Le flou lié aux compétences des enseignants en matière d’évaluation
Une évaluation des compétences des enseignants
Des questionnaires ont été développés par la recherche pour évaluer les compétences des enseignants en matière de littératie de l’évaluation (DeLuca et coll., 2016). Ils se composent de scénarios décrivant des situations d’enseignement, chacun composé de plusieurs questions à choix multiples testant les connaissances des enseignants à propos de leurs pratiques évaluatives.
En s’appuyant sur ces outils, différentes conclusions ont pu être tirées :
Des travaux montrent que les jeunes enseignants semblent se sentir particulièrement mal préparés à l’évaluation (DeLuca et coll., 2019)
Il semble que l’expérience du métier fasse en partie la différence (Mertler, 2004)
Toutefois, la plupart des travaux continuent à pointer des lacunes auprès des enseignants plus expérimentés (DeLuca et coll., 2016).
Comme le met en évidence Pasquini (2018), la difficulté liée à l’utilisation de ces questionnaires est qu’elles correspondent à des mesures assez théoriques des connaissances en jeu. Des questionnements restent ouverts quant à la façon dont ces connaissances peuvent être réellement mises en œuvre dans les pratiques de classes en tenant compte des contextes spécifiques de leur implémentation.
Un décalage entre le terrain et la recherche au sujet de l’évaluation
La recherche scientifique reconnait d’un côté les effets positifs des démarches d’évaluation formative sur les apprentissages des élèves. De l’autre, il existe un constat général sur le fait que les enseignants rencontrent des difficultés à les mettre en œuvre.
Si l’importance accordée à l’évaluation formative est nette, la réflexion gagne à être pleinement élargie. Il s’agit de s’intéresser aux conditions nécessaires pour que les pratiques d’évaluation sommative et les pratiques de notation soient également au service de la progression de tous les élèves.
Dès lors, l’évaluation réalisée en classe devrait toujours constituer un des outils les plus puissants pour soutenir des apprentissages significatifs et durables.
Il y a un enjeu à comprendre dans quelle mesure la certification des apprentissages permet également au plus grand nombre d’élèves de progresser en favorisant notamment les processus de régulation.
Comme pour la dimension de l’évaluation formative, la réalité des pratiques semble toutefois résister à cette orientation. Dans ce cadre, les grilles critériées ont un rôle à jouer.
Le défi d’un développement professionnel en littératie de l’évaluation
Deux études (Kruze et col., 2020 ; Mertler, 2009) ont montré qu’une formation pouvait impacter les connaissances des enseignants en matière d’évaluation. Cependant, elles ne comparent pas les résultats à ceux de groupes contrôles qui auraient reçu un autre type de formation, ce qui en limite d’une certaine façon la portée. Des études complémentaires seraient nécessaires pour réellement parler du développement de « compétences évaluatives » qui affectent positivement les pratiques réelles et ont un impact positif sur les apprentissages des élèves.
On retrouve le même type de débat dans les travaux portant sur la connaissance du contenu pédagogique (Shulman, (1987, 2007)). Différents travaux ont pu montrer des liens entre ces connaissances et les performances des élèves (Depaepe et coll., 2013).
La question de savoir comment ces connaissances s’opérationnalisent dans les pratiques de classe. Elle est également de voir comment ces pratiques impactent les apprentissages des élèves.
Deux dimensions problématiques liées à la littératie de l’évaluation est que les chercheurs :
S’intéressent largement à l’évaluation sommative plutôt qu’à l’évaluation formative.
Négligent les connaissances didactiques et les spécificités des contenus disciplinaires.