La relecture génère des illusions de connaissance
Absence de difficultés désirables
Étudier et mémoriser nécessite effort et persévérance. Quand l’esprit doit travailler, l’apprentissage est plus efficace. La mémorisation est plus profonde et plus durable lorsque l’apprentissage est exigeant.
Lorsqu’une approche se révèle lente et difficile et que nous avons l’impression de ne pas être productifs, nous avons tendance à penser qu’elle est inefficace et que l’apprentissage généré est faible. Nous sommes plutôt attirés par des stratégies qui paraissent plus fructueuses, faciles, fluides et rapides. Nous ignorons que les gains de celles-ci sont souvent temporaires et superficiels.
Le choix de la relecture mène à une forme d’autodéception tacite et inéluctable. La relecture crée l’illusion qu’un apprentissage est en train de se produire. La répétition rend la lecture plus facile. Chaque relecture des contenus entraîne une plus grande fluidité.
Cette facilité de lecture accrue crée l’illusion que le matériel est en cours d’apprentissage. Cependant, une fluidité accrue ne se traduit pas nécessairement tard dans une meilleure mémoire à long terme des connaissances.
Cette illusion est renforcée par l’expérience subjective de lire, voir ou écouter un expert décrire une solution de problème. La fluidité de l’expert, qu’est l’enseignant rédacteur des supports, donne aux élèves l’illusion de comprendre ou de croire que les contenus sont clairs, facile à comprendre et à retenir.
Ceci contribue au faux sentiment de sécurité que génère la relecture chez les élèves. Souvent, les élèves vont dire qu’ils comprenaient, qu’ils connaissaient tout la veille chez eux, mais qu’ils ont tout mélangé. Ils auraient eu un trou de mémoire lors de l’évaluation, qu’ils attribuent volontiers au stress.
C’est un peu le même principe en jeu lorsque quelqu’un nous apprend à utiliser un logiciel ou une application en en faisant une démonstration. Tant que nous ne pratiquons pas nous-mêmes, tant que nous sommes récepteurs passifs, l’apprentissage n’a pas lieu. C’est ce qui nous leurre lors de la relecture.
La relecture fait en sorte que le contenu devient familier. Lorsque nous le lisons une deuxième fois ou une troisième fois, nous avons tendance à interpréter cette familiarité comme de la connaissance.
Le sentiment de familiarité n’aide pas lorsque nous avons à répondre à des questions lors d’une évaluation. La familiarité peut souvent mener à des erreurs lors d’examens à choix multiples. Nous pouvons opter pour un choix qui semble familier, pour découvrir plus tard que même si c’était quelque chose que nous avions lu, la ressemblance était approximative. Ce n’était pas vraiment la meilleure réponse à la question.
La réponse qui semble familière sera considérée comme correcte par les élèves parce qu’ils pensent l’avoir déjà vue quelque part. La relecture crée des illusions d’apprentissage et est défavorable à l’établissement de liens et aux capacités de discrimination.
L’illusion de connaissance est un piège dont il faut être bien conscient pour le prévenir. Il est donc nécessaire de bien examiner la qualité de sa propre connaissance. Ce n’est pas la relecture qui peut remplir ce rôle.
Un apprentissage de surface
La relecture génère un apprentissage de surface qui permet de reconnaître des informations dans le contexte des supports lus, mais pas à les reconnaître hors contexte.
Cependant, lors des évaluations, la première exigence concerne généralement la capacité de transfert des connaissances dans d’autres contextes et la capacité de faire des liens et de la discrimination au sein de la matière.
En procédant par relecture, un élève se crée un nombre réduit d’indices de reconnaissance qui sont trop contextuels et pas assez généralisables. Il n’en résulte pas un apprentissage durable.
Non-respect des conditions d’un apprentissage durable
Le principe d’une étude efficace est que les conditions de l’étude doivent correspondre le mieux possible aux conditions de l’évaluation. L’évaluation ne consiste pas en une relecture du matériel, mais dans une restitution. La relecture ne constitue pas de fait une stratégie efficace.
Le fait d’extraire des connaissances de la mémoire a pour effet de rendre ces connaissances disponibles à l’avenir. Le type de récupération qui améliore la mémoire et la compréhension à long terme implique de (se) poser des questions et d’apporter des réponses. La relecture n’est pas une stratégie d’étude efficace, car elle n’implique pas de pratique de récupération.