’elle inclut.
La question qui se pose pour l’enseignant est d’intégrer une mesure de l’apprentissage des unités non concernées.
L’organisation scolaire ne permet pas de tout évaluer en même temps, car cela ferait des évaluations trop longues induisant des niveaux de stress élevé. L’idée véhiculée notamment dans le cadre du modèle de la note constructive serait plutôt de documenter la progression de l’élève.
Certaines difficultés apparaissent lorsque les questions de l’évaluation sont formulées de manière trop complexe :
Imaginons une évaluation en mathématiques dont tous les énoncés sont présentés sous forme d’énoncés en français présentant un bon niveau de complexité.
L’évaluation exige dès lors une capacité de lecture suffisante pour accéder aux mathématiques qui sont au cœur de l’évaluation.
Ce processus désavantage les lecteurs les plus faibles face à des lecteurs avancés présentant un même niveau en mathématiques.
Le niveau des questions dans la taxonomie d’Anderson et Krathwohl peut également poser des soucis si elle ne correspond pas aux exigences des objectifs d’apprentissage ou si ceux-ci pressentent des failles dans leur conception. En effet, des dimensions élevées dans la connaissance et dans les processus cognitifs évalués supposent que les niveaux inférieurs soient maitrisés et il est pertinent que ces derniers soient également pris en compte dans l’évaluation.
Ce qu’il est important de bien saisir est que la conception ou la sélection d’une bonne évaluation ne peuvent commencer que lorsque les différents objectifs sont clairement déterminés. L’évaluation sommative est une part intégrale d’un alignement curriculaire et d’une planification à rebours réussis.