La pratique de récupération au service d'une pédagogie inclusive
Une question cruciale à se poser au sujet de la pratique de récupération est de voir de quelle manière elle s’intègre dans le cadre d’une pédagogie inclusive. Il est important de voir comment y réagissent les élèves présentant des difficultés d’apprentissage.
Certains enseignants peuvent supposer que les élèves ayant une faible capacité d’apprentissage tireront moins de profit, voire qu’ils souffriront de la pratique régulière de quiz en classe, car leurs résultats sont généralement plus faibles. Cela entraînerait une exposition insuffisante au contenu pédagogique qui se traduirait par un accroissement des retards et une augmentation de l’hétérogénéité des classes.
Cette préoccupation peut constituer une autre inquiétude. Le risque est que les quiz en classe et les autres opportunités de pratique de récupération exacerberaient les différences individuelles de performance scolaires entre les élèves ayant des niveaux différents de capacité d’apprentissage.
Heureusement, les données de la recherche sont largement rassurantes sur ces questions.
Par exemple, Yang et ses collaborateurs (2020) ont mené une étude sur un large échantillon [1 032 participants] afin d’étudier l’effet modulateur de la capacité de la mémoire de travail [CMT] sur l’apprentissage amélioré par les tests. Leurs résultats ont montré que les personnes ayant une faible CMT bénéficient davantage de la pratique de récupération que celles ayant une CMT élevée. Cela implique que les tests peuvent réduire, plutôt qu’accentuer, les différences individuelles dans l’efficacité de l’apprentissage en fonction de la CMT.
Brewer et Unsworth (2012) ont révélé que les personnes ayant une faible capacité de mémoire épisodique bénéficient davantage du test que celles ayant une capacité élevée. Ils ont observé un effet test plus important pour les personnes ayant une intelligence générale-fluide plus faible. Au total, ces résultats soulignent conjointement que les personnes ayant des capacités d’apprentissage ou cognitives inférieures bénéficient tout autant, voire plus, de la pratique de la récupération que celles ayant des capacités élevées.
Knouse et ses collègues (2020) ont montré que les étudiants de premier cycle de l’enseignement supérieur souffrant de TDAH peuvent bénéficier de la pratique de la récupération.
Des étudiants atteints de TDAH (n = 58) et des étudiants sans TDAH (n = 121) ont appris des définitions de termes clés en étudiant. Ils ont pratiqué la récupération et ont évalué l’exactitude de leurs réponses à l’aide d’une interface informatique. Un groupe a autorégulé son apprentissage, l’autre a appris les éléments selon un critère de trois récupérations correctes. Au bout d’une semaine, les taux de rappel et de reconnaissance étaient aussi élevés chez les étudiants souffrant de TDAH que chez ceux qui n’en souffraient pas. Cela était vrai que les étudiants aient régulé leur apprentissage ou qu’ils aient été contraints d’atteindre le critère. Parmi ceux qui ont régulé leur apprentissage, les étudiants avec et sans TDAH ont utilisé la pratique de récupération et le feedback à un degré similaire. Les résultats soutiennent la recommandation de la pratique de récupération pour les étudiants avec et sans TDAH.