La stratégie Think-Pair-Share ou partage par paires
La stratégie Think-Pair-Share ou « partage par paires » constitue une amélioration de la technique de vérification de la compréhension appelée cold call. Elle consiste à laisser un temps de réflexion à tous les élèves pour réfléchir à une question posée par enseignant. Ils pensent à une réponse et l’échangent avec leur voisin, même s’ils ne sont pas appelés à y répondre face à toute la classe.
La technique de « penser, échanger, partager » permet d’aborder des questions ouvertes et des questions d’application. Elle demande très peu de préparation. Certaines questions se prêtent mieux que d’autres à cette activité. Ce sont celles qui nécessitent des raisonnements avancés, de la prise de décision ou de l’esprit critique. L’idée est bien de proposer une activité qui permet de mieux comprendre ce qui vient d’être expliqué en faisant manipuler par les élèves les concepts présentés.
Elle est réalisable en classe d’une vingtaine à une trentaine d’élèves à la condition que les élèves soient placés par deux. Les élèves sont stratégiquement placés par deux dans la classe. Typiquement, on distingue les élèves qui sont placés à gauche du banc (élèves A) et les élèves qui sont placés à droite du banc (élèves B).
Durant un partage par paire, les élèves se préparent à répondre à une question de vérification de la compréhension donnée par l’enseignant oralement.
Lors d’un signal de l’enseignant, ils sont amenés à communiquer entre eux et à échanger sur la réponse à apporter.
La stratégie permet de rendre les cours plus fluides et plus engageants. Plutôt que de laisser un temps de réflexion en silence, nous activons directement le partage par paires. Cela donne aux élèves tout le temps de composer une réponse et de l’énoncer oralement, en l’échangeant avec leur partenaire.
Explications mutuelles de leurs réponses
Il ne s’agit pas pour les élèves de simplement se donner la réponse, mais de se l’expliquer mutuellement. Dans une paire également, il y a toujours un élève A et un élève B (gauche ou droite). Cela permet éventuellement de leur spécifier des consignes différentes.
L’enseignant demande à l’élève A de donner sa réponse à l’élève B. Puis il demande à l’élève B de donner sa réponse à l’élève A. D’une fois à l’autre, l’ordre des rôles peut être inversé.
L’effet recherché est que chaque élève puisse formuler la réponse à son voisin.
Le partage en paire permet d’obtenir un temps d’attente. Les élèves ont tout le temps de penser à une réponse. Il est plus efficace qu’une simple pause, car non seulement les élèves pensent à une réponse, mais ils se l’échangent, ils la verbalisent et ils en discutent brièvement.
Les trois temps du partage par paires
Penser :
L’enseignant pose une question ou donne un énoncé à résoudre à ses élèves.
Les élèves prennent quelques secondes ou minutes pour réfléchir seul en fonction du degré de complexité de la question. Ils peuvent éventuellement écrire leur raisonnement ou appliquer une procédure.
Afin d’engager pleinement les élèves dans la première phase, nous pouvons demander de même aux élèves de noter par écrit leur réponse dans tous les cas.
Nous pouvons circuler dans les rangs afin de nous assurer de l’implication de chacun.
Échanger :
Dans un second temps, à la suite du signal de l’enseignant, par paire, les élèves comparent, collaborent et réalisent une mise en commun de leur réponse.
De plus, le travail en binôme plutôt qu’en groupe permet d’impliquer davantage les élèves, car il n’est alors pas possible de se fondre dans la masse puisqu’ils discutent en tête-à-tête.
Lorsque nous circulons dans la classe, nous écoutons les discussions afin de noter des réflexions qui nous semblent intéressantes et que nous pourrons alors demander aux élèves concernés d’exprimer durant la phase de mise en commun.
Partager :
L’enseignant interroge ou demande à un élève d’un binôme de partager l’issue de leurs réflexions avec l’ensemble de la classe, éventuellement à l’aide d’un visualiseur.
Le fait d’avoir pu discuter en binôme facilite grandement la prise de parole publique. Cela permet de rassurer les élèves quant à la pertinence de leur réponse sans qu’ils doivent parler personnellement devant la classe entière. S’exprimer au nom du binôme diminue la difficulté de partager un avis personnel et diminuer le risque de se sentir à côté de la plaque devant tout le monde.
Paires stratégiques
Le partage par paire est utile pour gérer le temps d’attente. Lorsque nous demandons aux élèves de partager en binôme, il faut surveiller le niveau de bruit des élèves qui parlent. Il augmente au fur et à mesure que les élèves commencent à partager en binôme. Après quelques instants, nous pouvons entendre une baisse du niveau sonore, celle-ci, temporaire, apparaît lorsque les élèves ont fini de partager en binôme sur leurs réponses. C’est le bon moment pour passer à l’étape suivante.
Il importe de créer des partenaires stratégiques, ne pas mettre les meilleurs élèves ensemble, ni regrouper les plus faibles. Varier les associations au cours du temps est également utile. Avoir des places imposées qui varient au cours de l’année aide à atteindre cet objectif.
Il convient d’éviter d’aider les élèves pendant les séances en binôme, car c’est contre-productif. Si nous passons trop de temps avec un binôme, le partage par paires devient trop long pour tout le monde. Le reste des élèves est prêt à passer à la suite. Il vaut mieux réexpliquer ensuite à toute la classe en cas de difficulté apparente.
Pour quelles raisons privilégier le partage par paires ?
Chaque élève répond oralement à chaque question. Chaque élève répond ainsi à chaque question pendant tout le cours.
La pratique de l’écoute, celle du maintien de l’attention et de l’expression orale sont incluses.
L’engagement des élèves s’améliore, aucun élève n’est isolé. La socialisation scolaire augmente. Les étudiants interagissent positivement sur la matière du cours.
Les élèves apprennent davantage lors du cours. Le partage en binôme est également une stratégie cognitive. Au fur et à mesure que les élèves discutent de l’information, ils facilitent aussi la mémorisation.
Le partage par paires augmente le rapport élèves/enseignant en ce qui concerne les échanges. L’enseignement est plus interactif et intéressant pour les élèves.
Les élèves mettent en pratique et testent la verbalisation de leurs réponses auprès de leur partenaire et écoutent et vérifient la sienne.
Le partage par paires aide les élèves dont la durée d’attention est courte. Les discussions fréquentes avec un partenaire interrompent la durée pendant laquelle les élèves doivent s’asseoir tranquillement en écoutant leur enseignant. La gestion de classe s’en trouve améliorée.
La résistance affective est réduite. La réticence des élèves à s’investir est moindre lorsqu’il s’agit d’échanger avec un condisciple isolé que lorsqu’ils sont appelés à répondre d’emblée devant toute la classe.