L’adoption d’un cadre de régulation des apprentissages lié à l’évaluation formative et à l’enseignement efficace
Le modèle de l’évaluation formative peut être intégré dans le cadre théorique plus général de la régulation des processus d’apprentissage, comme le suggère Perrenoud (1998). La régulation s’entend à la manière dont un thermostat régule la température d’une pièce.
Dans un tel cadre, les actions de l’enseignant et des apprenants en classe sont considérées par rapport à l’orientation de l’apprentissage vers le but recherché. De fait, les enseignants ne créent pas l’apprentissage, seuls les apprenants peuvent créer l’apprentissage.
Dans le passé, cela a donné lieu à des appels en faveur d’une évolution du rôle de l’enseignant, de celui de guide et d’instructeur vers celui d’un accompagnateur et d’un facilitateur. Le danger d’une telle caractérisation est qu’elle est souvent interprétée comme déchargeant l’enseignant de la responsabilité de s’assurer que l’apprentissage a lieu.
La proposition alternative liée au modèle de l’évaluation formative est que l’enseignant soit considéré comme responsable de l’ingénierie d’un environnement d’apprentissage, tant dans sa conception que dans sa mise en œuvre.
Les principales caractéristiques d’un environnement d’apprentissage efficace sont de :
Susciter l’engagement des élèves dans des traitements cognitifs génératifs.
Réguler l’apprentissage des élèves de manière à tenir compte :
De la charge cognitive liée à l’apprentissage initial.
Des opportunités de récupération et d’élaboration liées à la consolidation des connaissances et des compétences.
En matière de régulation, nous pouvons définir deux composantes :
Une régulation proactive :
Elle permet l’apprentissage prévu.
C’est la régulation de l’activité dans laquelle l’élève s’engage qui est conçue en amont du cours par la mise en place de situations didactiques ou par l’intermédiaire du guidage de l’enseignant.
C’est l’objet principal de la conception pédagogique dans le cadre de l’enseignement explicite.
Une régulation interactive
Elle apporte des ajustements appropriés en cours de route si l’apprentissage prévu n’a pas lieu.
C’est la dimension de l’enseignement adaptatif ou du cycle de l’action formative.
Pour être pleinement effectives, ces deux composantes supposent de pouvoir disposer d’un modèle de l’apprentissage en sciences cognitives qui peut parfois faire défaut. Elles sont également fonction de stratégies d’évaluation formatives et d’enseignement efficace en classe qui soutiennent le développement des apprentissages.
L’absence de modèle psychologique de l’apprentissage peut entrainer le risque d’une confusion entre activités et objectifs d’apprentissage, ou entre performance et maîtrise. Mettre en activité des élèves sur un sujet donné n’induit pas nécessairement le développement d’un apprentissage durable et profond.
Il est important que les enseignants développent leurs pratiques d’évaluation formative et d’enseignement efficace et leur conception sur le fonctionnement de la mémoire. L’accent peut alors mieux se déplacer de la régulation des activités vers la prise en compte efficiente des objectifs d’apprentissage. Dans le cadre de cette régulation, les élèves s’engagent vers l’apprentissage qui en résulte (Black, Harrison, Lee, Marshall, & Wiliam, 2003).