Le modèle de l’évaluation formative dans le cadre de la pédagogie de la maitrise
Dans la perspective classique de l’évaluation formative (Bloom et coll., 1971) :
L’évaluation formative n’est pas exclusivement réservée aux bilans sommatifs des performances des élèves.
Les enseignants devraient inclure des épisodes d’évaluation formative à l’issue des phases d’enseignement.
Au cours de ces épisodes, les enseignants devraient donner une rétroaction pour que les élèves puissent améliorer leur travail.
La pédagogie de maitrise a été développée par Bloom (1968). Elle repose sur l’hypothèse que tout élève peut arriver à une maitrise totale ou du moins de 85 à 90 % des notions et des opérations enseignées. Les facteurs clés sont de lui laisser suffisamment de temps et d’utiliser les moyens adéquats.
Inspiré des travaux de Carroll (1963), Bloom avance qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais élèves, mais plutôt des étudiants qui apprennent plus rapidement ou plus lentement que les autres. Le degré d’apprentissage dépend du temps laissé pour apprendre et cela varie d’un individu à l’autre.
Dans la pédagogie de maitrise développée par Bloom, les temps d’enseignement et d’évaluation se croisent afin de correspondre au plus grand nombre d’élèves. L’enseignement est découpé en une séquence d’unités et les objectifs d’apprentissage de chaque unité sont soigneusement définis.
Chaque unité d’enseignement suit un processus en quatre étapes :
L’enseignement :
Les objectifs d’apprentissage sont fixés préalablement par l’enseignant et permettent d’organiser l’enseignement selon des activités d’apprentissages en lien direct avec ceux-ci.
L’évaluation formative :
Au terme de la séquence d’enseignement, les élèves passent un contrôle écrit portant sur les objectifs d’apprentissage de l’unité pour pouvoir se situer.
L’élève et l’enseignante reçoivent un retour d’information sur les objectifs d’apprentissage atteints et non atteints.
La remédiation/correction :
Si l’évaluation formative est pleinement réussie, l’élève peut passer à la suite de l’enseignement.
En cas de difficultés diagnostiquées, des activités de remédiation, différentes de celles proposées lors de l’enseignement, sont proposées aux élèves.
L’évaluation sommative :
À la fin de la séquence des unités d’enseignement, les résultats sont évalués par une épreuve sommative. Cette évaluation permet de passer à la section suivante du cours et possède une valeur certificative.
Si les procédures de remédiation ont bien fonctionné tout au long de la séquence, un pourcentage très élevé d’élève devrait atteindre les critères de maitrise fixés pour l’épreuve sommative.
Dans sa perspective élargie, l’évaluation formative est considérée comme une composante continue du processus d’apprentissage et d’évaluation. Elle devient par conséquent un élément central de l’apprentissage des élèves et des pratiques en classe menées par les enseignants. Elle n’est pas une étape distincte de l’enseignement comme dans la pédagogie de maitrise, mais est finement associée à celui-ci.
Dans la cadre de la pédagogie de maitrise (Bloom, 1968 ; Bloom et coll., 1971), l’usage des notes et des commentaires est préconisé selon certains critères.
Pour les notes :
Les élèves ne devaient recevoir qu’une seule note sur les évaluations formatives : « maitrise » ou « non-maitrise ».
Les différents niveaux de « non-maitrise » sont considérés comme inutiles. Cette désignation devait toujours être considérée comme temporaire, « pas encore maitrisé ».
Pour la remédiation/correction :
La rétroaction qui accompagne une désignation de « non-maitrise » ou « pas encore maitrisé » doit s’accompagner d’un retour d’information des enseignants qui soit à la fois diagnostique et prescriptif :
La partie diagnostique identifie précisément pour les élèves ce qu’ils étaient censés apprendre, ce qu’ils ont bien appris jusque-là et ce qu’ils doivent mieux apprendre.
La partie prescriptive décrit ce que les élèves doivent faire ensuite pour améliorer leurs apprentissages.
L’idée est que si l’enseignant dispose de suffisamment de temps et des types d’aide appropriés, 95 % des élèves peuvent apprendre une matière jusqu’à un niveau élevé de maitrise.