Laisser des choix aux élèves pour favoriser leur engagement
La théorie de l’autodétermination postule l’existence de trois besoins psychologiques innés qui peuvent influencer positivement la motivation intrinsèque, l’autorégulation et le bien-être des individus. Ce sont le sentiment de compétence, le sentiment d’appartenance et l’autonomie qui va nous intéresser ici.
L’autonomie peut être comprise comme le besoin de se sentir à l’origine et à la source de ses propres actions et décisions, sans pour autant que cela signifie agir seul.
L’environnement de classe peut à certains moments sembler contraint aux élèves. Ils suivent les règles, les routines, les consignes de l’enseignant. Ils sont appelés à s’engager dans des tâches d’apprentissage introduites successivement, ce qui peut mener à un sentiment de perte d’autonomie en dehors des dimensions de l’appartenance et de la compétence.
Dès lors, offrir une alternative, ne serait-elle qu’apparente, constitue un levier formidable souvent sous-utilisé par les enseignants pour introduire de l’autonomie dans la classe. L’avantage de ces choix offerts par l’enseignant est que ça ne coûte rien et ça peut se traduire en bénéfices très réels.
De manière générale, l’être humain adore disposer de degrés de liberté et d’une certaine autonomie dans ses actions. Il n’aime pas se voir imposer des actions et des comportements à tout bout de champ.
Il est possible d’introduire en classe divers degrés de liberté, qui parfois n’en ont que l’apparence. Ces choix peuvent porter sur l’ordre des activités ou sur des alternatives.
Par exemple, lorsqu’un élève présente un comportement perturbateur mineur, l’enseignant peut lui donner le choix. L’élève peut soit se calmer et discuter de la situation avec l’enseignant à la fin de la classe, soit il peut obtenir une sanction. Offrir un choix est une étape du continuum d’intervention en gestion de classe. Toutefois, bien que le fait de donner le choix puisse être un moyen efficace d’accroître le respect des règles, cela peut ne pas fonctionner avec tous les élèves.
Cependant, offrir des choix ne doit pas simplement intervenir à la suite d’un comportement perturbateur. Il peut s’agir d’une stratégie antécédente et préventive pour entretenir l’engagement des élèves alors même que tout va bien ou lorsque les élèves commencent à montrer quelques signes de lassitude.
Il est important que la tâche ou l’activité alternative soit d’une difficulté et d’une importance relativement égale à la tâche originale qui a été donnée à l’élève. Mais elle doit pouvoir être interprétée comme plus rébarbative ou contraignante, tout en restant plausible.
Par exemple, l’ordre de certaines activités peut être interverti en classe et le choix peut en être laissé aux élèves. L’ordre des activités n’est pas nécessairement prescrit. De même pour une date d’évaluation, l’enseignant peut faire plusieurs propositions à ses élèves et les laisser choisir.
Le simple fait de laisser le choix favorise l’acceptation d’une demande de la part d’élèves. Ils s’engagent alors dans une direction qu’ils ont eux-mêmes choisie par rapport à une autre.
Le principe est pour l’enseignant d’introduire des choix qui ne l’engagent que peu, toutes les alternatives étant convenables pour lui.
Ce simple transfert du pouvoir apparemment factice, mais symboliquement signifiant est régulièrement parfois suffisant pour que l’élève se conforme aux instructions de l’enseignant sans aucun effort supplémentaire.