L’effet de classement des élèves lié aux notes scolaires
Une difficulté liée à la distribution régulières de notes en tant que résultats d’évaluation dans un contexte scolaire, est qu’il met en scène la comparaison des élèves dans une perspective normative.
La compétition tend à primer sur la coopération. D’une certaine manière, les élèves se retrouvent peu à peu catalogués en fonction de leurs progressions différentielles avec des profils et des positionnements qui tendent à se figer dans le temps. Toute progression ou régression d’un élève dans son positionnement devient rapidement saillante.
Certains élèves vont apprendre plus vite que d’autres et développer de meilleures connaissances préalables. Cela aboutit à une forme de classement très stable des résultats sous forme d’une courbe de Gauss. Cette distribution mathématique naturelle n’a que peu d’intérêt si nous considérons la position d’un élève particulier. Il n’est pas intrinsèquement intéressant de savoir où un élève se situe par rapport aux autres. Cela constitue une mauvaise façon de comprendre les progrès d’un élève face à l’apprentissage escompté d’un ensemble de connaissances spécifiques.
La position d’un élève selon une distribution normale n’offre pas non plus d’explications sur les raisons pour lesquelles certains élèves maitriseront les contenus et d’autres pas à un moment donné. Les élèves sont avant tout sur leurs propres trajectoires d’apprentissage et cet aspect se retrouve quelque peu éludé avec une notation qui les positionne les uns par rapport aux autres.
De plus, les évaluations sommatives successives évaluent généralement chacune un ensemble de matière réduit. Elles testent souvent plus une forme de performance à un moment donné face à des connaissances, que l’apprentissage ou la réelle maitrise de compétences spécifiques. Miser trop sur la performance met en avant plus les capacités scolaires et la possession des connaissances préalables que le réel apprentissage de compétences nouvelles. Or, en fin de compte, c’est l’apprentissage qui est réellement en jeu et l’acquisition de connaissances préalables utiles à des mises en en application ou à des enseignements futurs.
Les connaissances spécifiques et leur accumulation au fil du temps sont dépendantes pour une part non négligeable de la culture parentale et constituent une donnée stable. L’impact de cette dimension est cependant largement négligé.
Par l’intermédiaire de notes, un manque ou une présence de connaissances qui empêchent ou permettent la vérification d’une compétence spécifique sont traduits en une qualité supposée inhérente de l’élève.
Cependant, pour la grande majorité des élèves, il semble évident que s’ils s’efforçaient d’en savoir plus sur le thème évalué, grâce à un meilleur accompagnement, ils apprendraient plus. Ils seraient capables d’en faire plus avec l’acquisition ciblée de ces connaissances et d’avoir de meilleurs apprentissages.