Le modèle modal de l’émotion (Gross, 2015)
James J. Gross (2015) a proposé un modèle modal de l’émotion dans lequel il distingue deux types de processus :
La génération des émotions :
Émotionnellement, les individus rencontrent un contexte, le perçoivent, l’évaluent et y répondent.
La régulation des émotions :
Les personnes choisissent une stratégie de régulation émotionnelle à la suite :
D’une évaluation de leurs émotions
D’une modification potentielle de leurs objectifs personnels.
La régulation a pour enjeu de mettre en œuvre et de répondre par une stratégie qui permet aux individus de rencontrer des émotions plus adaptées à leurs objectifs personnels.
Trois points de convergence existent dans cette conceptualisation des émotions.
1. Les émotions induisent des changements
Les émotions impliquent des changements vaguement couplés dans les domaines :
De l’expérience subjective :
Le cœur de l’émotion est l’expérience subjective.
Les émotions impliquent des tendances ressenties à agir d’une certaine manière et à ne pas agir d’une autre manière.
Du comportement :
Les comportements liés aux émotions comprennent des changements de comportement non verbal au niveau du visage, de la posture et de la mobilisation de comportements instrumentaux spécifiques à une situation, tels que l’évitement ou la confrontation.
De la physiologie périphérique :
Les émotions impliquent également des changements autonomes et neuroendocriniens qui anticipent et fournissent un soutien métabolique.
Les comportements liés aux émotions sont également la conséquence de l’activité somatique liée aux émotions.
On retrouve notamment des manifestations liées au stress ou à la joie.
2. Les émotions se développent dans le temps
Les émotions sont généralement considérées comme se développant sur une durée de quelques secondes à quelques minutes.
Une manière de saisir cette dynamique est d’utiliser le modèle modal de l’émotion. Le modèle modal de l’émotion réunit des caractéristiques communes à de nombreuses approches différentes de l’émotion.
La figure ci-dessus présente la séquence situation-attention-évaluation-réponse spécifiée par le modèle modal :
La séquence commence par une situation psychologiquement pertinente qui suscite l’attention de la personne.
Cette situation mobilise notre attention. Elle se réfère soit :
Aux caractéristiques de l’environnement externe :
Par exemple, un chien menaçant qui s’avance vers nous en grognant durant une promenade à la campagne.
À l’activation de représentations internes :
Par exemple, nous pensons en promenade au risque d’être confronté à un chien menaçant.
Qu’elles soient externes ou internes, les situations sont prises en compte par l’individu. Une évaluation est menée en fonction de leur signification par rapport aux objectifs personnels actuels de l’individu.
Cette évaluation contextuelle donne lieu à une réponse. Elle prend la forme de changements vaguement couplés des systèmes de réponse expérientielle, comportementale et physiologique qui caractérisent les émotions.
3. Les émotions peuvent être soit bénéfiques, soit néfastes, selon le contexte.
Les émotions peuvent être bénéfiques :
Elles guident de manière appropriée le traitement sensoriel.
Elles améliorent la prise de décision.
Elles fournissent des informations concernant la meilleure ligne de conduite à adopter.
Elles nous informent sur les intentions comportementales des autres.
Elles motivent des comportements socialement appropriés qui modifient de manière souhaitable la situation ayant donné lieu à l’émotion.
Par exemple, ce sont :
Des moments de peur qui nous amènent à éviter des risques ou à agir dans une démarche de prévention.
Des moments de bonheur ou de proximité qui renforcent des amitiés et des sentiments de connivence.
Des moments de colère qui nous poussent à nous battre pour des causes qui nous tiennent à cœur.
Les émotions peuvent être néfastes :
Elles sont d’une intensité, d’une durée, d’une fréquence ou d’un type inadapté à une situation particulière, qui fait qu’elles faussent la cognition et le comportement.
Le caractère nuisible de certaines émotions négatives qui motive souvent une réflexion sur la régulation des émotions. En effet, elles peuvent nous submerger ou diminuer notre bien-être.
Par exemple, ce sont :
Des sentiments de colère qui conduisent à des réactions inappropriées qui nous amènent à nous faire du mal ou à faire du mal à autrui.
Des réactions de rire ou d’humour inappropriées qui peuvent se révéler offensantes dans certains contextes.
De l’anxiété qui peut paralyser un élève lors d’une évaluation ou un adulte lors d’un entretien ou une présentation.
Des sentiments d’épuisement, d’inadéquation ou un manque de reconnaissance ou de sens qui peuvent mener au burnout.