Le principe de redondance
Manifestation de la redondance
Le principe de redondance a été initialement mis en évidence lors de l’étude des limites du principe de modalité dans le cadre de la théorie de la charge cognitive.
Si les apprentissages sont favorisés par la présentation de l’information dans les deux modalités sensorielles (visuelle et auditive) et donc dans les deux sous-modules de la mémoire de travail, certaines présentations conjointes peuvent avoir un effet négatif. Lorsque l’information maintenue dans les deux sous-modules est identique (exemple typique d’un texte dit à l’oral alors qu’il est affiché sur une diapositive), on obtient un effet de redondance.
Le principe de redondance souligne que la présentation d’informations identiques par deux modalités différentes peut surcharger la mémoire de travail de l’apprenant. Elle est susceptible dès lors d’entraver l’apprentissage.
Cet effet de redondance peut également se retrouver chez les experts, mais sous une forme différente, liée au renversement lié à l’expertise. Pour les experts, les connaissances sont déjà présentes en mémoire à long terme ou sont facilement déductibles. Il est donc possible que certaines informations, différentes intrinsèquement, présentées dans les deux modalités sensorielles soient en fait redondantes chez l’expert, car elles activent ses connaissances en mémoire à long terme sans l’améliorer.
Explication de l’effet de redondance
Selon la théorie de la charge cognitive, la mémoire de travail a une capacité limitée pour le traitement actif d’informations nouvelles. Lorsque cette capacité est dépassée, nous nous trouvons en surcharge cognitive, la compréhension et le traitement des informations sont compromis, ce qui hypothèque tout apprentissage significatif résultant.
L’effet de redondance s’explique par le fait que toutes les informations maintenues et traitées en mémoire de travail imposent un coût cognitif attentionnel lors de la sélection. Ensuite, elles exigent une place en mémoire de travail et enfin un coût de traitement par l’administrateur central. Ainsi, lorsque nous présentons deux fois la même information, dans deux modalités différentes, cela double le coût global du traitement de cette information.
La connaissance élaborée en mémoire à long terme sur la base de cette information redondante ne sera pas plus complète, puisqu’elle reste limitée à la même information.
Présenter deux fois la même information impose un surcoût cognitif sans améliorer la connaissance en mémoire à long terme, c’est la définition même de la charge extrinsèque.
Implications du principe de redondance
Pour éviter les situations de redondance, nous allons éviter toute duplication inutile sous forme d’une présentation simultanée d’informations identiques par deux canaux différents (visuel et auditif).
La redondance peut prendre la forme d’un texte écrit accompagné d’une narration orale sur les mêmes contenus ou par un schéma et un texte qui expliquent les mêmes phénomènes. Par exemple, il est contreproductif d’afficher un texte à l’écran tout en le lisant à voix haute.
L’évitement de la redondance s’accompagne d’une utilisation efficace des modalités lors de l’enseignement. Il est utile d’utiliser les modalités visuelle et auditive de manière complémentaire. Par exemple, nous présentons des images ou des graphiques à l’écran et délivrons des explications orales qui les complètent. Pour contrer la redondance, la clarté et la concision sont essentielles pour réduire la charge cognitive ressentie par les élèves.
Lors de la conception de matériel pédagogique, il est crucial d’éviter la redondance. Par exemple, si une image est auto-explicative, il n’est pas nécessaire de la décrire en détail à l’oral. De même si une explication décrit correctement un phénomène, il n’est pas nécessaire d’en mettre une seconde.