Le modèle de la théorie sociale cognitive pour comprendre l’adoption de comportements perturbateurs en classe
Dans un contexte de classe, si deux élèves bavardent pendant qu’un enseignant donne des consignes, il est simple pour lui d’intervenir. Cependant s’il y a contagion et que plus de la moitié de la classe bavarde épisodiquement, la situation devient plus complexe à gérer. Il est utile de comprendre par quels mécanismes ces situations s’installent afin de les éviter.
La théorie sociale cognitive
La théorie sociale cognitive a été formalisée par le psychologue canadien Albert Bandura (1986). L’approche dépasse le cadre du simple apprentissage du comportement pour s’intéresser aux aspects cognitifs influencés par l’environnement :
La motivation
La régulation de soi et de ses comportements
La création et l’appartenance à des systèmes sociaux.
Selon la théorie sociale cognitive, l’adoption de comportements par un individu peut être directement liée à l’observation d’autrui dans le contexte d’interactions sociales, d’expériences et d’influences médiatiques extérieures.
Lorsque les gens observent un modèle qui exécute un comportement et les conséquences de ce comportement, ils se souviennent de la séquence des événements. Ils utilisent cette information pour guider leurs comportements ultérieurs.
L’observation d’un modèle peut également inciter un observateur à adopter un comportement qu’il a déjà appris s’il se sent proche de lui. De plus, selon que les personnes sont récompensées ou sanctionnées pour leur comportement et selon le résultat de ce comportement, l’observateur peut choisir ou non de reproduire le comportement modélisé.
Le comportement des élèves en classe
De nombreuses dimensions de l’adolescence et des développements qui lui sont liés vont avoir une incidence sur le comportement des élèves en classe. Notamment, il existe une influence accrue des pairs.
Il est utile de comprendre comment les jeunes développent un sens de la responsabilité sociale et de l’autorégulation. Il est utile pour un enseignant de comprendre comment ils apprennent à se gérer de manière à soutenir ce processus efficacement.
La théorie sociale cognitive de Bandura (1986) peut nous guider dans la sélection et la mise en œuvre, au niveau de la gestion de classe, de pratiques et de stratégies. Nous voulons que celles-ci puissent encourager les élèves à développer un comportement approprié en classe.
La théorie sociale cognitive de Bandura (1986) propose un modèle pour expliquer comment les individus intériorisent les règles sociales et adoptent des comportements.
En classe, des élèves sont susceptibles d’adopter des comportements spécifiques, même lorsqu’ils sont indésirables et ne correspondent pas aux attentes communes. Ils peuvent parfois être reproduits et adoptés par des élèves à la suite de l’observation de pairs qui les expriment en classe.
Il apparait que la reproduction spontanée du comportement est fonction de deux conditions principales :
Les conséquences et les résultats de ces comportements doivent être valorisés. Il y a des avantages à les adopter en matière d’incitation ou de récompense.
Pour l’enseignant, cela implique de faire en sorte que cette valorisation ne soit plus présente. Il doit être plus facile et bénéfique pour l’élève d’exprimer le comportement attendu que le comportement perturbateur.
L’observateur doit se sentir lui-même suffisamment capable d’adopter ce comportement. Des facteurs tels que le statut, la compétence, le pouvoir et la similarité du modèle avec l’observateur sont favorables à l’adoption.
Pour l’enseignant, cela implique d’intervenir dès la première perturbation d’un type donné. Il faut éviter que des modèles de ces comportements soient présents en classe.
Des comportements perturbateurs en classe, comme des bavardages, peuvent avoir tendance à être adoptés par de plus en plus d’élèves si :
Ils présentent un avantage, comme celui d’échanges sociaux agréables, pour l’élève qui les exprime.
Un élève observe des pairs, dont il se sent proche ou auxquels il s’identifie, manifester ce comportement.
Pour éviter la contagion des bavardages, un enseignant doit par conséquent à la fois en faire disparaitre les bénéfices et agir dès les premières occurrences pour éviter les modèles.