L’effet d’explication, une stratégie cognitive pour soutenir la compréhension
La spécificité de l’effet d’explication face à l’auto-explication
L’auto-explication se concentre sur les situations pour lesquelles des apprenants s’expliquent à eux-mêmes des solutions, des processus, des phénomènes ou des concepts qu’ils ont précédemment compris et appris.
Cette démarche permet d’approfondir l’apprentissage en créant de nouveaux liens (élaboration) et de le rendre plus durable (récupération et consolidation).
L’effet d’explication aborde une autre dimension particulière de l’auto-explication. L’effet d’explication interviendrait plutôt dans une phase antérieure à l’élaboration et à la consolidation.
Il serait lié à l’établissement de la compréhension. Si l’auto-explication à la base agit sur la consolidation et la récupération, l’effet d’explication porterait sur l’encodage.
Dans le contexte de problèmes résolus, les élèves vont tâcher d’en comprendre la résolution en se l’expliquant à eux-mêmes. En ce sens, ils s’engagent dans un processus d’explicitation de la résolution, ce qui revient à mettre un haut-parleur sur leur pensée en faisant l’effort de la révéler.
Les élèves étant des novices, leur compréhension du contenu pédagogique du problème résolu est susceptible d’être encore incomplète. Le matériel didactique comporte souvent des lacunes, des sous-entendus ou des omissions dans les étapes d’un problème résolu. Tout le contenu n’est pas nécessairement explicité de manière optimale en rapport avec les connaissances préalables de l’élève. Par exemple, certaines étapes de la solution peuvent être implicites.
Régulièrement, des élèves ne vont pas parvenir à comprendre ou saisir pleinement tout ce que le problème résolu entend modéliser et transmettre lorsqu’ils ne s’engagent que dans une approche littérale. L’effet d’explication implique d’analyser et de s’expliquer personnellement ce qu’on lit.
Une démarche à promouvoir et à soutenir auprès des élèves
Un élève peut ne pas parvenir à comprendre pleinement un problème résolu, car il le lit superficiellement. Il ne tente pas de se l’expliquer ou ne s’y engage pas. Il peut se retrouver incapable de généraliser ultérieurement des connaissances à partir de celui-ci vers d’autres problèmes similaires. Par conséquent, il risque de ne pas pouvoir les mobiliser par la suite et il n’aura pas appris ce que l’enseignant souhaite.
Certains élèves sont meilleurs que d’autres pour élaborer et déduire les explications qui leur manquent. Ces élèves vont utiliser des stratégies qualitativement distinctes pour compenser l’effet de problèmes résolus insuffisamment conçus. Le fait de s’expliquer est l’une de ces stratégies.
Lorsqu’ils découvrent une étape inexpliquée dans un problème résolu, certains élèves génèrent leur propre justification pour les actions décrites trop succinctement. Les élèves qui s’expliquent avec succès en étudiant des problèmes résolus apprennent plus efficacement. Si certains vont spontanément s’engager dans le processus, d’autres vont abandonner trop vite, car ils n’ont pas conscience qu’ils peuvent s’investir dans cette stratégie d’auto-explication qui vise à révéler le sens. Nous devons leur faire prendre conscience de l’existence de cette stratégie en l’identifiant, en la leur enseignant explicitement et en leur donnant des occasions de pratique.