Le surlignage, une stratégie à encadrer
Deux caractéristiques populaires du surlignage
Deux caractéristiques du surlignage le rendent populaire, distinctif et simple d’emploi :
Premièrement, surligner et souligner sont des pratiques simples à utiliser. Elles sont intuitives et n’impliquent pas de formation. Elles n’exigent pas non plus que les élèves investissent beaucoup plus de temps ni de concentration en plus que ce qui est déjà nécessaire pour lire leurs supports de cours.
Deuxièmement, souligner et surligner laissent une trace physique visible de l’acte d’étudier. Ils constituent une preuve à la fois aux yeux de l’entourage et à notre propre expérience, une forme d’appropriation de l’objet, préalable à l’apprentissage de son contenu.
Liens entre surlignage, compréhension et apprentissage
Le bilan de la recherche en science de l’apprentissage sur le sujet du surlignage est assez clair. Il montre de manière assez implacable qu’il ne semble pas avoir d’avantages particuliers ou de valeur ajoutée nette à utiliser ces techniques en matière d’apprentissage.
Nous pouvons étudier un support de cours non surligné, que nous avons souligné nous-mêmes ou qui a été souligné par une tierce personne. Cela ne semble pas mener à des résultats sensiblement différents en matière d’apprentissage évalué lors d’un test ultérieur.
Si un élève se contente pour étudier de relire son manuel et d’en souligner les parties qu’il juge essentielles, il peut éventuellement renforcer légèrement sa compréhension de manière superficielle. Toutefois, il ne va pas réellement développer un apprentissage durable ou en profondeur. D’autres stratégies doivent être mobilisées pour cette fin.
À force de repasser sur les contenus en les relisant, un élève augmente son degré de familiarité avec les contenus, ce qui correspond à une compréhension superficielle sans garantie d’apprentissage. Le surlignage tend à générer une illusion de compétence ou de connaissance. Ce biais cognitif va entrainer un excès de confiance chez les personnes concernées qui vont estimer avoir suffisamment étudié. Une compréhension superficielle agrémentée d’illusions de connaissance peut mener à une issue brutale lors d’une évaluation sommative et à l’impression de souffrir de trous de mémoire.
Nous pourrions nous arrêter sur ce constat et déconseiller la technique en la cataloguant comme inefficace. Toutefois, dans la perspective d’une typologie des stratégies d’apprentissage autonome, ce serait faire fausse route :
Premièrement et tout simplement, il serait difficile d’y faire renoncer les élèves. Les élèves lisent leur cours et il est totalement sain d’annoter ou souligner les passages clés. Tout au plus pouvons-nous nous assurer de rendre nos notes de cours suffisamment structurées pour que les éléments essentiels soient déjà mis en évidence.
Deuxièmement, nous pouvons nous référer à une classification des stratégies. Dans ce cadre, le surlignage pourrait être est classé parmi les stratégies d’organisation. Dès lors, il peut jouer un rôle dans le traitement de l’information en facilitant son accès à d’autres techniques de plus haut niveau et plus efficaces pour l’apprentissage. Par exemple, pour réaliser des flashcards, il faut préalablement traiter l’information et mettre en évidence les éléments de connaissance à mémoriser. Le surlignage peut y contribuer.