L’effet de la rétroaction sur l’apprentissage peut être nul ou négatif
Quand la rétroaction peut ne pas être prise en compte
Dans le cadre traditionnel de la rétroaction, un enseignant va corriger toutes les évaluations ou les productions de chaque élève en pointant les erreurs et en donnant les bonnes réponses.
Il établit une note qu’il justifie à l’aide de quelques commentaires exprimant ses impressions positives et négatives. Il complète son message de l’un ou l’autre conseil de manière concise.
Une rétroaction détaillée est impossible à délivrer, vu le nombre de copies à traiter. Un suivi de la prise en compte par les élèves de ses commentaires, est de même hors de portée.
Si l’enseignant pouvait rédiger des commentaires détaillés et précis pour chaque élève, l’impact ne serait pas forcément meilleur. Idéalement, tous les élèves devraient être demandeurs de rétroaction et seraient animés d’un désir d’amélioration. Ils disposeraient des ressources et des capacités pour le faire. Cependant, nous ne pouvons faire boire un âne s’il n’a pas soif.
Dans ces situations, les élèves ont le choix de ne pas exploiter la rétroaction.
Quand la rétroaction peut être prise contreproductive
Si la rétroaction sur l’évaluation se veut efficace par ses recommandations et si elle est générée toujours dans cette perspective par un enseignant, il existe également de nombreuses situations où elle est susceptible d’avoir des effets négatifs.
Un élève peut penser à la lecture de la rétroaction qu’il n’a pas les ressources et les capacités pour s’améliorer. Dès lors, tout ce qu’il peut vouloir savoir face à la rétroaction, c’est s’il est suffisamment bon dans ce domaine. Une rétroaction qui lui montre qu’il n’est pas aussi bon qu’il le pense n’est pas bienvenue. Il pourrait être tenté de l’ignorer ou de la minimiser.
Par exemple, un élève peut avoir décidé que le cours de mathématiques n’est définitivement pas pour lui. Il pense qu’il n’est tout simplement pas bon dans cette matière. Dès lors, il n’a certainement pas spontanément envie d’en entendre davantage de la part de son enseignant ni d’y réfléchir plus en profondeur. Il est donc peu probable qu’il y consacre un travail de fond qu’il suspecte de toute manière de n’être in fine que peu productif. Il pourrait même se dire qu’à force d’être corrigé par l’enseignant, il finira par ne plus faire certains types de fautes, sans que cela nécessite d’efforts indépendants de sa part.
Si nous laissons à l’élève l’opportunité de s’approprier ou non la rétroaction, elle risque d’avoir un effet négatif chez ceux qui vont la rejeter. Ces derniers sont probablement également ceux qui en auraient le plus besoin.
En dehors de ces situations, rares seront les élèves qui l’exploiteront pleinement. La réception et la prise en compte des remarques de l’enseignant dépendent fondamentalement du contexte de l’élève. Elles seront d’autant plus fortes que :
L’élève est motivé.
Il a un bon sentiment d’efficacité personnelle (ou perception de compétence) dans la matière concernée.
Il a déjà de bonnes connaissances préalables.
Grâce à ces facteurs, il peut facilement identifier, envisager et planifier la démarche à suivre.
La réception et la prise en compte des remarques de l’enseignant seront d’autant plus faibles que :
L’élève est peu motivé.
Il a un faible sentiment d’efficacité personnelle (ou perception de compétence) dans la matière concernée.
Il présente des lacunes importantes en ce qui concerne les connaissances préalables.
Au départ des remarques de l’enseignant, il éprouvera d’autant plus de difficultés à identifier, envisager et planifier la démarche à suivre.
Dès lors, la rétroaction ne devrait pas être laissée complètement à l’initiative de l’élève, car de multiples facteurs peuvent en atténuer ou inverser les effets positifs.